Le Feu sacré descend chaque année à la veille de la fête de la Résurrection du Christ selon le calendrier julien (cette année Pâques sera célébrée le 16 avril).
Il apparaît à Kuvuklia (du grec "paix" et "chambre"), une chapelle à l'intérieur de l'église du Saint-Sépulcre de Jérusalem, qui a été érigée sur l'espace où, selon la tradition, Jésus-Christ a été crucifié, enterré et ressuscité. Ensuite, le feu est transporté (par avion) dans différents pays.
Le retrait du feu symbolise la sortie du tombeau de la "vraie lumière", c'est-à-dire Jésus ressuscité. Le rite consiste dans le fait que lors de la célébration de Pâques, le feu sacré est allumé sur le tombeau de Jésus-Christ dans l'église du Sépulcre à Jérusalem, puis transféré aux croyants
L'historique du Feu sacré
Le feu sacré sert de symbole de Pâques et de foi pour des millions de chrétiens orthodoxes à travers le monde. Selon des sources documentaires, les premières preuves de la descente du Feu Sacré remontent au IVème siècle. La reine Hélène, mère de l'empereur romain Constantin Ier, s'était rendue en Palestine. Selon la tradition, le Saint-Esprit l'avait conduite à l'endroit où se trouvait le tombeau du Christ et une fois la croix érigée à l'endroit où Il avait été crucifié, Constantin Ier débuta la construction d'une église qui s'est ensuite transformée en une magnifique basilique, devenant un symbole de l'adoption de la foi chrétienne par l'Empire romain.
Afin de construire ce complexe religieux chrétien, il fallut d'abord détruire le sanctuaire d'Aphrodite (Vénus) que les païens auraient délibérément construit sur le lieu de repos du Christ afin d'effacer toute trace de la présence du dieu chrétien. L'église byzantine alors érigée par Constantin Ier fut consacrée en 335 et nommée "Anastasis" ("Résurrection"). Gravement endommagé lors de l'invasion perse en 614, elle fut complètement détruite en 1009 par le calife égyptien Al-Hakim bi-Amrullah, irrité par la cérémonie chrétienne de la descente du feu sacré, qu'il considérait comme frauduleuse.
En 1048, la grande rotonde encadrant le tombeau est reconstruite, et cent ans plus tard, les croisés y érigent un majestueux temple romano-gothique qu'ils rebaptisent « Saint-Sépulcre ».
La tradition indique encore que le feu sacré est apparu au IVème siècle à la suite de la prière de saint Grégoire sur la tombe de Jésus-Christ pendant la fête de
Pâques : Grégoire aurait soudainement vu briller une lumière qualifiée de miraculeuse et devenue un symbole de la renaissance de la vie et de l'espérance.
Une autre tradition fait état de l'apparition du Feu sacré grâce à un ange descendu sur la tombe de Jésus-Christ afin d'y allumer le Feu sacré.
Comment se déroule ce miracle
L'après-midi du Samedi Saint, à la veille de la célébration de la Résurrection de Jésus-Christ, une lumière bleutée commence à émaner de la dalle de pierre sur laquelle le corps du Christ était autrefois posé. Elle s'élève vers le haut, formant une colonne - une colonne de feu. Deux bougies sont allumées à partir de ce feu, qui allument à leur tour des centaines d'autres. Mais avant cela, une cérémonie est lancée par les représentants de l'Église arménienne qui ouvrent les portes du temple. Vient ensuite le patriarche arménien, qui ne participe pas directement au service, mais est présent à la cérémonie avec des représentants d'autres confessions.
Cette année, la Descente du Feu Sacré est attendue le Samedi Saint 15 avril. Cela se produit généralement entre 13h et 15h, heure de Jérusalem.
Au cours des 16 derniers siècles, avant chaque jour de Pâques orthodoxe, de nombreuses personnes devinrent témoins de cet événement, qui attire d'année en année l'attention du monde entier.
La cérémonie
La litanie (du grec "cérémonie de l'église") du Feu sacré commence la veille de la Pâque orthodoxe. A ce moment, des milliers de personnes, quelle que soit leur appartenance confessionnelle ou religieuse, se rassemblent en prévision de la descente du Feu dans l'église du Saint-Sépulcre à Jérusalem.
Le service commence par une procession des hiérarques qui se rendent à la Kuvuklia, la contournant trois fois. Lors de cette cérémonie, toutes les sources de feu sont éteintes - bougies et lampes. Au milieu du lit du sépulcre vivifiant, une lampe éteinte avec de l'huile est placée. De plus, des morceaux de coton sont disposés sur tout le lit du Saint-Sépulcre et un ruban adhésif est posé le long des bords.
Ce n'est qu'après une inspection stricte de la police israélienne pour la présence de sources d'incendie que la Kuvuklia (la chapelle au-dessus du Saint-Sépulcre) est fermée et scellée. Le patriarche de Jérusalem entre dans la Kuvuklia dans une soutane en lin afin qu'on vérifie qu'il n'apporte rien avec lui dans la grotte qui puisse allumer un feu.
Au cours des différentes années, l'attente du "déclenchement" du feu a duré en moyenne de cinq minutes à plusieurs heures. Selon des témoins oculaires, avant que le Feu sacré ne descende, le temple commence à s'illuminer d'inexplicables éclairs de lumière.
Alors le Feu descend soudain dans la chapelle de Kuvuklia : une lampe à huile et 33 bougies sont allumées (selon le nombre d'années terrestres de la vie du Christ). à A ce moment, les bougies entre les mains des croyants peuvent parfois, s'enflammer spontanément.
Le patriarche quitte la Kuvukliya avec des bougies allumées, à partir desquelles les ecclésiastiques et les croyants proches allument d'abord leurs bougies, puis transmettent le feu à d'autres.
Toutes les personnes présentes au service notent que dans les 10 à 15 minutes qui suivent la descente, le Feu ne brûle étonnamment ni la peau ni les cheveux, malgré le fait que les bougies brûlent assez rapidement. Passé ce délai, la flamme du feu commence à brûler.
Qui peut assister à la cérémonie ?
La capacité de l'église du Saint-Sépulcre est d'environ 10 000 personnes. En même temps, l'église est divisée en six églises chrétiennes : arménienne, grecque orthodoxe, catholique, copte, syrienne, éthiopienne.
Cependant, les clés de l'église du Saint-Sépulcre sont historiquement détenues par une famille musulmane, dont les représentants l'ouvrent et la ferment tous les jours depuis des siècles.
Cette année, la police israélienne a érigé des barrières métalliques pour contrôler le mouvement de la foule. En raison du grand nombre de personnes qui souhaitent se rendre au service, on ne peut obtenir un laissez-passer spécial qu'avec un groupe de pèlerins, ou dans le cadre d'une délégation officielle de l'État.
De nos jours, le miracle de la descente du Feu Sacré est retransmise à la télévision et sur Internet.
Le sens de la convergence du Feu Saint
La descente du Feu Sacré symbolise pour les chrétiens la purification, la délivrance des ténèbres des passions, l'émergence de la "vraie lumière" et la résurrection de Jésus-Christ, libéré du tombeau.
Pour les croyants, c'est d'abord l'occasion de prier dans l'église même de la Résurrection à Jérusalem. Et pour les personnes qui sont à des milliers de kilomètres, le transfert du Feu sacré à l’église où ils célébreront Pâques leur permet de participer au service divin accompli sur le lieu de sépulture et de résurrection de Jésus-Christ, le Fils de Dieu ».
Toujours selon la tradition, il y eut trois cas dans l'histoire où le Feu sacré n'est pas descendu.
- La première eut lieu en 1101, lorsque le Samedi Saint, le miracle du Feu sacré ne s’accomplit pas à Kuvuklia tant que les chrétiens orientaux furent empêchés de participer à la cérémonie. Après cela, selon l'histoire, le roi Baudouin Ier ordonna que les chrétiens locaux soient rétablis dans leurs droits.
- Le deuxième incident similaire eut lieu en 1579, lorsque le patriarche Sophrony IV et les prêtres orthodoxes avaient été écartés de la cérémonie. Ils sont restés debout devant les portes fermées à l'extérieur du temple, tandis que le clergé de l'Église arménienne était entré dans la Kuvuklia en commençant des prières qui cependant ne furent pas exaucées. Au même moment, les prêtres orthodoxes qui se tenaient aux portes du temple priaient également. Soudain, il y eut un bruit, la colonne à gauche des portes du temple se fissura, et le Feu Sacré en sortit, qui alluma des bougies dans les mains du patriarche. Des traces de convergence de feu sont encore visibles sur cette colonne.
- Le dernier incident se produisit à une époque plus récente, du Mandat britannique sur la Palestine. Traditionnellement, les jeunes Arabes chrétiens participent au sacrement : lorsque les portes de la Kuvuklia sont scellées, ils commencent à chanter, danser et battre des tambours, puis, assis l'un sur l'autre, ils avaient fait irruption dans la basilique. Or le gouverneur britannique avait un jour ordonné de mettre fin à ce « tapage ». Après cela, le patriarche avait prié pendant deux heures, mais le Feu n'était pas descendu. Le patriarche demanda alors de laisser entrer les jeunes chrétiens arabes, et leur rituel accompli, le Feu était descendu.
La descente du feu sacré a lieu exclusivement pendant la célébration de Pâques selon l'ancien style. C'est pourquoi le patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem, malgré le calendrier liturgique lié au nouveau style, continue strictement à adhérer à la tradition de l'ancien style de célébration, dates associées aux fêtes pascales.
Il existe une légende selon laquelle l'année où l'allumage miraculeux du Feu sacré ne se produira pas, l'Antéchrist viendra et les derniers temps avant la fin du monde commenceront. Bien qu'une telle prophétie ne figure pas dans l'Apocalypse du Saint Apôtre Jean le Théologien, beaucoup de fidèles dans le monde regardent si le Feu sacré descend ou non chaque nouvelle année.