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Tradition
La Mission spirituelle et humanitaire à la fois, dès son origine
La Mission spirituelle et humanitaire à la fois, dès son origine

| François-Xavier Esponde 1155 mots

La Mission spirituelle et humanitaire à la fois, dès son origine

Le terme Mission garde ses deux visages spirituel et humaniste, dans le religieux et le civil de toute coopération à l’étranger auprès de populations autochtones.

La Bible et la lecture évangélique du texte la désigne comme “un envoyé tout premier du Fils jésus par le Père et le don de son Esprit.”
Dans les Actes des Apôtres, cette intention est explicite, par l’envoi de Jérusalem dans le monde de l’empire romain, de ces messagers du verbe dont Paul de Tarse est l’un des plus talentueux.
Une évolution dans le vocabulaire initialement modeste, annonce de l’Evangile, prédication, propagation de la foi qui se greffent dans une dimension plus élargie de la mission auprès des Gentils, les non-juifs et tous les “convertibles”.

Il faudra attendre le XVIème siècle pour donner à ce terme son universalité avec la découverte du Nouveau Monde du continent américain, et accompagner les Portugais dans les comptoirs asiatiques lors de leurs expéditions commerciales et religieuses.
Telle sera la grande aventure jésuite autour de Francisco de Xavier de Navarre et de ses premiers compagnons.

Mais les dominicains et les franciscains ont déjà posé pied en Asie et rencontrent des communautés plus anciennes remontant aux premiers apôtres et à leurs descendants, telles celles en Inde, des malabars...
Allez ! De toutes les nations faites des disciples !, disait Matthieu au chapitre 28,19.

Suivant une pensée théologique révisée depuis, “les missionnaires s’en vont pour arracher les âmes non baptisées à la damnation.”
Il s’agira de convertir les païens autochtones tournés vers le panthéisme et les religions polythéistes issues de la Mère terre.
Le mouvement missionnaire porté par les papes successifs se propagera sur tous les continents, surtout dès le XIXème siècle, non sans volonté d’assurer une prédominance auprès des populations par la religion chrétienne sur l’islam, la diffusion de la culture française et les échanges commerciaux avec les populations.

Catholiques et Protestants adopteront la même ambition, dès la fin du XVIIIème siècle et parfois quelques rivalités d’influences sur le terrain seront inévitables.
Là où les catholiques construisaient écoles, dispensaires et chapelles, les protestants y ajoutaient leurs propres établissements avec une volonté avouée “de pratiquer les langues vernaculaires et la propagation de la foi” dans les parlers autochtones.
Telle fut la nouveauté protestante en ces contrées où l’on répétait le latin comme langue liturgique exclusive.

L’Evangile, la parole inspirée se répandit par contagion, capillarité, de bouche à oreille .
Dès les VIème et VIIème siècles, les saints Patrick et Colomban viennent évangéliser les régions européennes depuis l’Angleterre, et le Royaume Uni actuel, au prix de leur sang bien souvent, avec une volonté farouche de s’opposer aux cultes locaux de la vieille gaule, peu disposée à y concéder.
Dès les XIIIème et XIVème siècle, les villes se créent dans les campagnes de la vieille Gaule et la proposition de la foi endosse bien souvent le glaive et la brutalité pour obtenir gain de cause.

Un rapport complexe cependant, tandis que les dominicains et les franciscains sillonnent les campagnes du pays, la connaissance du terrain des populations instruit les religieux des difficultés à vouloir imposer une religion inconnue pour le nombre sans des contreparties pour les populations.
partage rendus nécessaires.

Des XVIIIème et XIXème siècles, on retient en lisant l’histoire des Missions européennes et universelles, un désir d’aller à la rencontre, comme l’avait fait François d’Assise avec le Sultan de Jérusalem et des autres religions telle l’islam, le bouddhisme et l’hindouisme en Asie.

Non sans contraste pour l’Eglise liée aux pouvoirs politiques et compromise dans ces activités comme l’usage de la conversion de force, l’esclavage obtenu des populations, le négoce des déplacés, et le prosélytisme de la conversion dont il faudra plus tard constater les dégâts sur les autochtones, devenus rebelles et résistants aux méthodes employées.
L’exemple du dominicain Bartolomé de Las Casas au XVIème siècle en Amérique latine est resté dans les mémoires.
Non sans difficulté le religieux fit partager en son Ordre le premier, sa défense des cultures locales amérindiennes, “pour renoncer à imposer l’évangile à la force des armes, et par les modes de vie occidentaux des échanges contraints des biens et des sujets.”

Par l’histoire de la Mission, on découvrit ainsi les ambivalences de fait, des a prioris des missionnaires venus de l’étranger avec leur “credo” autoritaire et des “locaux” peu ou prou à pactiser sans renoncement avec les méthodes appliquées sur les autochtones.

Ceux-là mêmes qui relatent cette histoire aujourd’hui observent cependant le flux de rapports inter personnels qui purent se mettre en place au fil du temps, inversant désormais la définition de la mission Occident/Orient, Europe/Afrique, en des envois Fidéi Donum - don de la foi, où chacun dispose de sa propre qualification de la mission, somme toute différente en raison de son origine et de son histoire ! L’inter-culturalité observée depuis le Concile Vatican II est de la sorte “l’aggiornamento le plus visible de l’église catholique.”

La diffusion de la multiplicité des langues et des cultures du monde a désormais sa place reconnue dans la propagation de la foi des fidèles, sans exclusive ou sélection.
Elle inspire le dialogue œcuménique sur le terrain, où catholiques, protestants et orthodoxes disposent de réseaux d’échanges, de supports visuels et numériques de plus en plus développés, de centres de formation à la mission communs ou partagés.

En Asie, en Amérique il est coutumier de disposer de canaux de TV, de diffusion par satellites, de programmations spécifiques sur la Mission qui pour nous apparaissent encore propagandistes de la foi, peu ou prou acceptables dans l’espace public !
Une nette évolution constatée et sollicitée et par les autochtones ayant pris en main par eux mêmes l’avenir de leur église, et par les “étrangers envoyés pour la mission” à qui il est demandé une meilleure connaissance préalable du pays d’accueil, des langues et des modes de vie, Ce qui pour les Occidentaux à l’étranger, et pour des étrangers venus en nos pays, change profondément les pratiques traditionnelles de ce travail de la mission en toutes latitudes de la terre.

Il est à parier en sus que la complexité inter culturelle et générationnelle qui existent entre l’Europe, l’Afrique, l’Asie actuelle ne requalifie légitimement le contenu de la Mission “ad gentes” disait-on jadis, qui requiert désormais une bienveillance sensible des susceptibilités de chaque pays, avec sa propre histoire dans ses commerces avec les étrangers et pour ce cas, les affaires religieuses elles mêmes qui ne se soustraient de ces précautions nécessaires.

En ce début de millénaire bien engagé désormais les esprits ont pu évoluer au sujet de la Mission en ses contreparties civiles comme spirituelles, religieuses et économiques.
Certains enjeux sociétaux, écologiques dus au réchauffement climatique et les questions démographiques, alimentaires qui s’en suivent, posent à frais nouveaux des défis universels aujourd’hui auxquels les “missionnaires contemporains” ne peuvent se soustraire par la globalité des problèmes existants et l’universalité des solutions nécessaires !

Photo de couverture : « Miracles de saint François Xavier » par P. P. Rubens, 1617-1618 (Vienne, Musée de l'histoire de l'art).

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