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Exposition
Et Eugénie créa Biarritz, Ville Impériale
Et Eugénie créa Biarritz, Ville Impériale

| Anne de Miller-La Cerda 1452 mots

Et Eugénie créa Biarritz, Ville Impériale

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Divan impérial du wagon impérial ©
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1857 : l'Impératrice et le prince impérial par Winterhalter ©
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Portrait Officiel de Napoléon III par Winterhalter ©
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A l’occasion du centenaire du décès de l’impératrice Eugénie le 11 juillet 1920, la ville de Biarritz rend hommage à celle qui fut à l’origine de la création de la station balnéaire en organisant une exposition au Musée Historique. Spécialistes du Second Empire, les commissaires de l’exposition Gilles Schmidt Lissarague et Bernadette Schmidt-Burn invitent à découvrir un parcours inédit (1854 à 1868), ponctué de rencontres et d’une galerie de portraits méconnus ou célèbres, spécialistes du Second Empire, mettant en lumière la dernière impératrice des Français.

Issues de prêts de particuliers et de diverses collections privées auxquelles s’ajoutent celles du Musée Historique de Biarritz et du Musée d’Arenenberg (Suisse), on découvrira des peintures, lithographies, gravures, bustes, portraits, épées de cérémonie, médailles, objets… et des pièces exceptionnelles, telles que le prestigieux canapé de velours vert du wagon-salon impérial. Le luxueux train fut offert par la Cie de l’Est (1857) à Napoléon III qui l’utilisa chaque année pour se rendre avec l’impératrice à Biarritz :
« Huit wagons constituaient le train  impérial; les premiers sont destinés aux bagages et au personnel puis viennent cinq wagons, les plus grands, les plus larges forment chacun un grand salon et communiquant entre eux par une porte et un pont suspendu », avait commenté le Dr Barthez..

 En 1853, à l’âge de 26 ans, la jolie espagnole Eugenia Maria de Montijo de Guzman, comtesse de Teba, épousait Napoléon III à Notre-Dame-de-Paris.

Originaire d’Andalousie, la future impératrice naquit le 5 mai 1826 à Grenade. Son père Cipriano de Palafox y Portocarrero, comte de Téba, puis de Montijo (1784-1839), franc-maçon et « afrancesado », avait été écarté du pouvoir par le roi Ferdinand VII pour avoir soutenu et servi Joseph Bonaparte, en tant que colonel, lors de la guerre d’Indépendance espagnole (1808-1813). En 1817, il avait épousé la mère d’Eugénie, Maria Manuela Kirkpatrick de Closburn, elle-même fille d’un riche aristocrate négociant libéral écossais à Marbella. La sœur de celle-ci, tante d’Eugénie avait épousé le diplomate bayonnais Matthieu de Lesseps dont le fils Ferdinand sera le constructeur du canal de Suez. 
Les parents d’Eugénie, comtes de Teba eurent trois enfants ;
- Francisco Palafox Portocarrero et Kirkpatrick, mort jeune.
- María Francisca Palafox Portocarrero et Kirkpatrick, l’aînée, surnommée Paca, qui avait hérité d’une grande partie des titres de la famille : elle épousa le 15ème Duc d'Albe.
- María Eugenia Palafox Portocarrero et Kirkpatrick qui épousa Napoléon III sous l’influence de sa mère et de Prosper Mérimée.

Mérimée, historien et inspecteur général des monuments historiques, noua amitié avec la famille lors de son séjour en Espagne et se prit d’une réelle affection pour cette jeune adolescente, assez vive pour son âge, qu’il présenta plus tard au prince Louis-Napoléon.

A Biarritz, dans sa jeunesse...

Encore jeune fille, Eugénie avait failli se noyer à la plage du Port-Vieux lorsqu’elle descendait à l'hôtel des Princes avec sa mère à Biarritz. Villégiature encore peu fréquentée, qu'elle avait découverte alors que Saint-Sébastien - où sa mère, « camarera mayor » (première dame d'honneur à la Cour), accompagnait d'habitude la reine Isabel d'Espagne - était assiégée par les Carlistes. 
Un an seulement après le mariage impérial, le couple séjourna à Biarritz dans la Villa Gramont de Jules Labat (1819-1914), maire de Bayonne depuis 1852, conseiller général des Basses-Pyrénées et futur député bonapartiste (lié à la famille des comtes de Coral à Urtubie). 
C’est ainsi qu’avait germé dans ce premier écrin le projet de construire une résidence impériale entourée d’un parc à l’anglaise. Un lieu idyllique qui porterait le nom d’Eugénie !
En août 1854, Hippolyte Durand (1801- 1882), architecte du département des Basses-Pyrénées, édifia le bâtiment selon un plan en "U" composé d'un premier corps de bâtiment pourvu de deux ailes à l’image d’un château à la française du XVIIème, mélangeant briques et pierres.
Entre 1854 et 1855, ce sont environ 14 terrains au total en bordure de la mer, qui furent acquis afin d’y établir la résidence impériale. L’année suivante, suite à des malformations et à ses mésententes avec l'évêque de Bayonne Mgr  Lacroix, l’architecte Durand fut remplacé. Lui succéderont Louis-Auguste-Léodar Couvrechef (1827-1858), décédé prématurément sur un autre chantier de l'impératrice, sa "tour féodale" d'Arteaga en Biscaye, puis Gabriel-Auguste Ancelet (1829-1895), architecte en titre des châteaux la villa Eugénie et d'Artegea, ainsi qu'Auguste Lafollye (1828-1891), architecte de la villa Eugénie et des châteaux de Pau et d'Artegea qu'il acheva. 

Suite à la naissance du prince impérial en 1856, une seconde tranche de travaux fut envisagée. L’ architecte Ancelet, prix de Rome, ajouta  une aile en rez-de-chaussée composant un plan "E" (sous réserve) à la mémoire d'Eugénie. I construisit également le pavillon chinois, la bergerie et 'étable qui n'existent plus aujourd'hui. Les décors des façades sur l'aile gauche furent enrichis de médailons  également en souvenir de l'Impératrice.

Un lieu de culte sur la propriété et plus proche que l’église Saint Martin s’imposa. En gage de futurs succès de l’armée française au Mexique, l’impératrice émit le vœu d’élever une chapelle dédiée à la Sainte Patronne du Mexique.
Eugénie de Montijo, conseillée par Mérimée, avait choisi de faire appel à l’architecte Emile Boeswillwald, disciple de Viollet-le-Duc, afin de l’édifier dans le style romano-byzantin aux accents andalous. Comme pour la villa Eugénie, à droite sur la façade principale de la chapelle, fut sculpté le blason des Guzman et Palafox, comtes de Teba y Montijo, à l’origine de la famille d’Eugénie (et en mémoire de Santo Domingo de Guzman). Inaugurée - une dizaine d’années après le Palais -,  cette chapelle privée entourée d’un parc était reliée directement à la Villa Eugénie par un pont en bois au-dessus du cours d’eau qui, plus tard, sera recouvert pour donner naissance à l’avenue de la reine Victoria.

Eugénie et les arts

Imaginative et artiste, Eugénie faisait entrer la nature dans les intérieurs superposant les plantes vertes sur des plateaux de fer forgé en forme pyramidale, qui trônaient au cœur des pièces entourées de fauteuils capitonnés de velours ou de damas et de mobilier d’ébène estampillés aux marqueteries  de bois de précieux - incrustations d’émail ou de nacre aux montures de bronze doré, sur lesquels étaient disposés des vases bleu violacé de Sèvres accueillant ainsi les personnalités politiques, l’aristocratie, les artistes, les amis proches ...

A l’image de Marie-Antoinette, l’impératrice Eugénie avait favorisé les arts de son temps et la mode vestimentaire. La belle Eugénie, imitée par toutes  les mondaines, portait le soir des bals, des capelines sur des robes à crinoline ornées de dentelles, diadèmes et tourbillon de perles et diamants. C’est ainsi qu’à Biarritz, les couturiers et les couturières en vogue vinrent y chercher leur inspiration pour les modes futures.

Dans les salons d’apparat trônaient les célèbres portraits en pied du couple signé de leur peintre préféré, Franz-Xavier Winterhalter.
Eugénie avait su déceler certains talents artistiques dont elle favorisera la vocation. Artiste elle-même, l’impératrice Eugénie communiqua son goût pour l'art pictural à son fils comme en témoignent les trois dessins exposés, dont une vue mer avec un voilier à l’encre et au crayon dessiné par le prince impérial (voir-ci-joint).

A la mort le 9 janvier 1873 de Napoléon III - réfugié en Angleterre, à Chislehurst, suite à la défaite de Sedan (1870) -, le prince impérial hérita de la villa Eugénie. Eugénie ne disposait que de l’usufruit. Elle n’en devint propriétaire qu’au décès le 1er juin 1879 de son fils, massacré par les zoulous en Afrique du Sud. La dernière souveraine des Français se séparera d’un domaine chargé de souvenirs mais trop lourd à entretenir alors qu’elle devait assurer sa résidence en Angleterre qu'elle quittera plus tard afin de s’installer auprès de ses neveux les ducs d'Albe au palais de Liria à Madrid où elle s’éteignit le 11 juillet 1920 à l’âge de 94 ans.

Jusqu’au 11 octobre 2020 – Exposition "Et Eugénie créa Biarritz, Ville Impériale" – musée historique de Biarritz Eglise St Andrews, Rue Broquedis 
Exposition ouverte tous les jours de 10h à 12h30 et de 14h à 18h30. Fermé le lundi. Tarifs : de 3 € à 6 € Gratuit le samedi 19 et le dimanche 20 septembre à l’occasion des Journées du Patrimoine (pour des raisons de sécurité, port du masque obligatoire).
Dimanche 20 septembre  à 15h : Visite commentée par la commissaire de l’exposition Bernadette Schmidt-Lissarrague. Inscription obligatoire au 05 59 24 86 28 A noter : de 15h à 16h, l’entrée au musée sera exclusivement réservée aux visiteurs inscrits à la visite commentée.

Légendes des photos :
1/ Portrait romantique de l'impératrice à Biarritz par Emile Defonds (1858)
2/ Esprit d'un salon impérial reconstitué avec l'authentique divan du wagon impérial et le tableau officiel de l'impératrice par F.X.. Winterhalter en fond
3/ L'Impératrice et le prince impérial par F.X.Winterhalter (1857)
3/ Portait officiel de l"Empereur est peint par F.X. Winterhalter devant les Tuileries. (1853)
4/ Dessin encre et crayon par le prince impérial

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Dessin à l'encre et au crayon par le Prince Impérial ©
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