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Nos disparus
In Memoriam : Jean Darnel, le chantre de la renommée musicale sur la côte basque
In Memoriam : Jean Darnel, le chantre de la renommée musicale sur la côte basque

| Alexandre de La Cerda 723 mots

In Memoriam : Jean Darnel, le chantre de la renommée musicale sur la côte basque

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Jean Darnel avec Teresa Berganza ©
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Tous les mélomanes attachés au festival « Musique en côte basque » (qui vient de fusionner cet été avec la session de l’Académie Ravel) regretteront Jean Darnel qui en fut une pierre angulaire et un remarquable pourvoyeur de grands interprètes parmi les plus célèbres de la scène musicale internationale, à commencer par le pianiste virtuose Aldo Ciccolini auquel le liait une belle et ancienne amitié. 

Jean Darnel était né en 1923 à Bayonne et y avait grandi dans les années trente. Faisant d’abord de la figuration en vue de devenir comédien, il se présenta à Marcel Achard qui l'orienta vers le théâtre des Mathurins où il débuta comme figurant dans « Dieu est innocent » de Lucien Fabre le 1er juillet 1942. On le voit également comme figurant dans « Les Visiteurs du soir » : il est le page qui verse de l'eau sur les mains de Jules Berry lors du banquet des noces. Jean Darnel racontait qu'il était impressionné et tremblait au moment de verser l'eau !

Heures de gloire à Saint-Jean-de-Luz et sur la côte basque 

En 1945, au théâtre du Châtelet, au profit des orphelins de la Résistance et dans une mise en scène de Maurice Lehmann, en alternance avec Pierre Cressoy, Jean Darnel jouera le rôle-titre de « L'Aiglon » d’Edmond Rostand, remplaçant au pied levé Jeanne Boitel, alors enceinte.
Elève de Pierre Fresnay, il abordera dès lors une riche carrière d’acteur, de metteur en scène, directeur artistique, professeur et conférencier.
C’est à cette époque, en 1949, qu’entre ses rôles au théâtre, Jean Darnel viendra écouter à Biarritz le jeune pianiste Aldo Ciccolini, lauréat du célèbre concours de piano Long-Thibaud. Et après le concert, il rencontrera dans la loge du pianiste l’hôtelier et futur maire de Saint-Jean-de-Luz (de 1961 à 1971), Pierre Larramendy, également amoureux de musique, qui invitera Aldo et Pierre pour des « moments inoubliables d’amitié et de musique » dans son hôtel de Chantaco.

Et dans le fil de leur rencontre, Pierre Larramendy et Jean Darnel collaboreront ensemble en septembre 1960 afin d’organiser les festivités du tricentenaire du mariage de Louis XIV avec l’Infante d’Espagne en l’église Saint Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz. Avec des reproductions costumées de l’événement au château d’Urtubie, du théâtre et des concerts ainsi qu’une intéressante exposition historique, la ville et ses alentours vécurent à l’heure du Roi-Soleil. C’est ainsi que naîtra le premier festival et la fidélité de Ciccolini, d’abord à la « Grande Semaine de Saint-Jean-de-Luz » (avec entre autres, Jean Piat dans « Le Mariage de Figaro », Robert Hirsch dans « Amphitryon », Louis Seignier et Jacques Charon dans « Le Bourgeois Gentilhomme », venus jouer à Saint-Jean-de-Luz, ainsi que Elisabeth Schwartzkopf, Alexandre Lagoya et Pierre Fresnay, l’ancien maître de Jean Darnel, et même une conférence avec Giscard d’Estaing), puis à « Musique en septembre » et « Musique en Côte basque » qui abandonneront le théâtre pour se consacrer entièrement à la musique classique et s’étendre aux alentours : Anglet, Ascain, Bayonne, Biarritz, Ciboure et Urrugne. 

Quant à l’hôtel Chantaco, il connut ses heures de gloire dans les années 60/70 avec Arthur Rubinstein, Aldo Ciccolini, Philippe Entremont, Samson François, Jean Marais, Barbara Hendricks, Montserrat Caballe, Jessye Norman et bien d’autres célébrités qui se croisaient dans ses salons pour en faire l’un des lieux les plus élégants de la Côte Basque sous la direction de Pierre Larramendy… 

C’est également le maire de Saint-Jean-de-Luz qui créera en 1967 l’Académie Ravel, en lien et en complémentarité avec le festival, grâce aux héritiers de Maurice Ravel, la famille Taverne : d’une part, les musiciens déjà renommés au festival de musique, et de l’autre, les jeunes apprentis à l’académie, avec de grands solistes comme enseignants.

Quant à Jean Darnel, il créera encore les nouvelles « Chorégies d’Orange » (avec Jacques Bourgeois), les « Fêtes Romantiques de Nohant » (dont il sera directeur artistique jusqu’en 1990), et « Musique en Côte Basque » dont il assuma la direction artistique depuis 1960 jusqu’à il y a quelques années. Directeur de l'Ecole Supérieure d'Art Dramatique de la ville de Paris (ESAD) et inspecteur des Conservatoires, il avait créé avec l'aide de l'Etat et de la ville de Paris l'Association pour l'Insertion Professionnelle des Jeunes Artistes (IPJA) qu'il a dirigée pendant 22 ans, et garda un cours privé (créé avec Jacques Charon en 1966) jusqu’à il y a peu de temps, tout comme son émission « le Libre journal du spectacle » assurée depuis 1996 sur Radio Courtoisie. R. I. P.

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