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Il y a 65 ans, le 22 mars 1960 décédait José Antonio Aguirre, le premier lehendakari
Il y a 65 ans, le 22 mars 1960 décédait José Antonio Aguirre, le premier lehendakari

| Alexandre de La Cerda 905 mots

Il y a 65 ans, le 22 mars 1960 décédait José Antonio Aguirre, le premier lehendakari

Il était environ six heures du soir, le mardi 22 mars 1960. À son domicile parisien, José Antonio de Agirre y Lekube, premier président du Gouvernement basque, décédait d'une angine de poitrine.

Il est né à Bilbao le 1er mars 1904. Il a terminé ses études secondaires au collège jésuite d'Orduña – comme Sabino Arana – et a obtenu son diplôme de droit à l'Université de Deusto en 1926. À 24 ans, il a ouvert un cabinet d'avocats avec son camarade de classe, Antonio Berreteaga, au numéro 2 de la rue Iturribide de Bilbao.

Il a commencé sa vie publique comme maire de Getxo et a ensuite été élu aux Cortes pour la Biscaye et la Navarre. En 1931, il dirige le mouvement des maires basques pour le Statut d'Autonomie d'Euskadi.

Le 7 octobre 1936, en pleine guerre civile, il est nommé, à une écrasante majorité, premier président du gouvernement autonome basque.

Le dirigeant d’un parti démocrate et chrétien

Le Parti nationaliste basque a des racines chrétiennes : il sera même l’un des fondateurs de la fédération européenne démocrate-chrétienne.

Affiche conçue par Aguirre pour les élections de 1936.jpg
Affiche conçue par Aguirre pour les élections de 1936 ©
Affiche conçue par Aguirre pour les élections de 1936.jpg

Quand Alphonse XIII cède la place à la république en 1931, les Basques proposent un statut d'autonomie approuvé par chacune des provinces basques sauf la Navarre où il y a eu des manipulations électorales. 

Mais Madrid marque sa défiance en traînant des pieds devant ces Basques qui veulent le rétablissement des anciens Fors, ce qui équivaut presque à une indépendance de fait, ainsi que la signature d’un concordat établissant des relations directes avec le Vatican.

Or la politique de la république était très hostile à l’Eglise et aboutira, à l’arrivée au gouvernement du Front populaire en 1936, à des persécutions sanglantes contre les chrétiens.

D’ailleurs un ministre républicain du PNV, Manuel de Irujo témoignera en 1937: « en dehors du Pays Basque, la situation de fait de l'église est la suivante : tous les autels, images et lieux de culte ont été détruits sauf de rares exceptions...toutes les églises ont été fermées au culte... Des édifices et des biens ecclésiastiques ont été incendiés, pillés et détruits, des prêtres et des religieuses ont été arrêtés, emprisonnés et fusillés par milliers... On est allé jusqu'à interdire la détention privée d'images et d'objets de culte...la police effectue des perquisitions avec violence »...

Par réaction à cette politique anti-chrétienne, la convocation du PNV à l’Aberri Eguna de mars 1932 était rédigée ainsi : «le jour de la Résurrection du Seigneur. Jour de la Patrie Basque. Un seul jour pour fusionner deux souvenirs chéris, etc.

Finalement, la destitution, le 10 juillet 1936, du président constitutionnel de la république le modéré Alcala Zamora et l'assassinat, le 13 juillet, par les Factions Révolutionnaires du chef de la droite parlementaire, le député Calvo Sotelo, aboutissent au soulèvement de Franco et au début de la guerre d'Espagne. Et en catastrophe, les Cortes votent le statut d'autonomie des provinces basques le 7 octobre 1936.

Le bombardement de Guernica avait été analysé dès 1938, de manière quasi-prophétique, par Jose Antonio Aguirre qui avait auparavant inauguré sous le chêne de Guernica la prestation de serment de ses successeurs, les présidents de gouvernement basque de l’actuel statut d’autonomie.

Dans « Le problème basque » qu’il avait édité en mai 1938 chez Grasset sous le pseudonyme du Dr Azpilikoeta (notre photo de couverture), Aguirre écrivait : « Il n’est pas nécessaire de s’étendre en considérations pour démontrer que le problème a dépassé les limites de la Péninsule pour se convertir en problème international. Les appétits de l’Allemagne et de l’Italie y jouent un rôle important, et ceci en vue d’une guerre future ».

En exil

 Relater son action pendant les neuf mois d’existence de ce premier gouvernement basque ou en exil demanderait l’écriture de plusieurs livres. Il réussit à quitter le territoire espagnol « in extremis », à bord d’un avion qui avait servi auparavant en Ethiopie lors de la guerre avec l’Italie. En juillet 1937, le Beech était racheté par Auguste Amestoy, créateur d'Air Pyrénées qui assura les liaisons entre la France et Bilbao. Le 24 août 1937, José Antonio de Aguirre et deux de ses ministres l’emprunteront pour quitter Santander vers Biarritz grâce au pilote Georges Lebeau. Il n’aura de cesse, dès lors, de défendre les intérêts d’Euzkadi, sur tous les continents, depuis la Roseraie à Bidart où était installé un hôpital pour les mutilés de son armée, le congrès des Etudes basques en 1947 à Biarritz et Bayonne, où il présenta une étude sur l’histoire du royaume de Navarre, jusqu’aux Etats-Unis où il fit de nombreuses conférences. Il publia en 1937 chez Grasset (sous le pseudonyme d’Azpilikoeta) « Le problème basque » où il relate les tentatives de négociations des Basques sous l’égide de la hiérarchie catholique espagnole.

Et la fondation sous son égide du groupe de danses et de chant Eresoinka témoignera avec talent du futur de l’âme et de la culture basque…

Aguirre mourut d'une crise cardiaque, à Paris, le 22 mars 1960, à l’âge de 56 ans. Sa dépouille fut transportée à Saint-Jean-de-Luz où il reposa une nuit dans la maison de Telesforo Monzón. Ses obsèques, impressionnantes, eurent lieu le 28 mars après une messe en l’église paroissiale de Saint-Jean-de-Luz. En mars 1980, au lendemain du référendum instituant le nouveau statut d'autonomie d'Euskadi et au soir des premières élections libres au Parlement basque, prenant ses fonctions, le lehendakari Carlos Garaikoetxea, son successeur, rendait un vibrant et solennel hommage à Jose-Antonio Aguirre, là même où le héros de la liberté basque avait prêté serment quarante-quatre ans plus tôt.

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