Un hommage a été rendu aux victimes du bombardement de Gernika célébré en ces jours du 80e anniversaire. Des représentants d'institutions et d'associations ont déposé des couronnes de fleurs au cimetière où un survivant de l'attaque, Luis Iriondo, 91 ans, a rappelé qu’« une pluie de feu, de sang et de mort nous était tombée dessus », en appelant à l'arrêt des bombardements dans le monde et en évoquant les récentes menaces nucléaires de la Corée du Nord et la guerre en Syrie. Plus tôt, à l'heure où les premiers avions avaient survolé la ville, les sirènes antiaériennes et les cloches de la ville ont retenti, comme celles qui avertirent les habitants, le 26 avril 1937, du drame qui approchait.
A cette occasion, l’archevêque de Nagasaki Joseph Mitsuako Tamaki répondait à l’invitation de l’évêque de Bilbao Mgr Iceta et du curé de la paroisse Andra Mari de la ville pour la remise du Prix Gernika pour la Paix et la Réconciliation que les autorités du lieu décernent tous les ans aux acteurs de la paix dans le monde. Cette année, les récipiendaires sont le Président actuel de la Colombie, Juan Manuel Santos, le président des Farc, Rodrigo Candona, et le photographe de guerre Sanchez Gervasio.
En ce jour anniversaire douloureux dans la cité de Gernika, une messe a été dite pour les participants en l’église de la paroisse.
Les relations établies entre Gernika – Bilbao et Nagasaki avaient été initiées en 2010 lorsque l’archevêque japonais avait offert le buste de la vierge de Urakami vénérée au Japon comme symbole de paix, à la suite de l’apparition du visage de la Mère de Dieu après les bombardements, seul souvenir demeuré dans les ruines de l’édifice religieux, comme cette vierge immaculée trouvée dans l’église bombardée de Gernika et sortie des décombres de l’édifice après le passage de la légion Condor. Mgr Iceta s’était rendu au Japon pour les 70 ans du bombardement de Nagasaki - Hiroshima et avait fait à son homologue japonais le don d’un reste du retable endommagé lors de l’attaque militaire. Il ramena du Japon le buste de la vierge bombardée, ces deux images de la vierge douloureuse seront désormais entreposées dans l’église Andra Mari en souvenir de ces drames tragiques du passé pour les garder vivants par la mémoire et pour l’histoire !
François-Xavier Esponde
Eugénie
Pour visiter la région :
Du chêne sacré auprès duquel le Lehendakari (président du gouvernement autonome basque) jure les devoirs de sa charge jusqu’aux surfeurs dont le championnat international affectionne le "spot" voisin de Mundaka, voici l’itinéraire du tréfonds de l'âme basque, un bel intermède en complément de la modernité conquérante du Musée Guggenheim de Bilbao.
Large vallée fluviale ouverte aux humeurs océanes et pacifique irruption au sein d'un univers déchiqueté de falaises affrontant stoïquement les assauts marins : des palmiers auréolés de la douceur d'un soleil couchant automnal - se trouve-t-on au bord de quelque lac de la Suisse italienne ? - se gonflent soudain du "vent noir", de noroît, qu'agite une tempête d'équinoxe.
"On découvre ce qu'on crée, ce qu'on rêve, ce qu'on pêche dans le vivier du songe", affirmait Romain Rolland.
Dans cet extraordinaire vivier de la Ria de Guernika - ou de Mundaka, déclarée "réserve de biosphère par l'Unesco -, les rêves et la création de l'homme préhistorique dans les cavernes de Santimamiñe se liguent au souffle épique et cruel des luttes moyenâgeuses, que la passion romantique d'une impératrice des Français transformera à Arteaga en ce pastiche gothique si apprécié au XIXe.
Et le déluge de feu, d'acier et de mitraille déversé sur la "ville sainte des Basques" un 26 avril 1937 continue de nourrir les sculptures tourmentées de l'Anglais Henry Moore et du Basque Eduardo Chillida qui coudoient les beaux arbres du "Parc de l'Europe", en société avec le vénérable chêne patriarcal et ses rejetons, voisinant avec le parlement tutélaire et le musée d'Euskal Herria.
La Casa de Juntas montre les portraits des premiers seigneurs de Biscaye encadrant la prestation de serment de leurs successeurs, les souverains de castille.
Mêlant son autel et ses bénitiers aux sièges des députés, cette "église-parlement" use des accents de la guitare (exposée au musée contigu) du barde Iparaguirre pour chanter la nostalgie des vieilles libertés perdues au temps des guerres carlistes - Lege zaharrak - auxquelles Sabino Arana et son Parti nationaliste basque sauront donner la vigueur et la consistance d'un fort courant politique, largement répandu du haut en bas de l'échelle sociale.
Tout comme le "Cor" d'Alfred de Vigny avait sonné l'appel des Romantiques aux paysages pyrénéens, le chêne de Gernika attirait depuis la fin du XIXe siècle l'intelligentsia parisienne et cosmopolite - Paul Déroulède, Pierre Loti, jusqu'au marquis d'Arcangues qui manqua de se faire coffrer pour l'avoir chanté en Espagne, après l'avoir fredonné dans une réunion mondaine à Biarritz, devant la reine Nathalie de Serbie.
La Casa de Juntas est ouverte tous les jours de 10 h à 14 h et de 16 h à 19 h, entrée gratuite, tél. (00 34) 946 25 11 38.
A proximité, le musée d'Euskal Herria, ancien palacete de la famille Allende Salazar présente une vision didactique de l'histoire des provinces basques, celles du Nord incluses. Ouvert tous les jours de 10 h à 14 h et de 16 h à 19 h, sauf lundi, dimanche après-midi et fériés, entrée gratuite, tél. (00 34 946 25 54 51.
En ville, près de la mairie, le musée du bombardement de Guernika (entrée et visites guidées payantes).
Quatrième lundi du mois d'octobre, grande foire des produits ruraux.
Quelques km avant d'arriver à Guernika en venant de l'autoroute, signalons le coquet restaurant "Remenetxe" à Muxica, spécialisé en viandes et poissons grillés (tél. 00 34) 946 25 35 20, fermé le mercredi.
Aux environs, l'impératrice et les surfeurs
Avant que les surfeurs n'eussent investi leur spot préféré de Mundaka, sur la rive opposée (à moins de traverser le magnifique estuaire à la nage, on est obligée de revenir à Guernika pour franchir les eaux) les parages idylliques de la ria avaient séduit l'âme romantique de l'Impératrice Eugénie au point d'y dépêcher l'architecte en chef de la Couronne (bâtisseur de la Villa Eugénie à Biarritz) pour faire d'un vieux donjon délabré ayant appartenu à sa famille un pastiche néo-gothique que n'aurait pas récusé Louis II de Bavière...
Propriété privée, le château qui a encore gardé cheminée, vitrail de Didron et quelques N et E entrelacés de Napoléon III et d'Eugénie a été restauré pour devenir il y a quelques années un château-hôtel réputé. Le château de l’impératrice Eugénie (Hôtel Castillo de Arteaga) Calle Gaztelubide, 7 à Gauteguiz, tél. (00 34) 946 27 04 40
Nous ne saurions trop recommander de marquer une halte à Mundaka, petit port de pêche devenu le paradis des surfeurs, auquel fait face l'île d'Izaro, l'une des rares du littoral basque et objet d'un litige ayant donné lieu à une bien curieuse cérémonie en mer; tous les ans, à la Ste Marie-Madeleine, les autorités du port voisin de Bermeo (à visiter absolument) lancent depuis leur embarcation une tuile au large de l'île comme pour en marquer la possession, et ce depuis le XVe siècle !
On peut faire le trajet à Mundaka et Bermeo (depuis Bilbao ou même Irun) par les chemins de fer basques, le long d'un pittoresque parcours paysager, EuskoTren (http://www.euskotren.es).
Nombreux restaurants, dont le "Casino", avec sa galerie vitrée dans le style Baltard, d'où l'on découvre une vue imprenable sur l'océan, tél. (00 34) 946 17 70 56.
ALC
Arteaga, le château de l'Impératrice