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Cinéma
Nouvelles du 7ème Art
Nouvelles du 7ème Art

| Alexandre de La Cerda 1392 mots

Nouvelles du 7ème Art

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Maider Arosteguy entourée des initiateurs du nouveau festival ©
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Un nouveau festival du Film à Biarritz

Au cinéma Le Royal, en présence de Maider Arosteguy, maire de Biarritz, Anne Laffolé Pinatel, adjointe à la Culture et Richard Tardits, adjoint au Tourisme, Jérôme Pulis, Président de l’association du Festival International du Film de Biarritz, Sandrine Brauer, Déléguée générale du festival, Clarisse Lacarrau, Cofondatrice du festival et membre du bureau et François-Xavier Menou, Membre du bureau et trésorier de l’association ont présenté en avant-première à la presse locale le Festival International du Film de Biarritz « Nouvelles Vagues » qui se déroulera du 28 juin au 2 juillet prochain.

Ce nouveau festival unique en son genre, mettra en lumière la jeune génération avec deux jurys de moins de 35 ans et une sélection de films en compétition ayant pour angle Les Récits de jeunesse.

Le cinéma va-t-il mourir ? La mort du cinéma, une vieille histoire…

C'est la question posée dans l'intéressante "Lettre des Amis du lac d'Hossegor" orchestrée de main de maître par Eric Gildard et sa dynamique équipe au service du patrimoine, une association dont on s'inspirerait avec profit au Pays Basque...

« Je pense que le futur du cinéma n’est plus là, c’est comme se battre pour qu’une espèce animale ne disparaisse pas », déclarait récemment Mathieu Kassovitz. 
L’acteur et réalisateur français relayait ainsi la peur qui, depuis le début de la crise sanitaire, entourait celle que traversait le cinéma. 
C’est un fait : si les salles renouent aujourd’hui avec leur public, il faut dire que depuis des mois, l’inquiétude se faisait chaque jour grandissante tant au sein de l’industrie cinématographique qu’auprès des cinéphiles. Force est de constater que ces craintes sont inhérentes à l'histoire du cinéma, comme le raconte Antoine de Baecque. Le cinéma est mort, vive le cinéma (Gallimard) ; et, malgré les multiples bouleversements qui l’ont traversé, le Septième Art n’a cessé de se réinventer. Annoncé perdu à chacun de ces tournants, il demeure. Pourtant, la mort du cinéma est-elle inéluctable ?

« Le cinéma est une invention sans avenir », aurait ainsi avancé Louis Lumière en 1896, peu après la première projection publique de "L'Arrivée d'un train en gare de La Ciotat". Une phrase qui montre que l’idée de mort imminente du septième art est aussi vieille que le cinéma lui-même. Mais alors, pourquoi le cinéma fait-il, plus que les autres arts, l’objet de funestes prédictions ? 
C’est lié au fait que le cinéma a à voir avec la mort, le cinéma est ce qui garde les traces de la vie une fois que celle-ci est partie, c’est ce qui a marqué les premiers spectateurs. C’est aussi qu’à la différence d’autres arts, on sait quand naît le cinéma et quand on connaît la naissance de quelque chose, on peut penser à sa fin. Jean-Michel Frodon, critique et historien du cinéma.

Ces traces de vie et de mort que le cinéma laisse ont, à de multiples reprises, posé question. 

En filmant la violence et la destruction lors de la Première Guerre mondiale, on l’a tenu pour responsable de la brutalisation des spectateurs. 
Filmer la crise meurtrière de la civilisation et l’esthétiser, le cinéma est-il fait pour cela ? Une remise en cause de son existence qui se fera plus vive encore lors du second conflit mondial, alors que la caméra est accusée d'avoir servi d'instrument de propagande fasciste et nazie, de ne pas avoir su filmer l'horreur des camps. Un déshonneur dont le septième art se relèvera. 

En 1947, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, on prophétise la mort de l’industrie du Septième Art à cause des charges trop lourdes qui pèsent sur les producteurs : « Le cinéma français va s’arrêter, si l’État se refuse à être autre chose qu’un percepteur insatiable, il va tuer ce qui fut la seconde industrie française. » 
Dans les années 1960, c’est l’arrivée de la télévision dans les foyers qui fait la révolution et menace le grand écran. La télévision a aidé à partager le cinéma, ça n’a pas tué le cinéma, ça l’a même fait vivre. On a continué à consommer des genres comme le western, le cinéma fantastique, le policier mais sous la forme de programmes télévisés, avec des tentatives d’invention. 
On a essayé d’inventer un art télévisuel par exemple, les dramatiques, un art qui serait à moitié du théâtre à moitié du cinéma. Il y a beaucoup d’objets hybrides. 

Godard et la mort d'une certaine idée du cinéma 

Dès les années 1960, Jean-Luc Godard prophétise la fin d’une certaine vision du cinéma. Godard est quelqu’un qui est très attaché au rapport entre le cinéma et le monde, dans la continuité des Cahiers du cinéma, du discours de Bazin, etc. Et évidemment, le cinéma n’a pas sauvé le monde, n’a pas empêché la Shoah, n’empêche pas les génocides actuels, les guerres. Il n’y a pas de capacité à changer le monde avec une conception hyperbolique du pouvoir du metteur en scène qui était de dévoiler la vérité. Guillaume Soulez, enseignant-chercheur 
Un regard morose sur l’art cinématographique que le cinéaste de la Nouvelle Vague confirme encore davantage dans les années 1980. En 1981, au début de sa Lettre à Freddy Buache, il grommelle : « Le cinéma va mourir bientôt, très jeune, sans avoir donné tout ce qu'il a pu donner ». Un avis qui fera écho à celui du critique Serge Saney, autre grande voix prophétique de la mort du septième art : Les films, je les vois parfois comme de pauvres filles qui font aujourd'hui le trottoir à la télévision. Elles sont nées dans un monde où il fallait séduire (la salle) et voilà qu'elles continuent dans un monde où elles aident à boucher des trous (de la télé). Les décideurs de télé sont un peu comme des maquereaux, mais eux-mêmes dépendent économiquement de la vraie mafia : la publicité. 

Dans ces mêmes années 1980, décidément néfastes au grand écran, la commercialisation des VHS annonce l’ère du piratage. C’est un peu le premier acte par lequel le spectateur s’approprie le film, en le regardant quand on veut, en le téléchargeant. 
Ça se double du fait que maintenant nous savons faire des films. Ça s'est développé avec le Pathé-baby, avec le Super 8, c’est-à-dire que la pratique du cinéma-amateur s’est développée rapidement au sein de la société. On n’est plus dans la position de simple consommateur d’image, on est aussi producteur. C’est une manière de dire que le cinéma est très vivant. 
Avec l’émergence d’écrans plus petits, de vidéos à la demande, et des séries TV, ce sont désormais les plateformes qu’on accuse d’enterrer le cinéma. Une nouvelle ère que le critique et historien du cinéma Jean-Michel Frodon analyse avec un certain optimisme : "Il faut rappeler que juste avant la pandémie, le cinéma se portait remarquablement bien dans le monde, on faisait plus de films qu’on n'en avait jamais faits, qui étaient vus par plus de gens que comme ça n’avait jamais été le cas auparavant"
Un point de vue confiant sur l'avenir du cinéma que partage Guillaume Soulez. Selon l'enseignant-chercheur, la petite lucarne a permis au grand écran de se réinventer et d'investir des formes nouvelles : Si je définis le cinéma comme un art du récit en images et que le cinéma d’aujourd’hui est un art dysnarratif, qui va casser les codes, qui va jouer sur des effets plastiques très puissants, est-ce que finalement ce n’est pas dans les séries que le langage du récit en images a migré ? Tout dépend comment on définit le cinéma, si on le définit comme ça, peut-être que ce n’est plus ou pas seulement dans les salles ou les plateformes que l’on continue le cinéma, mais dans un autre art quand même assez voisin, un art jumeau : la série télé. Ce que l'on voit mourir chaque fois, serait plutôt une certaine idée que l'on se fait du cinéma, une idée finalement assez restreinte du Septième Art comme un loisir collectif à ne vivre que sur grand écran. Et qui aurait perdu de sa superbe et de son hégémonie au fil des décennies. 

Mais le cinéma existe aussi hors des salles obscures, il est partout. Et pour cause, l'éventail proposé par les plateformes se nourrit de l'héritage cinématographique et l'alimente. Ses métamorphoses successives ne seraient que la preuve de son incroyable vitalité. 
S'il fallait encore en douter, il suffit de jeter un œil aux entrées depuis le 19 mai. 

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