0
Musique
Premiers émois musicaux : la violoncelliste Maitane Sebastián
Premiers émois musicaux : la violoncelliste Maitane Sebastián

| Maitane Sebastián 650 mots

Premiers émois musicaux : la violoncelliste Maitane Sebastián

Depuis "l'Arabesque" n° 1 de Claude Debussy perçue dans l'enfance lors d'une émission de télévision, les premiers jalons d'une belle trajectoire musicale !

Après l’organiste Thomas Ospital, le violoncelliste Yves Bouillier, l’altiste Olivier Seube, la pédagogue Elisabeth Lamarque et le pianiste Thomas Valverde qui ont évoqué leurs « premiers émois musicaux », voici la violoncelliste Maitane Sebastián qui nous conte ses débuts comme mélomane, avant même d’avoir le bonheur de vivre avec un violoncelle entre les mains :

Née à Pampelune, lorsque j'étais bébé, entre Led Zeppelin, King Crimson, Sting, Peter Gabriel, Tracy Chapman, la musique traditionnelle basque et autres Silvio Rodriguez de mes parents, parfois surgissaient sur la route des sonorités de cordes, lorsqu'ils cherchaient sur les ondes radio à changer de chaîne, notes sans doute échappées d’œuvres orchestrales dans les émissions classiques de la radio espagnole des années 80.

Ces sonorités mystérieuses me hantaient, et je me demandais de quelle sorte de machine il pouvait s'agir, capable de produire des sons caressant ainsi l'ouïe ; mais j'étais encore trop jeune pour être douée de parole et questionner mes parents pour en savoir plus.

À la même époque, dans l'immense téléviseur du salon apparaissait parfois une dame sur une petite lune. Cette dame semblait parler aux enfants, mais ses histoires étaient toujours faites de personnages dans des situations tout à fait surréalistes et incompréhensibles pour la toute petite fille que j'étais. Pourtant, secrètement, je l'attendais, ce hasard qui parfois m'amenait à tomber sur cette courte émission. Et c'est que la musique du générique était un véritable émoi musical, l'harmonie des sons me semblait magique au point de gonfler mon coeur comme jamais (au moins 8 ans après, lorsque j'ai commencé le piano, quelle émotion fut d'entendre mon professeur Sylvie Rambaud me donner à travailler cette oeuvre que je n'avais jamais oubliée et dont j'ignorais les références ! Il s'agissait donc de l'Arabesque n° 1 de Claude Debussy, aujourd’hui générique de ma propre émission de radio "Dominotes en Portées"!).

Et puis le jour de mes quatre ans arriva, et ce fut une révélation : toujours sur ce vieux téléviseur, quelque part dans notre "caserio" au fin fond des Pyrénées, apparaissait Jacqueline Du Pré et son violoncelle. Ce fut immédiat : si mes parents pouvaient m'en acheter un un jour, je leur dis qu'ils verraient, je saurais en jouer ! Et ainsi arriva la musique classique dans notre maison, avec ce sublime premier mouvement du concerto d'Elgar, puis mon envie de diriger, de composer. Bien sûr à l'époque, je dus patienter encore 4 ans de plus pour pouvoir disposer d’un violoncelle entre les mains (en Espagne il n'était pas possible de s'inscrire au conservatoire avant l'âge de 8 ans), mais en attendant mes parents m'amenaient à tous les concerts qui se présentaient, et toujours du premier rang, j'écoutais avec un insatiable émerveillement. A la maison tournaient des disques incroyables, de Bach à Stravinsky, et ainsi débuta un engouement pour l'œuvre de Mozart, mais aussi Brahms et bien sûr, les Suites pour violoncelle seul que Pau Casals avait sorties de l'ombre de l'oubli quelques décennies plus tôt.

Cette évidence que fut dès le début le violoncelle nous fit déménager lorsque j'avais 9 ans à Saint-Jean-de-Luz afin de suivre un cursus au Conservatoire de Bayonne où j'obtins mon prix quelques années plus tard dans la classe ďYves Bouillier, parallèlement à ma carrière d’enfant-actrice en Espagne. La rencontre avec Gary Hoffman en 2002 me fit me consacrer définitivement et entièrement à la musique.

Aujourd’hui, je donne des concerts principalement en Europe, en tant que soliste ou en musique de chambre, je fais partie de l'Ensemble Sésame (avec Ann-Estelle Médouze, super-soliste de l'Orchestre National d’Île-de-France, Naaman Sluchin, super-soliste de l'Opéra de Rouen, Barbara Giepner, alto solo à la Deutsche Staatsphilharmonie Rheinland-Pfalz et pianiste concertiste, et Julien Le Pape, également pianiste concertiste et soliste de l'Ensemble tm+, que tous les fidèles de l'Académie Ravel connaissent bien) ; j'enseigne également le violoncelle, la musique de chambre, et je dirige l'Orchestre Symphonique au Conservatoire de la Baie de Somme.

Légende : Maitane Sebastián, jeune violoncelliste

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription