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Tradition
Identités régionales : les fêtes traditionnelles, par Bastien Brestat
Identités régionales : les fêtes traditionnelles, par Bastien Brestat

| Bastien Brestat 840 mots

Identités régionales : les fêtes traditionnelles, par Bastien Brestat

Chers amis, que reste-t-il de nos cultures régionales ? Est-on libre encore de les faire vivre ? Nous qui sommes très attachés à toutes ces patries charnelles, qu'il s'agisse des provinces ou des terroirs, nous déplorons le déclin de nos singularités, comme le symptôme d'un mal politique et moral.

Vous savez peut-être que sous l'action de la IIIème république les langues régionales furent interdites à l'école et qu'avec elles ont sombré bon nombre de récits et d'auteurs qui chantaient la poésie de nos terroirs. Vous savez aussi que la table rase révolutionnaire institua les départements, et qu'aujourd'hui les nouvelles régions, aux noms si abstraits, poursuivent avec une froideur administrative cet effacement des identités. Le monde moderne ne leur permet pas davantage de prospérer : le déracinement général de notre société poursuit cette déconnexion de l'homme et de sa petite patrie. Les campagnes sont incomprises par les néo-ruraux parfois hostiles au chant du coq ou au son des cloches, les exploitations familiales se métamorphosent vers une agriculture de masse et sous l'impulsion de l'UE, les réglementations excessives de la chasse et de la pêche contribuent à effacer un certain art de vivre.

Mais je veux surtout parler des fêtes parce que la France est un pays de fête, et qu'elles sont un condensé de nos traditions. Le Figaro titrait tout récemment qu'en 4 ans, 30% des fêtes traditionnelles avaient disparu en France, et celles qui vivent encore sont dénaturées, ce qui est une véritable peine pour ceux qui ne retrouvent plus leurs traditions. Les raisons sont diverses et différentes idéologies entrent en action :

D'abord, l'écologisme. À Bordeaux par exemple, les sapins de Noël sont bannis, à Lyon, lors de la Fête des Lumières, le parc de la Tête d'or est couvert d'œuvres d'art à base d'ordures pour sensibiliser au climat. Les maires écolos, fidèles à leur indubitable mauvais goût font régner la laideur, méprisent les fêtes chrétiennes, et vont jusqu'à précipiter la chute d'événements centenaires comme le grand prix automobile de Pau, disparu depuis deux ans.

Ensuite, le laïcisme avec l'effacement total de la dimension religieuse des fêtes de Noël ou de Pâques, l'idéologie antiraciste - on se souvient de la polémique sur la nuit des noirs au Carnaval de Dunkerque - Le lobby lgbt, avec la présence au carnaval Béarnais de drapeaux trans sur les mannequins et de travestis d'une lubricité si odieuse qu'elle en dégoûtât le public évidemment familial. Enfin la cause animaliste et son opposition à la chasse, à la pêche et à toutes les traditions taurines du midi, dont la corrida n'est que l'exemple le plus notoire.

Au carnaval de Dunkerque, aux fêtes de Bayonne, au marché de Noël de Strasbourg, ou à la Fête des Lumières de Lyon, beaucoup de Français déplorent aussi une perte d'identité de leurs fêtes à cause d'un tourisme massif et d'une dimension trop commerciale qui étouffe la tradition et la religiosité de ces instants.

On peut parler ensuite des normes administratives toujours plus strictes qui entravent les libertés locales. Du manque de subventions aux fêtes en difficultés, ou encore de normes sanitaires discutables à cause desquelles beaucoup de réjouissance furent injustement supprimés pendant le covid.

J'évoque enfin les contraintes liées à l'insécurité : pendant les JO de Paris, la mobilisation massive des forces de l'ordre à la capitale s'est faite au détriment de toutes les fêtes locales contraintes à des éditions plus courtes, comme l’interceltique de Lorient, voire à des annulations par décisions préfectorales. L'AMF a alerté, en vain, sur les conséquences économiques.

Alors il est vrai que l'insécurité est un sujet. En dehors des JO, ces faits sont fréquents. Le préfet de l'Hérault demandait aux maires de réduire la durée des fêtes votives à cause d'une sécurisation de plus en plus difficile en contexte de menace terroriste.

L'ensauvagement touche particulièrement les traditionnelles férias du sud-ouest où l'on ne dénombre plus les violences, les vols à l'arraché, parfois les viols...Et depuis les attentats du marché de Noël de Strasbourg en 2018, les fêtes deviennent ont pris une ambiance plus anxiogènes. Pour faire la fête en France on doit passer par un portique.

Cette insécurité sévit à toutes les échelles, du Carnaval de Nice avec son dispositif anti- terroristes, jusqu'aux bals de village. N'est-ce pas lors d'une fête, à Crépol, que le jeune Thomas fut sauvagement assassiné ?

La France donc est touchée au cœur de ce qui fait ses réjouissances et c'est une partie de son âme qui est ainsi atteinte. Nos fêtes traditionnelles marquent le lien entre les générations, elles sont des récits vivants de qui nous sommes. Puisque nos libertés sont d'abord collectives, elles doivent fleurir dans cette âme commune.

La modernité rend l'homme vulnérable parce qu'elle remplace les communautés naturelles par des agglomérats d'individus. Pour ne pas être un peuple d'administrés mais bien redevenir un peuple qui vit, il s'agit pour nous de s'enraciner, d'être fier de représenter notre ville ou notre région et de participer à tout ce qui exprime l'essence commune. Ayons donc une pensée pour toutes les petites patries qui font la France !

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