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Histoire
Saint Wladimir et le 1033ème anniversaire du Baptême de la Russie
Saint Wladimir et le 1033ème anniversaire du Baptême de la Russie

| Alexandre de La Cerda 871 mots

Saint Wladimir et le 1033ème anniversaire du Baptême de la Russie

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La procession du Baptême de la Russie à Kiev, mardi dernier ©
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350 000 fidèles avaient pris part à la procession ©
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Mardi 27 juillet dernier, veille du 1033ème anniversaire du Baptême de la Russie, envers et contre les "manoeuvres stambouliotes" instrumentalisées par les intérêts géopolitiques américains, ce sont 350 000 fidèles orthodoxes qui avaient pris part à la grande procession menée vers la Laure des Grottes de la Dormition par le métropolite Onuphre de Kiev et de toute l’Ukraine, suivi des représentants des Églises orthodoxes locales (tchèques, slovaques, Jérusalem, etc.), de l’épiscopat et du clergé de l’Église orthodoxe ukrainienne, après un office d’intercession célébré sur le Mont-Wladimir.

Les reliques de saint Wladimir, les icônes miraculeuses de la Vierge de Zimne, de Potchaïev, de Kasperova, de Sviatogorsk et de Lioubetch, apportées à Kiev pour l’occasion, étaient portées en procession.

De Novgorod à Kiev, la destinée commune des peuples frères de "toutes les Russies"

Wladimir Ier (°958 - †1015), dit « le Grand » ou « Soleil Rouge » est l'une des grandes figures de la Russie médiévale, tant d'un point de vue politique que spirituel. Fils de Sviatoslav Ier , il est d'abord prince de Novgorod puis, après avoir appris l'assassinat de son frère Oleg, il devient grand-prince de Kiev, régnant de 980 à 1015.

Wladimir était le plus jeune fils du prince de Kiev, Sviatoslav. Sa mère s'était convertie au christianisme, mais le jeune prince fut élevé dans le paganisme. En 980, il devint prince de Kiev, après avoir éliminé son frère aîné (qui avait lui-même assassiné un autre de leurs frères). 
Son alliance est alors sollicitée par les Bulgares de la Volga, déjà convertis à l’Islam, les Khazars, les Allemands – en réalité, sans doute les voisins polonais dépendant de souverains allemands et les Byzantins. Lesquels représentent respectivement les quatre religions en présence: l'islam, le judaïsme, le christianisme latin et le christianisme byzantin. 
Wladimir, d'après la tradition, envoie alors des ambassadeurs recueillir de plus amples renseignements sur ces religions. 
L'islam des Bulgares respire la tristesse ; les offices latins des Allemands sont dépourvus de beauté. 
Mais à Constantinople, la splendeur de la liturgie célébrée dans l'église Sainte Sophie, l'encens projeté vers le ciel par le balancement des lourds encensoirs, l'or des icônes, les hymnes célestes transportent d'enthousiasme les âmes slaves des envoyés du prince: "Nous ne savions plus si nous étions au ciel ou sur la terre ! C'est là que Dieu demeure avec les hommes !" 
Wladimir se fait donc baptiser, dans le Dniepr, avec tous ses sujets en 988 et reçut pour épouse une princesse byzantine.

Une évangélisation plus profonde du pays suivit rapidement cet acte fondateur du baptême de la Rous' de Kiev

Le déroulé des événements : l'empereur byzantin Basile II lui avait demandé de l'aide pour mettre fin à la révolte de Bardas Phocas (général issu de la famille byzantine des Phocas originaire de Cappadoce et neveu de l'empereur byzantin Nicéphore II qui assiège Constantinople) : Wladimir, premier grand-prince de Kiev, et Basile II défont l'armée de Phokas, lequel est poursuivi et tué en 989). 
En lui livrant 6 000 guerriers varègues, Wladimir obtint en échange la main de la princesse Anna Porphyrogénète, sœur des empereurs. Après son mariage, il renonça au paganisme et à une vie dissolue pour recevoir le baptême en 988 et généraliser parmi son peuple le christianisme de rite byzantin.

Wladimir avait deux fils, Sviatopolk et Iaroslav, lorsqu'il épousa la princesse byzantine Anne. Le baptême de leurs sujets et du prince fut un des fruits de ce mariage. La naissance de Gleb, puis de Boris quelques années plus tard, en fut le second fruit. Wladimir avait désigné ces deux jeunes princes comme ses héritiers, ce qui ne fut pas du goût des deux autres, en particulier Sviatopolk qui entra en guerre contre ses deux demi-frères. Boris et Gleb refusèrent de se défendre pour ne pas verser le sang. Ils furent assassinés à l'âge de 20 ans et de 15 ans. Leur autre demi-frère, après des campagnes victorieuses, deviendra prince de Kiev, et promut leur culte. La piété russe s'attacha à la figure de ces deux jeunes princes et en fit les symboles de la souffrance innocente à l'image de l'immolation du Christ.

Ainsi, en 1015, les saints Boris et Gleb, furent les premiers martyrs de la jeune église russe. Ils avaient préféré mourir plutôt que de résister par la force à leur frère Sviatopolk lors de la guerre civile qui ravagea le pays de 1015 à 1018, à l'issue de laquelle s'imposa leur frère Iaroslav le Sage (père d’Anne de Kiev, épouse de Henri Ier roi de France). Par leur martyre, ces deux princes sont les fondateurs d'une forme de spiritualité typiquement russe, le strastnoterpetz, traduit littéralement : Souffre-Passion. Vladimir les ayant en effet chargés de mettre à la raison leur frère Iaroslav, révolté à Novgorod, ils apprennent que celui-ci a enrôlé des mercenaires varègues pour les assassiner. Plutôt que de fuir et de se protéger comme le leur recommandait leurs compagnons, ils assument leur destin et subissent leur martyre. Ils seront canonisés dès 1073. Ces saints sont à l'origine de la spiritualité des souffre-passion à laquelle se rattachent les saintes victimes du Goulag ou de l'empereur Nicolas II et sa famille. Tous ont assumé leur destin. Par leur martyre, ils ont gagné leur salut individuel et, surtout, le salut de tous.

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Le clergé en tête de la procession ©
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