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Cinéma
Retour au cinéma : Falling (112’) film canado-britannique de Viggo Mortensen
Retour au cinéma : Falling (112’) film canado-britannique de Viggo Mortensen

| Jean-Louis Requena 733 mots

Retour au cinéma : Falling (112’) film canado-britannique de Viggo Mortensen

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Viggo Mortensen salue la performance "remarquable" de Lance Henriksen dans "Falling" ©
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Un écran sombre. Des cliquetis qui égrènent le temps. Nous sommes dans un avion de ligne. A l’extérieur, c’est la nuit. Les passagers sont assoupis ou endormis. Un vieux monsieur s’agite, puis soudain jaillit de son siège et arpente l’allée centrale. Il semble désorienté, confus. Son fils, qui est à ses côtés, tente de le calmer et s’excuse auprès de l’hôtesse de l’air. Le père Willis Peterson (Lance Henriksen) toujours gesticulant, s’enferme dans les toilettes de l’avion. Il se met à fumer. Son fils John (Viggo Mortensen) intervient et tente de le ramener à la raison. Nous sommes en 2009. John ramène son père, vieil agriculteur esseulé du nord-est des États Unis, près de lui en Californie … Des images idylliques, mordorées, surgissent du passé : dans les années 60, Willis et John, son premier enfant, chassent le canard près d’un lac. C’est l’automne, la nature est belle, la jeune femme de Willis, Gwen (Hannah Gross) est enceinte. Le couple s’aime tendrement mais Willis a un caractère difficile, emporté : il déteste son entourage, se montre désagréable en société. La vie dans cette ferme isolée est difficile à cause de la tension que perpétue Willis. 

John comprend la détresse de sa mère et intériorise sa souffrance …

Californie 2009. Après le voyage agité, John a installé son père dans la maison où il vit avec son mari Éric (Terry Chen), un homme d’origine asiatique, et leur fille adoptive Paula (Ella Jonas Farlinger), une jeune latino. John, ancien militaire de l’US Force devenu pilote de ligne, et son mari Éric, infirmier, vivent en harmonie avec Paula dans leur belle demeure californienne. L’ambiance paisible irrite Willis qui éructe sans fin sur le couple homosexuel qu’il abreuve de remarques blessantes. John, calme, pondéré, évite tout affrontement verbal avec son père qui se montre de plus en plus odieux rejetant même l’idée de s’installer en Californie, « ce pays de pédés », qui a voté Barack Obama …

La logorrhée incohérente, agressive, injurieuse, de Willis dans une Californie honnie, fait émerger des scènes du passé douloureux de la famille Peterson sous forme de flashbacks centrés entre le fils et le père. Willis semble avoir des réserves inépuisables de misanthropie, de misogynie, d’homophobie. C’est un réactionnaire atrabilaire. L’Amérique de 2009 est haïssable, méconnaissable, à l’instar de sa « nouvelle famille ».

Au fil des jours, Willis, de plus en plus éruptif, fait grimper la tension chez ses hôtes …

Après une longue carrière cinématographique comme acteur (une soixantaine de films de 1985 à 2020), Viggo Mortensen (62 ans) nous propose son premier long métrage Falling (112’) projet en partie autobiographique (tous les premiers films le sont) vieux d’une vingtaine d’années. Falling est un film « humble » que Viggo Mortensen a eu du mal à monter financièrement malgré sa notoriété d’acteur (rôle d’Aragorn) dans la trilogie Le Seigneur des Anneaux (2001 à 2003) de Peter Jackson et ses multiples récompenses. Viggo Mortensen est un artiste à part, multicarte (acteur, réalisateur, scénariste, producteur, musicien, photographe, peintre et écrivain !) de surcroit polyglotte (il parle l’anglais, le castillan, le français et le danois couramment !).

Le réalisateur novice est également le scénariste de Falling. Le récit alterne en courts flashbacks des scènes de l’enfance et de l’adolescence de John (années 60/70) avec celles de sa cohabitation difficile avec son père âgé (2009). Le montage alterné un peu laborieux dans la première partie du film malgré un travail sur la couleur (chromatisme « chaud » pour le passé, « froid » pour le présent) se met en place pour la dernière partie du récit ou l’intensité du récit est à son paroxysme.

Les acteurs sont en tout point remarquables, en particulier Lance Henriksen (Willy, le père) acteur chevronné de 81 ans qui dans Falling a trouvé le rôle de sa longue carrière. Les films d’acteurs, à quelques exceptions près, sont souvent décevants car par trop nombriliste dans la majorité des cas. Avec Falling, Viggo Mortensen acteur attachant, à la filmographie éclectique, évite le piège tentant de se mettre trop en avant. Pour son premier opus, il reste intelligemment en retrait, mutique, se réservant pour une scène finale bouleversante.

Falling a été présenté au Festival de Sundance 2020 hors compétition. Il a obtenu le Label Festival de Cannes 2020 ou il figurait dans la compétition officielle … qui n’a pas eu lieu pour cause de Covid-19.

Avec Falling le cinéma en salle, le seul qui vaille, reprend ses droits quelque peu bafoués par ce « vicieux virus » !

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Viggo Mortensen recevant le prix d'honneur du Festival international de Saint-Sébastien, sept. 2020  ©
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"Falling" de Viggo Mortensen ©
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