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Musique
Saint-Jean-de-Luz : naissance du « Festival & Académie Ravel »
Saint-Jean-de-Luz : naissance du « Festival & Académie Ravel »

| Alexandre de La Cerda 1377 mots

Saint-Jean-de-Luz : naissance du « Festival & Académie Ravel »

Le festival « Musique en Côte Basque » et l’Académie Internationale de Musique Maurice Ravel, respectivement créés en 1960 et 1967, se sont rassemblés depuis 2017 autour d’une programmation commune. Après trois éditions coproduites, l’année 2020 concrétise la fusion des deux associations pour fonder le nouveau « Festival & Académie Ravel » qui sera consacrée lors d’une assemblée générale des deux associations le 12 septembre prochain. 
Pour Jean-François Heisser – qui aura participé entre temps à une « plateforme commune avec les danseurs du Ballet Malandain Biarritz » -, il s’agit maintenant « d’obtenir une fusion des deux événements dans des perspectives d’avenir ambitieuses ».
Or, cette année, c’est un remarquable concert qui remplacera la première édition du nouveau festival, empêchée de se dérouler dans son format prévu pour les raisons sanitaires connues et reportée en août-septembre 2021, avec l’ambition d’être d’emblée « la » grande manifestation internationale consacrée à Ravel.

Et ce concert exceptionnel symbolisera la naissance de cette nouvelle entité « Festival & Académie Ravel », le 15 septembre à 21h en l’église de Saint-Jean-de-Luz.
A cette occasion, le public retrouvera au piano les directeurs artistiques des deux événements désormais réunis, Bertrand Chamayou et Jean-François Heisser, dans un répertoire « tout Ravel » comprenant entre autres la « Rhapsodie Espagnole », « Ma Mère l’Oye », « Pavane pour une Infante défunte », « Jeux d’eau » et le célébrissime « Boléro » qui sera interprété par Katia et Marielle Labéque ainsi que l’ensemble Hegiak avec percussions, auxquelles s’ajouteront quelques chants basques, programme qui fera voyager au carrefour des trois cultures française, basque et espagnole, sources d’inspirations majeures du compositeur ziburutar.

Cet événement sera diffusé en direct par la chaîne Medici TV puis retransmis le 18 septembre sur Radio Classique.
Entrée 30 € (tarif plein) et 20 € (réduit & adhérents) placement libre - Réservation obligatoire à partir du 1er septembre sur www.festivalravel.fr et Offices de Tourisme du Pays Basque.

Des grands interprètes

A propos de Katia et Marielle Labèque qui joueront « Ma Mère l’Oye » et le « Boléro », j’avais écrit dans des portraits d’acteurs culturels au Pays Basque publiés par l’hebdomadaire « L’Express » (il y a près de vingt ans, déjà!) : « Où qu'elles se produisent, aux quatre coins de la planète, Katia et Marielle Labèque se retrouvent toujours dans la tiédeur lumineuse du matin basque inondant le jardin à gradins toscans de la villa Dorrea où, jusqu'à son dernier souffle, penchée sur le clavier, leur mère Ada réveillait la vocation des jeunes musiciens. Car la maison recèle encore l'image de l'entente et du bonheur, qui inspire les deux pianistes lorsqu'elles jouent tantôt de concert, sur le même clavier, ou bien en vis-à-vis, comme dans une fausse opposition, entre retenue et débridement, mais toujours étonnamment complices et indissociables, à l'unisson de leur virtuosité et du public enthousiaste ».

Et à propos de Jean-François Heisser : « Sous sa direction, une soixantaine de jeunes et brillants interprètes de différentes nationalités profitent de l'enseignement des plus grands maîtres de la musique, dans la quiétude et l'inspiration ravélienne propres à la baie de Saint-Jean-de-Luz. Car le pianiste «au coeur espagnol», interprète incomparable d'Iberia, aux multiples tournées à succès, explore Ravel en dépoussiérant son Académie et projette un hommage à Albéniz, à Cambo, où ce compositeur s'éteignit en 1909. Un génie du rythme sans faille et l'infinie palette de son toucher au clavier permettent à Jean-François Heisser de révéler toutes les merveilles d'expressivité de l'oeuvre abordée ». Depuis lors, il préside l’Académie Ravel et assure la direction musicale de l’Orchestre de Chambre Nouvelle-Aquitaine (ex Orchestre Poitou-Charentes). 

Quant à Bertrand Chamayou dont j’avais annoncé la bonne nouvelle de son intégration à l'équipe du Festival-Académie Ravel (« La lettre » du 14 mai) : luzien d'adoption et ancien élève de l’Académie, la carrière internationale de ce pianiste renommé ne cesse de s'affirmer. « Il a accepté pour notre plus grande joie l’invitation (à prendre en charge « Musique en Côte Basque » devenu le festival Ravel, ndlr). Bertrand incarne la jeunesse, le dynamisme, le talent ainsi qu’un engagement appuyé pour la musique de Ravel. Il arrive en temps de crise, mais nous mettons ensemble à profit cette période particulière pour travailler à la construction d’un avenir riche et ambitieux », s’était réjoui Jean-François Heisser qui précise encore qu’après trois éditions du Festival Ravel né en 2017 de la mutualisation des savoir-faire, compétences et dynamiques des deux associations « Musique en Côte Basque » et « Académie Internationale de musique Maurice Ravel », ces deux structures sont destinées à « se rassembler en une seule organisation qui puisse développer un grand événement européen, totalement reliéà l'esprit ravélien, ouvert sur la jeunesse et la transmission, ambitieux par une présence renforcée d'artistes internationaux, exigeant par l'originalité de ses programmes : un Festival-Académie totalement novateur dans le paysage français et européen.
Dans cette perspective, nous travaillons à la programmation d'un Festival 2021 prestigieux qui serait le lancement du grand évènement que nous appelons tous de nos vœux ».

Partageant désormais la co-direction artistique du Festival-Académie Ravel avec Jean-François Heisser, son ancien professeur, le pianiste Bertrand Chamayou - qui préside également le Comité d'organisation de Musique en Côte-Basque – se déclare « très heureux de rejoindre l’aventure du Festival-Académie Ravel, et ce, à plus d’un titre, car si Ravel est un de mes compositeurs de prédilection depuis mon plus jeune âge, beaucoup d’autres raisons personnelles me relient à ce projet. 

Tout d’abord Saint-Jean-de-Luz, qui est ma « deuxième maison » en quelque sorte - j’ai par ailleurs été un élève assidu de l’académie durant mon adolescence. 
Ensuite, Jean-François Heisser, qui a été mon professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, mais aussi bien plus que cela : une rencontre, décisive pour moi, et qui a orienté ma carrière pianistique. 
C’est une joie doublée d'une immense fierté de pouvoir travailler aujourd’hui à ses côtés à l’élaboration de ce projet, qui trace en quelque sorte l’histoire d’une filiation : Jean-François fut lui-même élève de Vlado Perlemuter, grand légataire de l’interprétation ravélienne ayant travaillé toute l’Œuvre pour piano avec le Maître, dont il possédait des versions annotées par lui, donc des notes transmises depuis Ravel sur trois générations…

Cet "alignement de planètes" ne pouvait que m’inciter et m’inviter à prendre part à cette aventure et à relever le défi de lui insuffler un sang neuf, afin que le nom de Ravel soit associéà un grand événement de niveau international. Et le Pays Basque se doit d’en être le ferment. Le compositeur, natif de Ciboure, affectionnait, plus que tout, ses racines dont il a porté les couleurs dans le monde entier en affirmant puissamment ses origines basques au travers de sa musique ».

Chamayou-Ravel, une belle complicité
Si à travers cette manifestation, Bertrand Chamayou désire « rendre pleinement justice au génie universel de Maurice Ravel », c’est bien parce que le compositeur ziburutar est l’un de ceux qui l’auront le plus marqué depuis son enfance : « Il est le tout premier auteur du XXème siècle que j'ai connu. La partition était celle des "Jeux d'eau". Je revois bien la scène », précisait encore le jeune pianiste lors d’une entrevue sur France Musique : « j'étais encore petit et un voisin de Toulouse qui était plus avancé que moi au piano me l'a montrée. Or cette partition est noire de triples croches, alors qu'à l'époque je ne jouais que des petits morceaux, je n'avais jamais dépassé en complexité les œuvres du style classique. 

Ce qui m'a interpellé, c'est le graphisme. Même avec mon niveau, je percevais qu'on pouvait décrire un élément, en l'occurrence l'eau, avec la musique. Rien qu'avec le graphisme, on le voyait : des gouttes d'eau se dessinaient sur la partition. Ça a été le point de départ de ma fascination pour Ravel et pour la musique du XXème siècle en général. Car j'ai, du coup, voulu tout connaître sur Ravel, plus tard j'ai abordé "Gaspard de la nuit", j'ai continué au Conservatoire de Toulouse, j'ai même eu les enregistrements de Vlado Perlemuter (qui fut l'élève de Ravel)... Très peu de temps après d'ailleurs, je suis alléécouter ce dernier en concert à Toulouse et il a joué "Jeux d'eau" en bis pour me combler. Aujourd'hui, "Jeux d'eau" est la première plage de mon intégrale Ravel, et ce n'est pas un hasard ».

En retrouvant prochainement Bertrand Chamayou, lauréat (entre autres) à quatre reprises des prestigieuses Victoires de la Musique Classique, les mélomanes se souviendront en particulier de sa magnifique interprétation du deuxième Concerto pour piano de Camille Saint-Saëns avec  l'Orchestre Français des Jeunes en septembre de l’année dernière à l’église de Saint-Jean-de-Luz. Et il découvriront avec plaisir son « Intégrale » des œuvres pour piano de Ravel éditée chez Erato.

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Katia et Marielle Labèque ©
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Répondre à () :

BETOURET Andree Jeanne | 07/07/2024 16:12

Entre la date du décès de Maurice Ravel et la création de L’Academie Maurice Ravel y a t- il une vie musicale à Sait-Jean-de Luz? Quels sont les interprètes?quelle vie culturelle?

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