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Manifestation
Pampelune : un concert d’exception pour l’anniversaire de Sarasate
Pampelune : un concert d’exception pour l’anniversaire de Sarasate

| Alexandre de La Cerda 1006 mots

Pampelune : un concert d’exception pour l’anniversaire de Sarasate

À l'occasion de son anniversaire – Sarasate était décédé le 20 septembre 1908 - Pampelune organise un cycle musical en l’honneur de son compositeur-violoniste prodige, adulé autant dans son pays natal, la Navarre, que dans toutes les parties du monde où l’avaient mené ses nombreuses tournées internationales.
C’est le concert « Sarasate à l’esprit » qui constituera le point culminant de ce programme dimanche prochain 20 septembre à 19h30 dans le cadre historique du Palais du connétable Louis de Beaumont - « Palacio del Condestable » - qui date du XVIème siècle, au coin des rues calle Mayor et calle Jarauta.
Pour y assister, il convient de s'inscrire à l'avance au tél. (34) 948 21 25 75 (salle Civivox Condestable, places limitées en raison des mesures sanitaires).

Le duo Sarasate, composé de Jonathan Mesonero (violon) et Mercedes Medina (piano) a choisi un répertoire qui reflète l'énorme influence du violoniste navarrais dans l'histoire de la musique, en particulier certains compositeurs qui lui ont dédié leurs œuvres. 

Ainsi, en dehors même du merveilleux « Caprice Basque » Op.24 de Sarasate, les morceaux inscrits au programme rendront ce récital unique par leur rareté, depuis le « Rondó Lievanense » pour violon et piano de Jesus Monasterio (1836-1903, professeur de violon par excellence, fondateur de la Société des quatuors afin de diffuser les œuvres des classiques qui n'étaient pas encore jouées en Espagne) qui le dédia à « l’ami et collègue Sarasate »), le « Tango Op. 2 à Monsieur Pablo de Sarasate » d’Enrique Fernandez Arbos (1863-1939), jusqu’au « Capriccio Ofrenda a Sarasate » de Joaquín Rodrigo qui organisa en 1944 la commémoration du centenaire de la naissance de Pablo Sarasate. Sans oublier la première d'« El bosque azul » du compositeur contemporain Manuel Comesaña (né à Vigo en 1959, lauréat du Premier Prix de la Fondation Franz Liszt en 2007). 

Quant au violoniste Jonathan Mesonero qui interprétera ce répertoire avec l’accompagnement de la pianiste Mercedes Medina, la virtuosité, l'élégance de son archet et l’érudition de ce musicien à la réputation internationale le font jouer dans des festivals en Espagne, en Allemagne, en France, en Suisse, en Italie ou au Portugal et sur des scènes telles que la Berliner Philharmonie ou le Konzerthaus de Berlin, la Tonhalle de Düsseldorf, l'Auditorium national de Madrid, le Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, l'Espacio Turina, le Kursaal de Saint-Sébastien ou le palais Euskalduna de Bilbao...

Sarasate, le violoniste basque virtuose

C’est un des plus grands maîtres du violon de tous les temps, né le 10 mars 1844. A l’âge de douze ans, le sort décida à Bayonne de sa brillante carrière à venir.
Auparavant, déjà, sa notoriété grandissante ainsi que la recommandation de la Comtesse Espoz y Mina lui valurent de jouer en mars 1856 ‑ il venait d'avoir 12 ans ‑ au Teatro Real puis, au mois de mai, au Palais Royal devant la reine d'Espagne Isabelle II. La souveraine, conquise, lui accorda une bourse. Ce concert au Palais Royal de Madrid marqua en réalité pour lui le début d'une carrière prestigieuse dont la légende eut tôt fait de s'emparer ; on racontait que pour témoigner de sa foi en l'avenir du jeune prodige, la souveraine lui donna ‑ ou plutôt lui confia ‑ un Stradivarius qui valait vingt‑cinq mille francs‑or, avec cette condition qu'à la mort de son utilisateur, le chef d'œuvre retournerait à l'Etat espagnol. Ce Stradivarius devint son fétiche : pour ne pas s'en séparer, Sarasate en fit réaliser une petite réduction en argent massif qu'il portait en breloque, porte‑bonheur pour chacun de ses concerts. Or donc, profitant de la bourse accordée par la reine Isabelle, sa mère entreprit de l'accompagner au Conservatoire de Paris qui jouissait déjà d'une grande renommée, et où avait enseigné au début du siècle le Biscaïen Juan Crisostomo de Arriaga. En chemin, ils décidèrent de s'arrêter à Bayonne dans l'espoir d'y rencontrer Delphin Alard, directeur du Conservatoire de la ville, professeur de violon à Paris et soliste de la Chapelle de l'empereur Napoléon III.

Affrontant sans encombre les routes peu sûres et une fois la frontière franchie, les deux voyageurs tombent, hélas, dans une de ces épidémies de choléra qui affectaient régulièrement Bayonne. Sa mère succombant à l'épidémie en quelques heures, laissant son fils âgé de douze ans dans une ville qu'il ne connaissait pas ; par bonheur, un banquier qui remplira à Bayonne les fonctions de consul du Pérou mais qui pour l’heure était « apoderado » (c’est-à-dire fondé de pouvoir) de la reine Isabel II, s'intéressa au sort du jeune orphelin. Et malgré les ordres du père réclamant le retour de son fils, Ignacio Garcia y Echevarria, originaire de la même ville que son protégé, entreprit de faire poursuivre au jeune garçon son chemin vers le conservatoire de Paris. 

Célèbre dans le monde entier, il accomplit de grandes tournées internationales. Mais c’est dans sa villa « Navarra » à Biarritz qu’il était le plus heureux : parmi ceux qui reçurent des leçons dans la petite annexe au fond du jardin de la villa, figurait le tout jeune Jean Cocteau, qui décrira plus tard « les larges moustaches, la chevelure grise abondante, les chaînes de montre, les pantalons à pattes et les bottes vernies, qui le faisaient paraître tel un lion vêtu de dompteur » de Sarasate.

En 1906, le violoniste écrivait encore à l’un de ses amis : « à peine de retour de mes trente concerts en Angleterre, je repars demain par le Sud‑Express, pour me nettoyer les poumons à la villa. J'en ai avalé une quantité, de brouillard et de fumée de charbon ! Allez, vous aussi, venez vous éclaircir les voies respiratoires et manger des huîtres…»

Hélas, deux ans plus tard, Sarasate fut victime d’un emphysème pulmonaire dont les premières atteintes avaient déjà arrêté net son archet au début de la « Sonate à Kreuzer » : c’était à Darmstadt en 1907 ! Il mourut dans sa villa le 20 septembre 1908.

A voir : le musée Sarasate au "Palacio del Condestable" au coin des rues calle Mayor et calle Jarauta - tél. (34) 948 42 01 00 et 
948 21 25 75
A lire : "Sarasate, le violoniste basque virtuose" d'Alexandre de La Cerda, collection "Carré Musique" chez Séguier (2001)

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Le violoniste Jonathan Mesonero ©
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Pablo de Sarasate ©
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