Il y a 350 ans, le 16 juin 1675, Jésus apparaissait à sainte Marguerite-Marie Alacoque pour lui demander que le premier vendredi après l’octave du Saint-Sacrement soit dédié à son Sacré-Cœur. La cathédrale de Bayonne a accueilli les reliques de la sainte (nos photos). L'abbé Esponde nous détaille tous les éléments sacrés de cette fête religieuse :
La fête du Sacré-Cœur demeure dans la dévotion des croyants. Statue fleurie de nos églises, litanies et vêpres du Sacré-Cœur sont dans nos dévotions à la présence du Cœur aimant de Jésus que gardait cette fraîcheur limpide de la prière simple et personnelle. Nos pieuses dames catéchistes disaient le chapelet à Marie tout en regardant le Cœur de Jésus, souffrant, aimant et compatissant aux souffrances du monde. Selon les époques avant pendant ou après la guerre déjà et toujours, pour soulager et guérir les maladies, et les solitudes de la vie.
Cette année, lors de la clôture du jubilé de Paray-le-Monial ouvert par le pape François et clos par le pape Léon XIV, c'est le cardinal Bustillo, d'illustre origine navarraise, qui présidera à la demande du pape ces célébrations joyeuses et festives de juin 2025 en France.
Un tableau de 1750, "l'Apparition du Sacré-Cœur" de Robert Bichue (notre photo de couverture), conservé à Marseille au Musée d'Histoire, visualise à perfection le lien intime de Jésus portant de sa main ce Cœur bien écarlate vivant et altruiste, comme un don divin pour le fidèle. Avec une simplicité désarmante et spontanée, un don sans retour, sans regret, sans nostalgie.
Ce mois de juin suit le cours de mai des nombreuses fêtes mariales, et le Cœur de Jésus récompense et additionne à la dévotion de chacun, le bénéfice du Fils de l'homme pour le salut du monde.
Vendredi 27 juin prochain, dans toutes les églises consacrées au Sacré-Cœur - c'est le cas d'une chapelle à Hasparren, celle des Missionnaires basques d'antan -, on n'oubliera pas pour les moins jeunes des fidèles, les dévotions entretenues en cette communauté par les gens du lieu. Elle sera le signe de communion des Basques des deux rives de l'Atlantique, et au-delà des Pyrénées, pour les carlistes si attachés à leurs origines navarraises et basques.
Une femme pour l'histoire a reçu le bénéfice des apparitions de Jésus, il s'agissait de Marguerite-Marie Alacoque ; la peinture réalisée il y a 260 ans par un artiste normand, Robert Bichue, célèbre la consécration de la ville de Marseille au Sacré-Cœur lors de la peste de 1720. Miracle de la foi, "tous ceux qui prieront et adoreront le Sacré-Cœur divin obtiendront tout ce qu'ils demanderont" .
C'est bien ce qui se passe à Marseille dans la plus fidèle dévotion de la population attachée à ce culte. La peste s'arrête en cette année miraculeuse pour les Marseillais et les victimes de cet immense drame sanitaire qui fait tant de milliers de morts dans la France entière. Le pape Clément XI rédigea une bulle et indulgence en 1726 et l'on honora la fête du Sacré-Cœur le premier vendredi qui convient à l'octave du Saint-Sacrement et le peintre demanda à ses admirateurs : "dîtes un pater et un ave, pour celui qui a donné ce tableau".
L'inscription accompagne cette œuvre assez singulière qui n'entre pas dans les canons habitués de la peinture conventionnelle mais lui donne son caractère propre. De fait, le peintre ne se livre pas à une exposition des cadavres qui gisaient sur les sols de la ville, on l'oublie par devoir de résilience ? Sous le regard du Père et de l'Esprit, le Christ apparaît, montrant son Cœur à une foule à genoux, nombreuse, à des Chartreux, ainsi qu'à un prélat originaire de notre Pays Basque, Mgr de Belzunce, avec des fidèles qui prient.
Un souvenir inoubliable de la ville portuaire de Marseille. Le navire Saint Antoine venant de Syrie accoste. Chargé de soieries et de coton, l'équipage est soumis à la quarantaine, la marchandise à la vente écourtée, disent les chroniques du temps, mais la maladie a posé pied en Provence. Elle se répand, Henri François Xavier de Belzunce (1670-1755), une forte personnalité du temps, fit son possible pour venir en aide à une population affamée, sans défense, et promise à la mort. L'évêque basque en question s'était précédemment illustré dans une résistance spirituelle au jansénisme, une autre blessure de la santé humaine et spirituelle qui touchait les esprits et les cœurs des croyants en ce siècle éprouvé à Marseille, à Bayonne et dans la France entière.
"A Dieu ne plaise que j'abandonne une population dont je suis obligé d'être le père. Je lui dois mes soins et ma vie, puisque je suis son pasteur". L'évêque consacra la ville au Sacré-Cœur le 1er novembre 1720. Le miracle se produisit. Le mal fut éradiqué et l'année 1721, des dizaines de milliers de Marseillais célébrèrent la Fête-Dieu ou le Saint-Sacrement. En 1722, il y eut un regain de la maladie, sans procession dès lors. Et devant la demande pressante d'une sœur visitandine, le saint sacrement sera exposé hors de l'église, sur la terrasse de l'église des Accoules à Marseille, en invoquant la clémence céleste pour une cité traumatisée par la mort.
"Quelle main plus courageuse et plus pure pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du ciel", écrivit François René de Chateaubriand dans ses Mémoires d'outre tombe. Le virus de la peste fit des milliers de victimes et de corps meurtris, on n'en connaissait guère le traitement, on commença à en observer les signalements.
Dans l'amour se consumait la miséricorde et la douleur des victimes.
Mais en toute mission céleste, une femme, complice dans la Foi, accompagne les missions de Mgr de Belzunce. Anne Madeleine Rémurat est citée dans le récit historique. C'est la complicité de ces deux êtres qui permit de consacrer la ville de Marseille au Sacré-Cœur.
Cette dame visitandine avait fondé en 1717 l'Association de l'adoration perpétuelle du Sacré-Cœur de Notre Seigneur Jésus Christ. A l'heure de la consécration de la ville contaminée, la religieuse fit répandre sur ses proches le scapulaire, comprenez un collier de prière, portant l'inscription ; "O Cœur de Jésus, abîme d'amour et de miséricorde, je mets en Vous toute ma confiance et j'espère tout de Votre bonté". La religieuse qui n'est pas Marguerite Marie Alacoque mais sa fidèle successeur dans l'Ordre des Visitandines avait reçu à Paray-le-Monial lors de ses vœux de religion, plusieurs apparitions du Christ. Jésus lui montre son cœur et le fait reposer sur sa poitrine. "Mon divin cœur est si passionné d'amour pour les hommes et pour toi en particulier, qui ne pouvant contenir en lui même les flammes de son ardente charité, il faut qu'il les répande par ton moyen", cite le texte.
Une occasion de citer le dispensaire-orphelinat qui avait précédé à Bayonne l'actuel Musée Basque, et en face, dans la rue des Visitandines, cette congrégation féminine investie auprès des épouses, des mères et de leur progéniture.
En juin 1675, lors d'une troisième apparition, le Christ lui demanda d'instaurer une fête universelle de son cœur. "Voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes, qu'il n'a rien épargné jusqu'à s'épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour. Et pour reconnaissance, je ne reçois pour la plupart que des ingratitudes par des irrévérences et des sacrilèges, les froideurs et les mépris qu'ils ont pour moi dans ce sacrement d'amour". Ceci est dit et compris par les témoins !
La religieuse en subit les aversions et les refus, et se désola de voir que le Roi de France ne l'avait pas suivie dans sa demande de consacrer le pays au Sacré-Cœur mais la pratique de l'heure sainte se répandit et la fête du Sacré-Cœur s'institua dans les églises et les diocèses de France.
La consécration de l'Eglise de France à Marie, patronne des Français, semblait plus légitime que la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus demeuré l'apanage de fidèles marqués par les épidémies et les guerres, victimes du destin et des morts brutales. Une version somme toute proche des épreuves spirituelles et corporelles que le Cœur de Jésus consumera et la Mère de Jésus partagera sa vie durant.
Qu'en dira le cardinal Bustillo de la part du pape Léon XIV, un intérêt singulier aujourd'hui en temps de guerre et de menace nucléaire en ce monde enflammé ? L'histoire de l'église se remémorera de Paray-le-Monial et de Marseille et de beaucoup de champs de guerre portés par la dévotion des soldats au Cœur de Jésus.
Les propos préliminaire du pape contre les menaces de guerre, pour la paix seront-elles renouvelées et confortées sur la terre de France où la tradition de la spiritualité et de la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus est désormais pluriséculaire ?
On le saura très vite.
La présence d'un cardinal français, d'origine navarraise, venu porter la voix papale du Vatican n'est pas sans signification. Lo veremos, ikusiko bai dugu laster ! L'ancien archevêque basque de Marseille Mgr Belzunce, et bien après, Mgr Roger Etchegaray doivent observer l'histoire avec dilution. Mystérieuse et incroyable !