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Littérature
Prix ​​des Trois Couronnes : Robert Mestelan pour ses si vivants récits de pèlerinage
Prix ​​des Trois Couronnes : Robert Mestelan pour ses si vivants récits de pèlerinage

| Alexandre de La Cerda 1008 mots

Prix ​​des Trois Couronnes : Robert Mestelan pour ses si vivants récits de pèlerinage

Notre prix de l'essai est attribué à Robert Mestelan pour sa remarquable série de livres sur les pèlerinages qu'il a effectués à pied, depuis ce premier "Voyage d'hiver" effectué en 1995, il y a vingt ans, le premier d'une longue série qui l'amèneront, par la suite, à parcourir plus de 20.000 Km à travers la France et l'Europe, et dont il publiera les récits colorés, émaillés de nombreuses rencontres et abondant en passionnants détails.  

C'est d'une ancienne famille de Villefranque qu'est issu le colonel (ER) Robert Mestelan : son père, quatrième garçon de la fratrie, partit d'abord travailler au Chili, chez des amis, avant de reprendre le bateau pour la France, comme beaucoup de jeunes basques, au déclanchement de la guerre de 14.
Engagé au 49ème RI de Bayonne et blessé au "Chemin des Dames", il fut soigné par une jeune infirmière qui devint son épouse : ils s'installèrent à Lahonce et donnèrent naissance à une nombreuse fratrie. 
- L'aîné, Jacques, fut très actif au sein du "mouvement eskualerriste" fondé dans les années trente par l'abbé Lafitte, avec un groupe de jeunes comme Pierre Amoçain, Eugène Goyheneche, Jean Dubosq, les frères Diharce et quelques autres : "suivant avec passion le cours d'Histoire du Pays Basque - qu'on appelait en réalité "cours d'Histoire régionale"- qu'il nous donnait, j'ai, grâce à lui, compris ce qui faisait la force et la grandeur de notre Euskal Herri"
- Un autre frère, Jean, fut élu à Lahonce comme "plus jeune maire de France en 1951" !
- Quant à Robert Mestelan, le père du mécène et collectionneur Olivier (nouveau propriétaire du château d'Arcangues), dernier de cette famille de huit enfants, il débuta ses études au collège du "Petit séminaire" à Ustaritz, et je ne résiste pas à rappeler son témoignage que nous avions publié à l'occasion du centenaire, marqué l'année dernière, de la pose de la première pierre cette remarquable institution éducative, particulièrement attaquée de nos jours :

Je cite Robert Mestelan : "dans le cortège lugubre des célébrations et des commémorations de notre temps, quel bonheur de trouver intacte la volonté de célébrer le jour où, en posant une pierre sur la colline sainte, nos anciens ont manifesté clairement leur volonté de rester chrétiens et de donner une éducation catholique à leurs enfants. Ils constituaient alors les restes d'un peuple malmené, chassé de Larressore, en butte à des persécutions antichrétiennes qui n'avaient rien à envier à celles que nous connaissons aujourd'hui avec l'avortement généralisé et la théorie du genre. Pourtant, la volonté d'un évêque, le courage et la détermination de tout un peuple, celui de la province du Labourd en Pays Basque, vinrent à bout des difficultés et parviendront à édifier un ouvrage grandiose sur les hauteurs dominant la Nive à Ustaritz.

Avec mes cinq frères, Jacques, Claude, Jean, René et Xavier, nous avons tous les six été élèves au Petit Séminaire. (Claude se destinait à devenir prêtre lorsqu'il a été arrêté et déporté dans un camp de concentration, à Neuengamm en Allemagne où il a disparu en 1944.) A ce titre, nous sommes tous redevables à Ustaritz de l'éducation chrétienne que nous y avons reçu. Elle a armé toute notre vie et reste jusqu'à notre mort le moteur de nos actions. Nos professeurs n'étaient pas tous des saints et pourtant, certains l'étaient et je n'ai jamais oublié le perpétuel mouvement des lèvres du chanoine Lasalle récitant son chapelet lorsqu'il nous accompagnait à la chapelle ni l'humour et la gaieté que l'abbé Lafitte nous communiquait en nous apprenant des chants Basques ainsi que la foi simple et le service des autres qu'il savait nous inculquer pendant les messes et les veillées des camps scout. Honneur et reconnaissance à tous nos professeurs qui, avec patience et dans la pauvreté, nous préparaient à entrer dans le monde pour y tenir notre place et affirmer notre vocation chrétienne".

Après ses études secondaires à Ustaritz, Robert Mestelan se prépara d'abord à entrer à l’école des Beaux-Arts en 1950, lorsqu’au cours de l’été survint brutalement la mort de son père. Passionné d’action grâce au scoutisme qui avait enchanté son adolescence avec ses frères, il gagna Saint-Cyr et entreprit une carrière militaire qui le mena aux confins Algéro-Marocains où il mènera des opérations de guerre et construira plusieurs postes dans la région de Colomb Béchar. Avant de revenir en Métropole où il travaillera, à la demande du Conservateur des Antiquités du Gard, au dégagement de deux tunnels dans la molasse conquillère de Sernhac qui contournaient une carrière antique en protégeant l’aqueduc Uzès-Nîmes : « le travail effectué avec une trentaine de soldats facilita le dégagement complet de ces deux tunnels qui permettent de comprendre l’ingénieux système de l’écoulement des eaux de cet aqueduc romain du Ier siècle après J.C. »  

Réhabilitant les murs de l'ancienne citadelle de Givet-Charlemont dans les Ardennes construite en 1555, il commandera ensuite - avec le grade de colonel - le 126° RI à Brive-la-Gaillarde avant de quitter, sur sa demande, le service actif en 1983 et s'établir dans un village de Provence où il acquit un mas au sommet du rempart de Velleron.

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Claudia et Robert Mestelan en pèlerinage ©
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Entretemps, Robert Mestelan avait hélas perdu sa première épouse, effectué un voyage de découvertes et d’études en Louisiane aux Etats-Unis où il rencontra l'aquarelliste Charles Reid. 
Dès lors, il se partagea entre deux passions, la peinture (*) et les pèlerinages : c'est sur le pont de Saint-Jean-Pied-de-Port, en route vers Compostelle, qu'il rencontra celle qui devint sa deuxième épouse.

Sillonnant désormais les routes de l'Europe chrétienne, ils ont bâti avec des équipes sur place une quarantaine d'oratoires avant d'entreprendre, sur la demande de l'évêque d’Avignon, Mgr Cattenoz, la restauration d’une église paléochrétienne du VIème siècle dédiée à Saint Hilaire dont il ne restait que quelques murs en ruines...

Mais, fidèle au Pays Basque de sa jeunesse, Robert Mestelan revient régulièrement pour l'Assomption dans la propriété familiale de Lahonce, désormais gérée par son fils Olivier.

(*) Exposant ses aquarelles dans divers salons et galeries (dont Bouscayrol à Biarritz), l'atelier "Lou Barri" de Robert Mestelan est situé à Velleron en Provence.

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