Les amateurs d’art et d’histoire de Russie se réjouiront en découvrant la semaine prochaine des icônes du XIXème dont celles en triptyque de voyage, ainsi que de nombreux objets en vermeil ou argent et émail cloisonné auxquels s’ajouteront quelques-uns de style ou d’origine Fabergé, l’ébauche d’un portrait intitulé « la prière du juif » signé du peintre russe expressionniste Alexis von Jawlensky et trois bustes sculptés par Ivan Choukline (1879-1958) à l’effigie de la poétesse Marie-Thérèse d’Arcangues (1931-2021).
Seront également dévoilées à cette vente aux enchères, plusieurs lettres de la correspondance de la famille Impériale de Russie.
Comment ces missives ont-t-elles pu parvenir sur la Côte Basque ?
A l’en-tête gravée de la couronne impériale des Romanov ou portant le chiffre du Gd-Duc Serge formant une croix, elles avaient été écrites en cyrillique, en anglais ou en français langue, couramment parlée à la Cour (1) comme en témoignent les écrits de Wladimir Alexandrovich de Russie (1847-1909) adressés à son frère cadet le Gd-Duc Paul Alexandrovitch de Russie (1860-1919). Surnommé « Pitz », il était le sixième fils et dernier enfant du premier mariage de l’empereur Alexandre II de Russie et de la princesse Marie de Hesse,
La première épouse du Gd-Duc Paul, la princesse Alexandra de Grèce, lui avait donné deux enfants : Marie de Russie et son frère, le beau Dimitri de Russie dont Coco Chanel tomba amoureuse.
Leur mère Alexandra de Grèce, décédée prématurément, le Gd-Duc Paul tomba amoureux d'une femme mariée de Saint-Pétersbourg Olga Valerianovna Karnovitch. Celle-ci divorça d'Erich von Pistohlkors avec qui elle avait eu plusieurs enfants. Cette passion adultérine qui donna suite à un mariage morganatique critiqué par Nicolas II n’autorisa pas Olga à utiliser le titre et le nom de la dynastie impériale des Romanoff, mais celui de princesse Paley pour elle ainsi que celle de sa descendance qui portera également le titre et le nom de comte von Hohenfelsen.
De cette union hors mariage naquit à Saint-Pétersbourg le prince Wladimir Pavlovitch Paley (1896-1918), ils furent obligés de quitter la Russie pour s’établir et se marier en France. Quelques années plus tard, l’adolescent féru de poésie publia quelques recueils de vers, dont un ouvrage sera mise en vente. .
Ses deux sœurs cadettes, Irina (1903-1990) et Nathalia Pavlovna Paley (1905-1981) naquirent en France. En 1913, l’empereur Nicolas II accorda finalement son pardon à son oncle le Gd-Duc Paul Alexandrovitch qui, avec son épouse Olga et les trois enfants, retournèrent à Saint-Pétersbourg.
Lors de la révolution russe, âgé à peine de 21 ans, son fils, le poète Wladimir Paley exilé en Oural, sera assassiné en 1918.
Et l'année suivante, le Gd-Duc sera détenu en 1919 à la Forteresse Pierre-et-Paul et assassiné. Son épouse, terrassée par le chagrin, et afin de ne pas éveiller les soupçons, organisa au plus vite la fuite de ses deux filles par le lac Ladoga gelé.
La princesse Olga s’échappa à son tour de Russie afin de rejoindre ses deux enfants qui avaient miraculeusement échappé à la terreur bolchévique pour être soignés dans un dispensaire à Helsinki en Finlande. La famille Paley regagna sa demeure parisienne.
La suite de leur histoire, certains d’entre vous la connaissent ! Natalia (ou Nathalie en français) Pavlovna Paley épousa le couturier Lucien Lelong dont elle divorça et sa sœur Irina Pavlovna Paley se maria en 1923 à la Cathédrale St. Alexandre Nevsky de la rue Daru (à Paris) avec le prince Fédor (ou Théodore, en français) de Russie. Leur fils, le prince Michel Fédorovitch Romanov (1924-2008) naquit à Paris.
Quelques années plus tard, le couple s divorça. A cette époque Irina Pavlovna rencontra un propriétaire terrien du Sud-Ouest et artiste-peintre talentueux, Hubert de Monbrison, avec qui elle se remaria dans les années 50. Orthodoxe converti au protestantisme comme son nouvel époux, Irina Pavlovna vécut avec son fils Michel Fédorovitch Romanov surnommé et son mari Hubert de Monbrison à Biarritz sur la Côte Basque. C’est dans cette villégiature que la vie de la petite fille du tsar Alexandre II et nièce d’Alexandre III s’acheva en 1990.
Aussi, la plus part des lettres impériales proviennent de la succession de la princesse Irène Pavlovna Paley.
Parmi les autres lettres figurent celles de Dagmar de Danemark, épouse d’Alexandre III, écrites à son neveu le Gd-Duc Paul à propos de la guerre en Turquie..
A ces divers courriers s’ajoute le récit autobiographique des souvenirs d'Anna Feodorovna Tyutcheva (1829- 1889), préceptrice des enfants de l'empereur Alexandre II (1818-1881) et de l'impératrice Maria Alexandrovna (1824-1880).
COTE BASQUE ENCHERES A SAINT-JEAN-DE-LUZ
EXPOSITIONS PUBLIQUES
Mercredi 17 novembre de 14h à 18h
Jeudi 18 novembre de 10h à 12h30 et de 14h à 18h
Vendredi 19 novembre de 9h30 à 11h
VENTE AUX ENCHERES
Vendredi 19 novembre 2021 à 14h
(1) Rappelons qu’en Russie, il était d’usage de faire venir des gouvernantes françaises afin de maîtriser parfaitement la langue française ; jusqu’au XXème, la culture française était admirée et imitée dans toute l’Europe.