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Tradition de la semaine
Marie Sediey, l'humanisme bayonnais du XIXème siècle
Marie Sediey, l'humanisme bayonnais du XIXème siècle

| François-Xavier Esponde 677 mots

Marie Sediey, l'humanisme bayonnais du XIXème siècle

En 1955, le 26 décembre, Bayonne célébra le centenaire de la naissance de Marie Sédiey en apposant une plaque rendant hommage à l'humble bienfaitrice bayonnaise qui inspira l'Oeuvre laique de Marie Sédiey. Plaque située à l'angle du quai des Corsaires et de la rue Saubiole, Marie naquit à Bayonne le 5 décembre 1855 au 1 de la rue Saubiole chez son père marchand de vins.

La maison natale fut détruite pour laisser l'immeuble Broussain, la voilà désormais vivant à la rue Pannecau, puis à la rue des Basques où se termina sa vie.
Et quelle vie ! Elle commence à 28 ans en 1883 à recueillir des enfants de rue à Bayonne. La diffusion de la Déclaration des droits de l'enfant votée à Genève en 1924.viendra en son temps, mais Marie Sédiey initiait ce travail avec le soutien des dames de la ville, dont les noms fleurent l'origine et la qualité.

En 1890 elle est signalée à la Commission du prix Sourigues de Bayonne, et l'intérêt de l'Académie Française pour ce labeur civil acquis dans la cité par marie Sédiey " au service des enfants abandonnés nombreux en la ville."

Elle obtient le prix Montyon de l'Académie française qui couronne dignement une vie tout entière de dévouement et de sacrifice. Elle fit le voyage de Paris comme rapporté par le journal Le Figaro pour l'obtention de cette reconnaissance.

On évoque peu en effet l'origine de ces enfants sans père ou de père absent, de jeunes mères célibataires, d'enfants de garnison et du port de la ville qui vaquaient dans les rues de la ville et devinrent l'objet de l'intérêt de gens vertueux comme Marie Sédiey, d'Edouard Cestac pour les jeunes filles, ou des premiers élèves des Frères des écoles chrétiennes au chapitre de la cathédrale de Bayonne où s'initia "la première école des garçons de la rue bayonnaise."

Marie Sédiey obtint le prix de vertu pour honorer le travail de cette femme modeste qui plaçait ces enfants chez des artisans de la ville, et des paysans des alentours comme garçons de ferme..

Disposant de son modeste appartement, elle accueillit 25 enfants des deux sexes pendant 7 ans, de 1883 à 1890.

Après la reconnaissance de l'Académie française, le prix Sourigues lui fut décerné par le maire de la ville, M. Pouzac, après celui "du prix suprême de la vertu", vint celui plus modique de la ville de Bayonne.

Marie Sédiey recueillit ainsi plusieurs centaines de ces enfants de rue, les cueillant au Cam de Prats, sur les glacis, au Cam saint Léon ou sur les abords de la Place d'Armes.
Là où bruisse toujours la vie bayonnaise aujourd'hui, lieux fréquentés jadis par des enfants abandonnés faute de solutions alternatives qui n'existaient pas encore.

On trouve dans ces souvenirs d'époque des noms de personnes de qualité, madame Arthur Lafont, madame Léon Moynac, monsieur et madame Strasser, le commandant Boissel et madame, monsieur et madame Burguette, la maison Bernadou, madame Silvadine, mesdemoiselles Castelbon, la famille Guichona ...
On ne sera surpris de reconnaitre quelques descendants de ces vieilles familles de la cité soucieuses du sort des enfants de la rue en ce XIX ème siècle peu disposé encore à répondre à cette urgence.

L'oeuvre de Marie Sédiey fut reprise par le maire Garat de Bayonne après son décès le 29 mai 1929 et se poursuivit sous le nom de "l'association Marie Sédiey."

Depuis juin 1939 sous l'initiative du maire Simonet une rue marie sédiey relie les allées Lahubiague et l'avenue du Comte Cabarrus .D'hier à aujourd'hui l'oeuvre de bienfaisance, désormais devenue humanitaire de Marie Sédiey s'est maintenue dans la vie bayonnaise à travers des associations de la solidarité active plus communément connues comme la Sauvegarde de l'enfance, la Solidarité départementale, les Ccas communaux, et bien des autres associations telles la Croix Rouge, la Cimade, le Secours catholique et le Secours populaire qui perpétuent encore et toujours la fraternité sociale nécessaire pour les plus fragiles.

Photo de couverture : l'immeuble de Marie Sédiey au 48, quai des Corsaires (siège du consulat du Portugal et de Radio-Adour-Navarre (début des années 80)

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