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Histoire
Juin 1879 - juin 2021 : la mort du Prince Impérial commémorée à Biarritz
Juin 1879 - juin 2021 : la mort du Prince Impérial commémorée à Biarritz

| Alexandre de La Cerda 874 mots

Juin 1879 - juin 2021 : la mort du Prince Impérial commémorée à Biarritz

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Le Prince Impérial en Angleterre (collection de l'auteur) ©
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Télégramme envoyé à Bayonne pour annoncer la mort du Pce Impérial (collection de l'auteur) ©
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Après la perte de son époux, l’Impératrice Eugénie fut terrassée le 1er juin 1879 par la mort de son unique enfant, le Prince Impérial, tué par les Zoulous : désormais, chaque 1er juin, une messe pour l’âme du Fils de Napoléon III et d’Eugénie est célébrée à la Chapelle Impériale de Biarritz. 

Pourtant, l’histoire avait commencé sous les meilleurs auspices, depuis la naissance de Louis-Napoléon le 16 mars 1856 et le séjour estival de la famille impériale à Biarritz où la « cohue cosmopolite » qui avait toujours entouré Eugénie - et qui avait constitué l'assise du renom touristique de Biarritz - n'avait pourtant guère empêché les contacts sincères avec la population, tant en ville que lors des ballades dans le pays, et beaucoup de témoignages relatent l'enthousiasme que déchaînait le passage des souverains.

En particulier, « tout le monde était charmé de la gentillesse du Prince Impérial et de la grâce qui distinguait ses manières. Les années précédentes, les petits garçons et les petites filles étaient admis à partager ses jeux ; ils folâtraient pêle-mêle dans les dépendances de la villa. Cette année (1865), les choses ont changé ; les petits garçons, seuls, sont admis à jouer avec le jeune prince ; les petites filles s'amusent à part »...

Sur la plage du Port-Vieux, en même temps qu'il apprend à nager, le Prince Impérial s'amuse aussi à construire des fortifications de sable dans la gaieté générale d'un groupe de petits garçons de son âge, fils de pêcheurs et de « baigneurs » biarrots ; un dimanche, même, les petits matelots revêtus pour la circonstance d'un élégant costume de marin, offrirent à leur impérial camarade de jeux une jolie corvette portant le nom de « France », parfaitement construite et gréée, posée sur un char antique et ornée de charmantes décorations, présent de la commune de Biarritz au jeune prince…

Mais très vite, le prince manifesta des préoccupations plus sérieuses : le 1er octobre 1867 – il était âgé de onze ans - les gazettes locales rapportaient la visite du jeune garçon à la caserne de gendarmerie de Bayonne. « Le Prince a examiné les logements du premier étage, s’est entretenu avec plusieurs gendarmes et avec leurs familles et a eu pour chacun une bonne parole, un sourire grâcieux. S. A. I. a tenu à se rendre compte de tout ce qui constitue l’ensemble d’une caserne de gendarmerie : logements, écuries, magasin, salle d’école, sellerie, elle a voulu tout voir. Le prince s’est aussi fait représenter un pistolet de gendarme et l’a longtemps examiné ; enfin, il semblait se trouver à l’aise à la caserne et n’avait nulle hâte d’en sortir : il savait qu’il ne trouvait là, comme dans toute l’armée, que des cœurs dévoués »

Ces relations privilégiées avec le monde militaire, le Prince Impérial les gardera toute sa vie, jusqu’à l’exil de la famille impériale en Angleterre où il passa son adolescence. Et après Sedan, il ne lui resta d'autre solution que de servir un pavillon étranger, celui de la Grande-Bretagne dont la souveraine, la reine Victoria, entretenait des liens étroits avec sa mère, l’impératrice Eugénie.
Car, sa demande de servir la France sous l'uniforme de son pays natal s’était heurtée à un refus par crainte de quelque restauration de l’Empire – qui conservait encore de chauds partisans -, et le prince se résolut à endosser celui de l’Angleterre. 

Tué par les Zoulous en Afrique du Sud

A l'automne 1872 le Prince Impérial est admis à l'Académie militaire royale de Woolwich pour devenir officier d'artillerie, à l’exemple de son illustre grand-oncle, Napoléon Ier.
Or, les difficultés rencontrés par les armées britanniques au Zoulouland, où servaient envoyés ses camarades d'école, incitèrent le prince à demander son incorporation dans le corps expéditionnaire britannique. La grande réticence de l'impératrice Eugénie était partagée par la reine Victoria, dont il était le filleul ; le Premier ministre anglais était également opposé à la présence d'un prétendant au trône de France au sein des armées britanniques, mais l'insistance et la sincérité du jeune prince eut raison des obstacles.

Le 1er juin 1879, il participe à une mission de reconnaissance à cheval avec quelques hommes. Lors d'une halte au bord d'une rivière où elle se croit en sécurité, la patrouille est surprise par des guerriers zoulous. Une fusillade éclate et deux soldats britanniques perdent la vie. La lâcheté de son supérieur, le capitaine Carey, qui s'enfuit à cheval devant les Zoulous avec le reste de la troupe le laisse seul et désarmé contre une armée d'indigènes. Le prince tente de regagner sa monture mais la sangle de selle, qui fut utilisée par son père lors de la bataille de Sedan et que le prince tenait à utiliser, est hors d’usage et cède sous son poids. Il chute alors violemment. Son bras droit est piétiné. Il n'a plus pour arme qu'un pistolet, qu’il ne peut manipuler que de la main gauche. Il succombe transpercé de dix-sept coups de lance des Zoulous.

C'est le grand chambellan de la reine, lord Sydney, qui annonça la triste nouvelle à l'impératrice Eugénie que la reine Victoria entoura avec affection en organisant des funérailles solennelles et en faisant édifier un monument mémoriel sur le lieu de la mort du prince où, encore aujourd'hui, des cérémonies franco-zélandaises sont organisées. Un télégramme annonçant la mort du prince fut expédié à Bayonne...

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La Villa Eugénie à Biarritz (collection de l'auteur) ©
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