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Conférence
Bayonne : conférence de l’UTLB (& réflexions de l'auteur) sur la Saint-Barthélemy
Bayonne : conférence de l’UTLB (& réflexions de l'auteur) sur la Saint-Barthélemy

| Alexandre de La Cerda 986 mots

Bayonne : conférence de l’UTLB (& réflexions de l'auteur) sur la Saint-Barthélemy

La prochaine conférence de l'Université du Temps Libre de Bayonne aura lieu vendredi 2 février à 15h au Centre municipal de réunions, 10 rue Sainte-Ursule, à Saint-Esprit. Frédéric Bidouze, maître de conférences, présentera : « Comprendre la Saint-Barthélemy ». 
Le massacre de la Saint-Barthélemy du 24 août 1572 est un événement qui a marqué les consciences et l’imaginaire collectif jusqu’à nos jours : intolérance d’un pouvoir royal contre les protestants, ingéniosité machiavélique de Catherine de Médicis et sauvagerie d’un temps où la religion conduisait aux pires des tragédies. 

Pourtant, on sait moins qu’au-delà des milliers de victimes et de la légende noire, ce massacre inouï et son scénario sont une étape de la douloureuse marche de la loi de l’Etat contre la loi de Dieu. 
Frédéric Bidouze, maître de conférences en histoire moderne à l’UPPA, revient sur le massacre de la Saint-Barthélemy à partir des lieux dont il a tracé l’itinéraire dans un livre : "Paris, 18-26 août 1572. La Saint-Barthélemy. Massacre d’une rive à l’autre", Périégète, Pau, 2012 (réédition 2017).

Quelques rappels de l'auteur de ces lignes sur les massacres des catholiques par les protestants qui précédèrent la Saint-Barthélémy

Il convient cependant de rappeler que cette tragédie de la Saint-Barthélemy qui visait les protestants s’inscrit également dans une longue suite de persécutions dont les catholiques furent également les victimes de la part des protestants, et que l’on a souvent « beau jeu » d’ignorer, car jamais ne sont évoqués les pillages, les massacres et les sacrilèges perpétrés par les huguenots contre les catholiques. 
Leurs méfaits ont pourtant commencé bien avant la Saint-Barthélemy et même l’incident de Wassy, dix ans plus tôt, et ils dépassent amplement par leur nombre et leur abomination ce que les protestants ont subi des catholiques, persécutés et obligés de se défendre.

Parmi les nombreux exemples historiques figure l’attaque de la ville de Montpellier les 19 et 20 octobre 1561 par huit cents huguenots qui y avaient exterminé, selon les procès-verbaux, près de deux cent cinquante catholiques…

Massacre des catholiques à Nîmes, à la Saint-Michel (1567).jpg
Massacre des catholiques à Nîmes, à la Saint-Michel (1567) ©
Massacre des catholiques à Nîmes, à la Saint-Michel (1567).jpg

Sans oublier la « Michelade » de Nîmes le 29 septembre 1567 : alors que la régente Catherine de Médicis avait mis fin à un début de guerre entre catholiques et protestants français en signant avec ces derniers l'édit d'Amboise le 19 mars 1563, la noblesse protestante, craignant un rapprochement entre le pouvoir royal et le roi d'Espagne Philippe II, chef de file de la Contre-Réforme catholique, organisa un soulèvement à l'occasion de la Saint-Michel ; en ce 29 septembre 1567, cette « Michelade » déboucha sur la prise de plusieurs villes au prix de nombreux massacres de catholiques, comme à Nîmes où une centaine de personnes furent tuées dans la cour de l'évêché où elles s'étaient réfugiées.
Avec une certaine objectivité, le « Musée Protestant » expose des gravures qui illustrent ce massacre, avec le commentaire suivant :
« Les calvinistes organisent tout d’abord l’enlèvement des notables, civils, religieux et militaires, pour les emmener au cloître de l’Évêché de Nîmes où ils les mettent à mort. Les victimes sont appelées une par une par un religionnaire et entrent dans le lieu clos, où, après avoir été égorgées à coups de dague ou d’épée, elles sont jetées dans le puits. Les premiers appelés sont Guy et Grégoire Rochette l’avocat François de Gras et le père Jean Quatreba, prieur des Augustins (…) Les massacres continuèrent à Nîmes et hors de la ville »

La même année 1567 connaît d’autres assassinats de catholiques : à Alès, où sont tués sept chanoines qui chantent matines, deux cordeliers et plusieurs autres ecclésiastiques ; à Uzès, à Pont-Saint-Esprit, à Bagnols, à Viviers, à Rochefort… Ce sont cinquante villes environ qui, dans le Bas-Languedoc, tombent aux mains des protestants. En 1568, mêmes scènes de massacres à Gaillac et dans plusieurs villes de l’Albigeois. Le 24 septembre, les huguenots entrent par surprise à Saissac et y assassinent tous les prêtres. Le 24 août 1569, Jeanne d’Albret, faisant preuve de fanatisme après sa conversion au protestantisme, « fit daguer tous les seigneurs catholiques prisonniers à Pau. Ce fut la Saint-Barthélemy du Béarn ». Dans la nuit du 14 au 15 novembre 1569, nouveau massacre dans la ville de Nîmes : plus de 125 victimes ; la plupart sont jetées dans le puits de l’évêché. Ces quelques faits, ajoutés aux centaines d’autres, prouvent – s’il était besoin – que les victimes pendant les guerres de religion au XVIème siècle furent aussi et surtout catholiques. 

D'ailleurs, sur l’iconoclasme huguenot, Ronsard n'avait-il pas écrit ces vers dans « Continuation du discours des misères de ce temps » (1562) :

« Ils se disent enfants de Dieu, mais 
En la dextre ont le glaive, et en l’autre le feu, 
Et comme furieux qui frappent et qui enragent, 
Vollent les temples saincts, et les villes saccagent » 

En effet, l’ampleur des destructions opérées par les Huguenots est confirmée par tous les observateurs français et étrangers : 
- Un modéré, le juriste Étienne Pasquier, qu’on ne saurait accuser ni soupçonner de partialité, constate : « Où le huguenot est le maître, il ruine toutes les images, démolit les sépulcres, enlève tous les biens sacrés voués aux églises » dans Étienne Pasquier, « Recherches de la France », 1560-1621 ; « Lettres », 1619). 
- Et l’ambassadeur de Venise, que sa qualité de diplomate étranger haussait « au-dessus de la mêlée », témoigne dans le même sens : « Les novateurs ont détruit les temples et autres édifices sacrés en si grand nombre que dix années de revenus de la Couronne ne suffiraient pas pour les rebâtir » (dans « Relation des ambassadeurs vénitiens », t. II, p. 133). 

Ainsi, « L’histoire officielle commet un larcin honteux quand elle dérobe la palme du martyre aux milliers de victimes catholiques et la décerne (…) aux protestants tués lors de la Saint-Barthélémy », écrit encore Michel Feretti dans son ouvrage « Les victimes françaises du fanatisme huguenot » (éditions Saint-Rémi).

Espérons que Frédéric Bidouze saura maintenir « en équilibre » le fléau de la balance historique de ces temps troubles lors de sa conférence ce vendredi à l’UTLB...

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