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La Langue Basque
Hélette : réception de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque, Euskaltzaindia
Hélette : réception de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque, Euskaltzaindia

| Baskulture/Alexandre de La Cerda 978 mots

Hélette : réception de Jon Casenave à l'Académie de la langue basque, Euskaltzaindia

C'est ce samedi à la salle Agerraldi de Hélette que le nouvel académicien d'Euskaltzaindia, le linguiste lehunztar (originaire de Lahonce) Jon Casenave, prononcera son discours d'entrée en  évoquant l'euskara, la langue basque qu'il a héritée de son pays et de sa famille, ainsi que le travail important des écrivains basques classiques. Et c'est la vice-présidente de l'Académie, Itxaro Borda, qui  lui répondra au nom de l'Académie. 

Précédant la cérémonie, un cortège dansant accompagnera les académiciens et autres représentants invités vers la salle Agerraldi où la chorale du village interprétera la chanson Heletarrak de Telesforo Monzon, avant la lecture des discours. Le président d’Euskaltzaindia, Andrés Urrutia, et le maire de Hélette, Philippe Etchepare, accueilleront les participants puis donneront la parole à Jon Casenave qui lira son discours d'entrée intitulé : "La langue basque et la littérature basque, tel une longue corde". Au cœur du discours se trouvera la langue basque ; le nouvel académicien évoquera aussi son enfance, sa jeunesse, la langue basque vivante qu'il a héritée de son village et de sa famille, et surtout la riche collection d'écrivains classiques basques qu'il a pu étudier ces dernières années. 

Itxaro Borda, vice-présidente de l’Académie de la langue basque, répondra ensuite à Jon Casenave. En écho à son discours, celle-ci abordera également les auteurs classiques, leur valeur et leur caractère actuel dans la littérature basque. Elle soulignera également la présence des femmes dans les listes habituelles des classiques basques sans oublier de rappeler le travail effectué par Jon Casenave pour la promotion des auteurs de la fin du XIXe et du début du XXe siècle.

Enfin le nouvel académicien basque prêtera serment et recevra la médaille, le diplôme et l'emblème d’Euskaltzaindia des mains de son Président.

Jon Casenave est né à Lahonce (province du Labourd) le 4 juillet 1957. Titulaire d'un doctorat en études basques à l'Université Bordeaux Montaigne dont il est professeur émérite et membre du laboratoire Iker, il avait été nommé académicien correspondant par Euskaltzaindia le 31 janvier 2003. Membre de la commission de travail sur le dictionnaire d'Euskaltzaindia (1987-1989) ainsi que de la commission de recherche littéraire (1993-2017), Jon Casenave est l'auteur de dizaines d'articles de recherche et, parmi les livres qu’il a publiés, on peut citer : De l'article de presse à l'essai littéraire (2002, UNED) ; Euskal literaturaren historiaren historia (2012, Utriusque Vasconiae) ; et Euskal literaturaren historiaren historia. Gurea nola konda ? (2021, Euskaltzaindia).

Euskaltzaindia, l'Académie de la langue basque

L’académie de la langue basque était née comme branche scientifique autonome de la Société d’études basques Eusko Ikaskuntza lors de son premier congrès tenu à Oñati du 1er au 8 septembre 1918, à l’initiative de la Députation de Biscaye.

Alphonse XIII à Oñati en septembre 1918, prélude à la création d’Euskaltzaindia .jpg
Alphonse XIII à Oñati en septembre 1918, prélude à la création d’Euskaltzaindia .jpg ©
Alphonse XIII à Oñati en septembre 1918, prélude à la création d’Euskaltzaindia .jpg

Le roi d’Espagne Alphonse XIII, président d'honneur de la manifestation, avait participé à l'acte inaugural, en encourageant dans son discours : 
« l'étude et la promotion de tout ce qui peut contribuer à l'avancement et au progrès du pays ; cultivez votre langue, le millénaire et vénérable euskera, joyau précieux du trésor de l'humanité, que vous avez reçu de vos parents et que vous devez léguer, indemne à vos enfants ; étudiez votre histoire pour qu'elle ne s’avilisse jamais ; améliorez vos champs, faîtes croître vos industries, répandez votre commerce, enrichissez vos précieux acquis dans les arts et les sciences »

Et le 26 février 1976, soit à l’avènement du roi Juan Carlos, Euskaltzaindia a été reconnue officiellement en Espagne en obtenant le statut d'« Académie royale » (Real Academia). Dans la république française, l'Académie n’a été reconnue « d'utilité publique » qu’en 1995, soit 19 ans plus tard...

Assurer l'avenir de l'euskara

Euskaltzaindia, 1927.jpg
Euskaltzaindia, 1927 ©
Euskaltzaindia, 1927.jpg

Dès sa création, Euskaltzaindia s'était donné comme objectif de constituer une langue littéraire. Déterminer une orthographe, actualiser le vocabulaire, définir des axes communs à tous les bascophones et bien d'autres sujets devaient être abordés pour que l'euskara ait un avenir. Mais on n'arrivait pas à se mettre d'accord sur comment faire l'euskara batua, en fonction de quoi, quelles priorités, sur quoi se baser. Ils craignaient de perdre la richesse des dialectes de l'euskara.
Légende de la photo ci-contre : Réunion en 1927 à l'Euskaltzaindia. Haut: Orixe, Jean Elizalde, Seber Altube, Julio Urkixo et Erramun Olabide. Bas: Juan Bautista Eguzkitza, Bonifazio Etxegarai, Resurreccion Maria Azkue et Georges Lacombe.

La nécessité de l'euskara batua se fit plus prégnante dans les années 60. Txillardegi, entouré de quelques autres, assuma cette tâche. Ils constituèrent un groupe de travail qui travailla pendant près d'un an, au Petit Bayonne, sous la houlette d'Euskal Idazkaritza. Enfin, les résultats des travaux de ce groupe constituèrent la première base de l'euskara batua, qu'ils présentèrent à une quarantaine de défenseurs de l'euskara réunis dans les locaux d'Euskal Idazkaritza.

Euskaltzaindia à Arantzazu, 1972.jpg
Euskaltzaindia à Arantzazu, 1972 ©
Euskaltzaindia à Arantzazu, 1972.jpg

Légende de la photo ci-contre : il s'agit des membres de l'Euskaltzaindia réunis en 1972 au sanctuaire d'Arantzazu dont la bibliothèque conserve nombre d'ouvrages en euskara : haut de gauche à droite : Koldo Mitxelena, Iratzeder, Jean Haritschelhar, Alfonso Irigoien, Luis Villasante, Jose Mari Satrustegi, Patxi Altuna et Imanol Berriatua. Bas : Juan San Martin, Jose Luis Lizundia, Joseba Intxausti et Xabier Kintana. 

En dehors des travaux habituels concernant l’étymologie et la publication de dictionnaires - je me souviens en particulier de la présentation à l’Université de Bayonne, il y a quelques années, et avec traduction simultanée en français, d'un « Dictionnaire historique et étymologique basque » -, les « euskaltzain » (académiciens) sont souvent sollicités lors de nouvelles dénominations de lieux.

Par exemple, lors de l'adoption par la Communauté d’Agglo Pays Basque d'une convention de partenariat reconnaissant Euskaltzaindia comme l’institution fixant les normes linguistiques de l’euskara. La signature de cette convention par Jean-René Etchegaray, président de la Communauté Pays Basque et Andres Urrutia, président d’Euskaltzaindia, concernait entre autres les règles toponymiques régissant la désignation des lieux sur le territoire, l’Académie répondant aux demandes de la Communauté Pays Basque via l’Office public de la langue basque. L’institution veille également à faire connaître les travaux de l'Académie.

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