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Histoire
Beti aintzina : la devise de Michel Garicoits, un saint pour notre temps
Beti aintzina : la devise de Michel Garicoits, un saint pour notre temps

| Alexandre de La Cerda 1059 mots

Beti aintzina : la devise de Michel Garicoits, un saint pour notre temps

Ce vendredi 15 mai, le diocèse fête la mémoire de saint Michel Garicoïts (1797-1863). L’occasion pour les amateurs d’histoire et de spiritualité de revenir, pour le 157ème anniversaire de sa disparition, sur la vie et l’œuvre de cette extraordinaire personnalité surgie de Basse-Navarre, que l’historien Roland Moreau qualifiait d’« étoile du XIXème siècle » dans son remarquable ouvrage sur « L’âme basque » (réédité il y a quelques années chez Atlantica). Car, c’est le 14 mai 1863, jour de l'Ascension, que s’était éteinte cette figure exceptionnelle de la spiritualité basque, acteur essentiel d’une époque où« aux persécutions révolutionnaires avait succédé le branle-bas des missions ». Un siècle et demi plus tard, on ne l’a pas oublié dans son Pays Basque natal où, entre autres, une école porte son nom à Etcharry, ainsi qu’un centre de formation rattaché au Lycée d’enseignement agricole Errecart de Saint-Palais et un collège à Cambo, Michel Garicoits figurant encore parmi François-Xavier, Louis Cestac, etc. sur les belles fresques de saints basques à la chapelle des Missionnaires près du collège Saint-Joseph d’Hasparren…

L’importance de la famille dans l’éducation
Aîné de six enfants, Michel Garicoits était né le 15 avril 1797 à Ibarre, village bas-navarrais au pied du col d’Osquich, réuni à celui de Saint-Just au XIXe siècle. Ses parents, Arnaud Garicoits (maison Garacotchea) et de Gratianne Etcheberry (maison Ordokia) étaient d’une famille paysanne assez pauvre qui avait traversé les épreuves de la Révolution et la déportation des Basques en aidant les persécutés. Bien des prêtres, traqués par les révolutionnaires, s’étaient réfugiés chez les Garicoits avant d'être discrètement conduits par Arnaud en Espagne. C’est sans doute l’un d’eux qui avait baptisé le petit Michel.

D'un tempérament volcanique et d'une grande force physique, volontiers batailleur, Michel n’hésitait pas, à l’occasion, de se mesurer avec les aigles, qu’il laissait fondre sur lui en faisant le mort, avant de les chasser à coup de makila! Or, comme un exemple de l’influence décisive exercée par l'éducation parentale sur l'orientation de toute une vie, Gratianne Garicoïts « n'accablait pas son fils de longs discours afin de corriger son tempérament difficile, préférant lui donner les bases fondamentales d’une morale religieuse aussi simple que compréhensible et efficace ». Ainsi, comme le rappela le pape Jean-Paul II en 1997, « dès son plus jeune âge, saint Michel Garicoïts a entendu l'appel du Seigneur à le suivre dans le sacerdoce. La maturation de sa vocation et la disponibilité dont il a fait preuve sont liées à l'attention de ses parents, à leur amour et à l'éducation morale et religieuse qu'il a reçue, particulièrement grâce aux soins attentifs de sa mère (…) En notre temps où les valeurs conjugales et familiales sont souvent bafouées, la famille Garicoits demeure un exemple pour les couples et pour les éducateurs, qui ont la responsabilité de transmettre le sens de la vie et de faire percevoir la grandeur de l'amour humain, ainsi que de faire naître le désir de rencontrer et de suivre le Christ »

Imprimer la beauté et l'élévation
Or, c’est au prix de durs sacrifices et malgré la difficulté pour ses parents de payer ses études (au collège de Saint-Palais, puis Saint-Léon à Bayonne et la philosophie au Collège royal d’Aire) que Michel Garicoits deviendra prêtre. Après deux années de vicariat « zélé et prudent » à Cambo qui lui attirèrent, déjà, une réputation d’« apez saindua », la confiance de son évêque l'envoya à 28 ans au Grand Séminaire de Bétharram où, comme professeur de philosophie puis comme Supérieur, il rétablit la discipline et la piété. Lors du transfert du Séminaire à Bayonne, il demeura à Bétharram et entreprit de restaurer le pèlerinage de l’antique sanctuaire béarnais de la Vierge. Jeanne Elizabeth Bichier des Ages, à l’origine des Filles de la Croix et qui sera canonisée avec lui en 1947, l’encouragea à fonder en 1835 une Congrégation de missionnaires et d'enseignants, les Pères de Bétharram, qu'il « arma » des Exercices spirituels de saint Ignace et qu’il dirigea jusqu'à sa mort. Il organisa les missions, ouvrit écoles et collèges. Car, pour notre saint, éduquer c'est « former l'homme et le mettre en état de fournir une carrière utile et honorable dans sa condition, et ainsi préparer l'éternelle vie, en élevant la vie présente. L'éducation intellectuelle, morale et religieuse est l'œuvre humaine la plus haute qui se puisse faire ; c'est la continuation de l'œuvre divine dans ce qu'elle a de plus noble et de plus élevé, la création des âmes. L'éducation imprime la beauté, l'élévation, la politesse, la grandeur ». Encouragé par les résultats obtenus chez ses élèves, Michel Garicoits ouvrit ou reprit, au fil des ans, plusieurs écoles dans la région. Leur influence et l'action qu'il exerça lui-même, principalement sur le clergé et les religieuses, déterminèrent dans toute la région un renouveau de vie chrétienne. 

De dignes successeurs
La proximité de Lourdes lui avait fait rencontrer plusieurs fois Bernadette Soubirous qui venait au sanctuaire de Bétharram afin de lui demander conseil. Son œuvre fut continuée par un de ses compatriotes bas-navarrais, Auguste Etchécopar. Natif de Saint-Palais, ordonné prêtre en 1854 à la cathédrale de Bayonne, il sera admis dans la Congrégation du Sacré Cœur de Bétharram fondée par Michel Garicoits qui le nomma maître des novices. Devenu son secrétaire et confident, Etchécopar lui succédera comme Supérieur général à partir de 1874 pour faire approuver la Congrégation par le Saint-Siège, reconnaître la sainteté de Michel Garicoïts et rayonner sa famille religieuse, encourageant les missions d'Amérique (en Argentine, Uruguay, Paraguay et au Brésil, car « les Basques qui émigraient là-bas n'avaient pas de prêtres »)  et fondant une résidence à Bethléem en Terre Sainte. Actuellement au nombre de 300, les Betharramites exercent leur apostolat en Europe (Espagne, Italie, Belgique et Angleterre), en Inde, Thaïlande, Côte d'Ivoire et Terre sainte, certains de leurs prédécesseurs étant même partis en Chine en 1922, avant de s'en faire expulser par la dictature maoïste (informations: tél. 05 59 98 01 71 ou www.betharram.fr).

NDLR.: à propos du Sanctuaire de Lourdes, il rouvrira ses portes en partie ce samedi à partir de 14h, pour les pèlerins individuels de proximité. On pourra y accéder par les portes Saint-Joseph et Saint-Michel où des hospitaliers accueilleront et informeront les pèlerins. Si les chapelains maintiennent la prière continue à la Grotte (dont l’accès est pour le moment fermé aux pèlerins) le sacrement de la Réconciliation est proposéà l’église Ste-Bernadette, dans le respect des distances entre les personnes. Face à la Grotte (rive droite), aux chapelles de lumière où on pourra déposer un cierge, ainsi qu’aux fontaines près de la Grotte, les pèlerins seront également invités au respect des distances. Un appel aux dons est lancé pour rattraper un « déficit historique » estiméà 8 millions d’euros depuis le confinement.

Légende : photo d'époque de Michel Garicoits

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LIBAT | 19/09/2021 17:28

Je découvre aujourd'hui avec intérêt la riche histoire de Saint Michel Garicoits, d'autant plus que j'ai un point commun avec lui. Hélas pas la sainteté, mais la devise gravée sur mon makila: "BETI AINTZINA".

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