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Religion
Besta-Berri, la Fête-Dieu, l’âme des libertés basques célébrée ce dimanche 22 juin
Besta-Berri, la Fête-Dieu, l’âme des libertés basques célébrée ce dimanche 22 juin

| Baskulture/Alexandre de La Cerda 1269 mots

Besta-Berri, la Fête-Dieu, l’âme des libertés basques célébrée ce dimanche 22 juin

Célébrée traditionnellement avec éclat au Pays Basque, la Fête-Dieu ou Besta-Berri revêt des couleurs particulières dans une dizaine de villages bas-navarrais et quelques-uns en Soule (Etcharry) et en Labourd : « c'est l'âme du village, un événement véritablement fédérateur auquel tous les habitants participent à leur manière, en préparant l'église, en participant à la cérémonie, en confectionnant les costumes ou en défilant », m'expliquait un de ses acteurs, sanglé dans son uniforme de capitaine en donnant fièrement ses ordres à la troupe dite « napoléonienne » de fusiliers et de sapeurs avec leurs haches et tabliers.

Tout se passe entre l’église et le fronton, le long d’un parcours parsemé de verdure et de pétales de fleurs, au milieu des maisons aux fenêtres décorées de draps blancs où défile la « garde nationale » suivie des jeunes et des enfants aux tenues immaculées, immuable procession à la danse rythmée par des musiciens « champêtres ». 

Fête-Dieu Etcharry.jpg
Fête-Dieu à Etcharry ©
Fête-Dieu Etcharry.jpg

Etcharry : au château (école St-Michel-Garicoits) 
9h30 messe chantée suivie d'un défilé
13h repas paroissial ouvert à tous sur inscription à  64e.etcharry@fsspx.fr 
15h30 pièce de théâtre "Les trois sagesses du vieux Wang" / Le pardon n’est pas toujours facile à accorder. Cependant, rien n’est impossible, ainsi qu’en témoigne cette histoire du vieux Wang racontée par le jésuite et écrivain Henri Ghéon, une œuvre publiée en 1927. Ce témoignage montre la force et l’audace du pardon donné.

Iholdy 
10h30 : Messe suivie d'un défilé sur la place du village

Louhossoa 
10h : Messe et apéritif sur le fronton

Ossès 
10h30 Messe

Saint-Jean-de-Luz 
10h30 : Messe et défilé

À Oñate en Guipuzcoa, la fête porte le nom de « Korpus », les ornements du baroque ornent les processions religieuses : au milieu des figures vivantes des Apôtres, de Saint Michel et du Christ, les danseurs du groupe Oñatz évolueront au son des castagnettes et du txistu. Avec mesure et élégance, ils égrèneront les danses qui sont restées liées à ce jour de la Fête-Dieu : Saint-Sébastien, banakoa, launakoa, zortzikoa et arku-dantza (la danse des arceaux), et pour finir la journée, l’aurresku et la soka-dantza.

Contrairement à une opinion inexacte mais largement répandue, malgré une certaine saveur « Empire » du fait de la présence des troupes napoléoniennes dans notre région, cette garde n'est pas le souvenir « folklorisé » de cette époque mais le vestige des milices franches armées librement par le Labourd et la Navarre, avant la Révolution de 1789. L'arme, alors, n'a plus du tout la même signification : défiler le fusil à l'épaule ou l'épée au côté une fois l'an témoigne du droit et des libertés (perdues) du pays et de ses habitants ! De nombreux villages ont conservé cette antique tradition de rendre de véritables honneurs militaires au Saint-Sacrement durant la procession de la Fête-Dieu. Le rituel prévoit la présence de sapeurs armés de haches, d'un capitaine et d'une troupe de soldats, de lanciers et de coqs, des jeunes danseurs de l’école exécutant en une magnifique figure d’ensemble la traditionnelle « Ezpata-dantza ». Sans oublier le suisse à qui revient la responsabilité de l'ordre proprement liturgique.

D'après Michel Duvert (dans le "Bulletin du Musée Basque"), « c’est au XIIIe siècle que sainte Julienne, (une religieuse du monastère de Mont-Cornillon, près de Liège) eut une vision au cours de laquelle elle acquit la conviction qu’il fallait honorer tout particulièrement l’Eucharistie ou Corps du Christ. Rome acquiesça. Alors le Corps du Christ sous forme d’Hostie dans l’ostensoir, fut  montré en procession dans les rues et les places publiques. En 1264, le pape Urbain IV qualifie la fête de : « Officium novae solemnitis », soit « Office de la fête nouvelle » ce que les Basques continuent de dire « Besta berri ». En 1318 le pape Jean XXII officialisa le rite qui prit forme ; on le connaît désormais sous le nom de Corpus Christi ou Fête-Dieu ou Fête du Saint sacrement. 
C’est sous l’autorité d’Arnaud de Barbazan (1318-1355) que fut créée à Pampelune une confrérie du Saint-Sacrement. Les cortèges qui parcouraient les rues des villes navarraises,  atteignirent leur apogée au cours des XVIème, XVIIème et XVIIIème siècles sous forme de  processions, de musique et de danses (dans et hors des églises, y compris dans la cathédrale en présence de l’évêque, de chants y compris de chorales, le tout dans un contexte de décorations de rues, de confection d’autels, de représentations de pièces écrites pour la circonstance (et jouées jusque dans la cathédrale), de figures de géants (attestés au XVIème siècle), de tarasques et de nains, au milieu de tirs de fusils y compris dans  les églises ; ces manifestations réunissaient les autorités civiles, les confréries et associations paradant avec leur emblèmes. À partir de la fin du XVIIIe siècle, ces vastes scénarios baroques ne cesseront de se simplifier ».

Musée Basque à Bayonne : "La procession de la Fête-Dieu à Bidarray", par Marie Garay

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Musée Basque 𝑃𝑟𝑜𝑐𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 Fê𝑡𝑒-D𝑖𝑒𝑢 𝐵𝑖𝑑𝑎𝑟𝑟𝑎𝑦, 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑒 𝐺𝑎𝑟𝑎𝑦 (1861-1953) ©
Musée Basque 𝑃𝑟𝑜𝑐𝑒𝑠𝑠𝑖𝑜𝑛 𝑑𝑒 𝑙𝑎 Fê𝑡𝑒-D𝑖𝑒𝑢 𝐵𝑖𝑑𝑎𝑟𝑟𝑎𝑦, 𝑀𝑎𝑟𝑖𝑒 𝐺𝑎𝑟𝑎𝑦  1861-1953.jpg

Elève de Léon Bonnat et d'Achille Zo, Marie Garay appartient à l'Ecole de Bayonne. Sociétaire des Artistes Français à partir de 1898, elle signe ici une majestueuse procession de la Fête-Dieu, Besta Berri, costumée et colorée, typiquement bas-navarraise. Celle-ci se déroule à Bidarray, devant l’église Notre-Dame de l’Assomption, sur fond de montagnes. Marie Garay connaît ce village pour y avoir séjourné quelque temps, dans l'hôtel-restaurant dont on aperçoit les deux fenêtres aux volets verts au premier plan du tableau.

Le cortège est représenté à la sortie de la messe au moment où danseurs et musiciens accompagnés des autorités civiles et religieuses se rendent sur la place du fronton pour y danser. Continuant la tradition des anciennes milices médiévales puis des gardes nationales qui encadraient les processions à la fois pour le maintien de l’ordre et en marque de respect, les acteurs sont vêtus de costumes militaires inspirés de l'époque napoléonienne : coqs, sapeurs, lanciers, officiers, portes drapeaux, zouaves et tambour-major ou makilari. 

Précédé du Suisse d’église, le prêtre portant l'ostensoir est abrité sous un dais et marche sur des jonchées d’herbe recouvertes d’un long drap blanc déroulé à l’avant puis enroulé à l’arrière par deux veuves en cape de deuil. D'autres draps sont suspendus aux fenêtres enjolivées par des cierges et des images pieuses composant de petits autels. Des bannières de procession sont portées au milieu de petites filles en robe blanche, coiffées de couronnes de fleurs, qui s’avancent en jetant des pétales de roses. Dans la foule qui se mêle au cortège, les hommes forment une masse sombre ; tous portent xamara, la veste courte noire traditionnelle et ont ôté leur béret qu’ils tiennent à la main. Quelques élégantes aux jupes colorées observent la scène en marge du défilé, la tête couverte d’une mantille en dentelle noire.

Le tableau est exposé avec succès au Salon des Champs-Elysées en 1899, puis à l’Exposition Universelle de Paris en 1900. Le musée conserve de nombreuses esquisses préparatoires à cette peinture très descriptive qui témoignent du soin extrême apporté par l’artiste à sa réalisation

La Fête-Dieu, dite aussi Fête du Saint-Sacrement, est instituée en 1264 par le pape Urbain IV pour honorer publiquement le sacrement de l’Eucharistie. Les Basques la nomment « nouvelle fête» ou Besta-Berri. Cette peinture très descriptive de Marie Garay illustre, en avant du porche de l’église Notre-Dame de l'Assomption à Bidarray, sur fond de montagnes, la procession qui longe les maisons de la Grande Rue, aux fenêtres décorées de draps, de cierges et d'images pieuses. Le tableau est exposé avec succès au Salon des Champs­ Élysées en1899, puis a l'Exposition universelle de Paris en 1900.

Beaucoup de paroisses solenniseront la Fête-Dieu par une procession du Saint-Sacrement ce dimanche 22 juin ou le dimanche suivant pour la célébration de l’octave de la fête.

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