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Musique
Le Choeur Classique Anglet Côte Basque à l'heure brésilienne
Le Choeur Classique Anglet Côte Basque à l'heure brésilienne
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| Rédaction 933 mots

Le Choeur Classique Anglet Côte Basque à l'heure brésilienne

C’est découverte des musiciens classiques du Minas Gerais au Brésil qu’offrira ce dimanche 23 juin à 18h à l’église Saint-Léon d’Anglet le Choeur Classique Anglet Côte Basque sous la direction du Bayonnais Jean-Paul Salanne qui avait débuté ses études musicales au Conservatoire de cette ville avant d'obtenir les prix de Chant et d’Art Lyrique au Conservatoire de Paris. Après l’Opéra de Paris et la direction de divers conservatoires (Tarbes), il dirige depuis octobre 2010 le Choeur Classique Anglet Côte Basque, présent depuis plus de 45 ans sur la scène culturelle angloye, avec plus de 60 choristes venus de toute la côte basque qui participent, chaque année, à des productions musicales originales. Fidèle à sa tradition, il organise différentes activités et ateliers où professionnels et amateurs de la musique participent ensemble à la restitution d’œuvres phares rarement données dans leur version originale : le Chœur Classique travaille principalement les lundis à 20h, salle Babieca des Ecuries de Baroja d'Anglet et à la Chapelle Saint Bernard de Bayonne.

Ce concert relate la très belle histoire des premiers compositeurs brésiliens qui créent au fil du temps une société nouvelle où on leur reconnaît une véritable valeur, dépassant l’état de leurs pères et grands-pères, souvent esclaves dans les mines d'or et de pierres précieuses. Leur force résidait dans le savoir. Leurs modèles nous sont bien connus, Mozart et plus tard Rossini. En interprétant la musique profane et sacrée qu'ils savent maintenant composer, ces "Mozart" brésiliens transmettent leur art et, bien au-delà, offrent à leurs compagnons le bien de tous temps le plus précieux, la liberté, selon la devise du Minas Gerais « Tamen Libertas quae sera » (au bout du compte la liberté viendra). L'Etat actuel du Minas Gerais (Mines Générales) doit son nom à l'activité minière créée au XVIIIe siècle par les colons portugais. Des villes aux noms évocateurs sortent de terre, Diamantina ou Villa Rica (Ville Riche) qui deviendra Ouro Preto (Or Noir). Le compositeur Lobo de Mesquita donnera ses œuvres dans ces deux villes.
Une très belle histoire : Emerico Lobo de Mesquita (1746-1805) est né en octobre 1746 à Vila do Príncipe (avant lui et maintenant appelée Serro), dans l'état du Minas Gerais au Brésil. Fondée en 1702 par les chercheurs d'or et colons portugais, cette petite communauté placée sous le signe de la montagne et du froid (Serro Frio) se transforme rapidement en ville principale d'une riche région minière. Ses parents José Lobo de Mesquita et Joaquina Emerenciana sont l'exemple même de la société brésilienne de leur époque, formée de natifs portugais et angolais : un maître blanc qui épouse une esclave noire, la libère par ce mariage et émancipe les enfants nés de leur union. Emerico reçoit une bonne éducation où la religion, les lettres (le latin entre autres) et la musique tiennent une part importante. Il prend ses premières leçons d'orgue et de composition avec le père Manuel da Costa Dantas, maître de chapelle à l'église Nossa Senhora da Conceição de sa ville natale.
Le petit garçon sert le messe et fait sans doute partie de la maîtrise, ce qui lui donne une excellente connaissance de la voix et le goût de la musique vocale. On trouve dans les archives de Serro quelques traces de ses première rémunérations comme musicien et chef d'orchestre entre 1765 et 1774.
Vers 1776, Emerico quitte Serro pour Arraial do Tijuco (que l'on appelle maintenant Diamantina). Il est engagé comme organiste et maître de Chapelle de la cathédrale Santo Antônio et compose sa première œuvre connue, une messe pour le Mercredi des Cendres (1778). Il travaille comme compositeur et chef pour de nombreuses confréries et paroisses, créant son propre ensemble orchestre et choeur composé essentiellement de musiciens métis qu'il forme au sein de sa propre école de musique. La ville de Diamantina le rémunère d'ailleurs pour les cours qu'il y donne. Comme tous les maîtres de chapelle du monde, Emerico compose pour les divers temps de la liturgie. Emerico était réputé pour sa virtuosité à l'orgue et ses capacités d'improvisation. En cela, il ressemblait sans doute plus à Bach et à Haendel qu'au Mozart de Mannheim, préoccupé par les nouveautés orchestrales et symphoniques. Emerico Lobo de Mesquita a créé le premier corpus brésilien d'oeuvres musicales.

L'autre "Mozart" du Minas Gerais dont les œuvres seront interprétées au cours de ce concert se nomme Mauricio Nunes Garcia. Métis et ecclésiastique lui aussi, il fait partie de la génération de musiciens qui a pu étudier Mozart dans le texte et dont le style final s'européanise au contact permanent avec la Cour exilée. Né et mort à Rio de Janeiro, Nunes Garcia est toujours resté en première ligne : dès le début du XIXe siècle, il se fait apprécier comme chef d'orchestre en faisant entendre en première audition au Brésil  le Requiem de Mozart (1819) et La Création de Haydn (1821). D'ailleurs l'époque n'est plus où les Brésiliens se devaient de partir pour l'Europe afin d'y acquérir un peu de lustre. Désormais ce sont les européens - et notamment les autrichiens et les français - qui viennent à Rio découvrir ce que le Brésil a à leur offrir. Nunes Garcia, comme Lobo de Mesquita, enseigne la musique. Il a pour élève un certain Francisco Manuel da Silva qui écrira en 1822 un chant choisi cent ans plus tard comme hymne national par le Brésil moderne.

« Un Mozart au Brésil, Lobo de Mesquita », découverte d’œuvres de compositeurs brésiliens de l’époque classique et contemporaine par le chœur classique Anglet Côte basque. Dimanche 23 juin à 18 h à l’église Saint-Léon à Anglet. Tarifs : 10 € ; 15 € ; 18 €.

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