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Patrimoine
Ahusquy : les exploits des jeunes bergers, le souvenir d'Etchahun... et de Cocteau !
Ahusquy : les exploits des jeunes bergers, le souvenir d'Etchahun... et de Cocteau !

| Alexandre de La Cerda 816 mots

Ahusquy : les exploits des jeunes bergers, le souvenir d'Etchahun... et de Cocteau !

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Ahusquy : lancer de javelot ©
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Les fêtes d’Ahusquy auront lieu cette année le dimanche 21 août. 
La journée commencera à 10h30 avec la messe en plein air, suivie à 11h30 d’un spectacle de danse avec les jeunes danseurs d’Aussurucq puis d’un apéritif. 
À partir de 14h, l’après-midi verra se succéder une démonstration de lever de pierres puis le concours de chiens de berger et enfin les jeux ancestraux comme la course à la fontaine, le lancer de barre, etc. Des chanteurs seront présents pour animer la journée. 

Ce site splendide sert de cadre en août à des « olympiades » entre bergers : triple saut, jet de la barre (« palanka »), de la pierre, course et, autrefois, jet de la hache et de la pique.

Pour plus de renseignements, contacter la Commission syndicale du Pays de Soule au tél. 05 59 28 05 26.

L'occasion d'une « escapade » que nous vous proposons de débuter au pied du massif des Arbailles, à Aussurucq. Depuis le typique clocher trinitaire souletin et le château d’Urrutia dont les deux belles et massives tours du XVe siècle veillent sur le village. C’est là que naquit Pierre de Charritte de Ruthie, aumônier et conseiller de François Ier. Il inspira le sujet d’une pastorale jouée il y a quelques années.

Et à propos de cette famille, une légende affirme que « la terre s’ouvrit sous les pas du chevalier d’Urrutie en punition de ce qu’il avait quitté l’église pour la chasse, un jour d’office dominical »… Il paraît même qu’on voit encore cette crevasse où le chevalier disparut !

De fait, la route qui monte depuis Aussurucq aux pâturages d’Ahusquy à travers la splendide forêt de hêtres des Arbailles traverse un plateau calcaire dont l’altitude atteint 1282 m au pic d’Ihatia. Ce massif des Arbailles, traversé par de magnifiques gorges boisées où le sol est percé par endroits de nombreuses fissures, d’entonnoirs et de gouffres, dans lesquels disparaissent les eaux de ruissellement. C’est le paradis des spéléologues et de leurs clubs qui organisent d’extraordinaires itinéraires de canyoning souterrain. Et celui des préhistoriens !

Un spéléologue de Mauléon, Pierre Boucher, également correspondant scrupuleux des antiquités historiques et préhistoriques, aperçut en 1950 un « petit cheval rouge signalant un parcours difficile au bord d’une faille, à travers défilés boueux et ressauts vertigineux surplombant des lacs profonds, menant à d’autres dessins ».

A quatre cents mètres d’altitude, s’ouvrait la grotte d’Etcheberrikokarbia où des chevaux rouges sur tâche d’ocre gambadaient sur les parois en compagnie d’un bouquetin à moitié effacé, d’une jument pleine et de bisons.

A proximité, la grotte de Sasisiloaga (sur le territoire de la commune d’Ossas-Suhare) recelait d’autres dessins du Magdalénien, tracés à l’ocre rouge et dont le « crayon » qui avait servi à les élaborer gisait coincé entre deux stalactites ! Un burin en silex taillé, dont le biseau tranchant pouvait être utilisé pour graver, avait été ramassé sur le sol, au même endroit.

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La fontaine d'Ahusquy ©
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Une eau bienfaisante

Après avoir traversé la forêt, notre route débouche sur les pâturages et mène à l’Auberge d’Ahusquy. Cet endroit situé en pleine montagne est témoin au début de l’été de l’immuable rite de la transhumance des animaux depuis les vallées environnantes. Encore une petite montée et l’on aboutit à l’endroit où jaillit la célèbre source aux eaux chargées de silicate de soude et de potasse, de carbonate, de sulfate et de chlorure, contenant également fer, magnésium et iode. « Bortian Ahuzki, hur huntik oso ». Elle est saine, l’eau de la montagne à Ahusquy (Ahuzki), comme le proclame l’inscription sur cette fontaine qui constitue, avec la bonne auberge en contrebas, un exceptionnel endroit de randonnée dans la montagne souletine. Utilisée de tout temps par les bergers, le barde souletin Pierre Topet « Etchahun » de Barcus y menait ses troupeaux et noyait son chagrin dans de sublimes sanglots poétiques.

Ses propriétés curatives ont été révélées par le maréchal Harispe au début du XIXe siècle. Réputée parmi les plus gros mangeurs et buveurs du pays, la source était recommandée dès 1862 par le guide Joanne pour guérir « les affections de la vessie, les fièvres intermittentes, l’atonie des organes digestifs et les aberrations du système nerveux ». En 1919, Jean Cocteau qui avait déjà séjourné au Pays Basque chez les Rostand, décide de tenter l’ascension vers Ahusquy en compagnie du compositeur Louis Durey (l’aîné du « Groupe des Six » réunissant entre autres Georges Auric, Francis Poulenc, Darius Milhaud, Honegger, etc.) et de son frère Pierre. Les trois jeunes artistes y mènent « une vie simple et saine à traire les vaches et à manger le chou ». Pendant leur cure, Cocteau et ses amis se livrent à des « agapes en compagnie des bergers chanteurs ». Sur leurs motifs musicaux notés par Durey, Cocteau écrira ses « Chansons Basques ».

Là-haut, les chemins suivent la ligne des crêtes qui est le domaine des pottoks. 

A ce point de l’excursion, on peut choisir d’obliquer vers Iraty et le col d’Orgambideska ; ou bien de continuer la route vers Mendive, Ahaxe et Saint-Jean-le-Vieux, où l’on rejoint la grande voie de Saint-Jean-Pied-de-Port à Saint-Palais.

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Ahusquy : l'auberge actuelle ©
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Auberge des Baratçabal, début XXe siècle.jpg
Auberge des Baratçabal, début XXe siècle ©
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