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Cinéma
En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (suite)
En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (suite)

| Jean-Louis Requena 1115 mots

En attendant la réouverture des cinémas : il était une fois… Sergio Leone / première partie (suite)

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Sergio Leone et Clint Eastwood sur le tournage de "Pour une poignée de dollars" ©
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Route de la trilogie du dollar de Sergio Leone ©
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La Trilogie du dollar (1964/1966)

Pour une poignée de dollars (1964)

En 1964 le cinéma italien est en crise. Le cycle des Péplums avec ses acteurs culturistes, américains bodybuildés s’achève. Les westerns tournés en coproduction italo-espagnole de mauvaise qualité ne font pas recette mais demeurent à cause de leur bas coût de fabrication toujours rentables. Sergio Leone vient de se marier : il faut qu’il travaille. Une petite société de production italienne lui propose de tourner un western en Espagne pour un budget global ridicule de 200.000 dollars. Il accepte et travaille sur un script fort mauvais : Il magnifico straniero (le Magnifique Étranger) avec des comparses dont Luciano Vincenzoni (1922/2013), surnommé le « script doctor » son grand ami et Duccio Tessari. Pour espérer un succès en salle il faut des acteurs de westerns américains : James Coburn (1928/2002) est trop cher, Charles Bronson (1921/2003) trouve le scénario (hâtivement traduit en anglais) stupide, Henri Fonda (1905/1982) n’est même pas contacté par son agent … Finalement Sergio Leone choisi un jeune acteur qui interprète un cow-boy dans une série américaine en noir et blanc : Rawshide (217 épisodes de 1959 à 1965). Le jeune acteur de 34 ans dont la carrière ne décolle pas à Hollywood et qui accepte un cachet peu élevé (15.000 €), se nomme Clint Eastwood (1930). Il devient « l’homme sans nom » ou Joé. Un étranger (Clint Eastwood) sans nom arrive dans une petite ville mexicaine. Il apprend grâce à l’aubergiste que deux clans se disputent le pouvoir sur la ville : Les Baxter, dirigés par le shérif, John Baxter (Wolfgang Lukschy) et les Rojo avec comme chef Ramon Rojo (Gian Maria Volonté – crédité John Wells). L’étranger sans nom va manipuler les deux clans à son profit …

Sergio Leone signe le film sous le pseudonyme anglo saxon de Bob Robertson en hommage à son père Vincenzo Léone réalisateur connu sous le pseudonyme de Roberto Roberti. Le film sorti dans de mauvaises conditions à Florence devient rapidement un immense succès d’abord italien puis européen. La critique notamment française assassine le film qui porte désormais son titre d’exploitation : Per un pugno di dollar (Pour une poignée de dollars – 100’) premier « Western Spaghetti » digne de ce nom.

Dès son premier western Sergio Leone impose sa marque de fabrique : Gros plans des protagonistes et plans d’ensemble grâce au procédé italien Techniscope proche du Cinémascope mais moins coûteux (2 perforations par image au lieu de 4 … donc 2 fois moins de pellicule). Ce procédé permet grâce à de nouveaux objectifs une profondeur de champs jamais vue au cinéma : possibilité de visualiser sur la même image un tireur et sa cible humaine (ou non). A cela il faut ajouter l’importance de la musique d’Ennio Morricone composée avant le tournage ce qui permet de régler le rythme des scènes en fonction de celles-ci sur le plateau. Enfin une direction artistique (décors et costume) de Carlo Simi (1924/2000) génial architecte, scénographe, décorateur et costumier qui collaborera avec Sergio Leone sur tous ses longs métrages. 

Le film est une transposition transparente du film japonais Yojimbo (Le Garde du corps – 1961) du grand réalisateur Akira Kurosawa (1910/1998) qui fera un procès aux producteurs qui ne croyaient pas au succès phénoménal du film. Tout finira par d’arranger, sauf pour Sergio Leone qui affirmera toujours ne pas avoir gagné d’argent avec Pour une poignée de dollars.

Et pour quelques dollars de plus (1965)

Face au succès de son précédent opus, une nouvelle coproduction (Italie-Espagne-Allemagne de l’Ouest) propose de tourner un second western dans la veine de Pour une poignée de dollars avec la même équipe technique et artistique. Le budget a été triplé : 600.000 €. Clint Eastwood est d’accord pour la reprise du rôle de « l’homme sans nom » d’autant que la série américaine Rawhide s’achève en décembre 1965. Son cachet est quadruplé : 60.000 € ! Dans le sud-ouest des États-Unis, deux chasseurs de primes concurrents, le Manchot (Clint Eastwood) et le colonel Douglas Mortimer (Lee Van Cleef) pourchassent un bandit psychopathe Ei Indio (Gian Maria Volonté) …

Et pour quelques dollars de plus est un succès mondial (15 millions $ de recette au États-Unis) ou le film est sorti sur les écrans après la bataille juridique des droits autour de Pour une Poignée de dollars. Clint Eastwood devient un acteur de premier plan et Lee Van Cleef (1925/1989) qui avait arrêté sa carrière cinématographique, rebondit, surtout en Italie, ou il jouera dans de nombreux westerns.

Le Bon, la Brute et le Truand (1966)

Sergio Leone n’a pas l’intention de faire un autre « western spaghetti ». Mais devant l’immense succès de ses deux précédents films le studio américain United Artist contacte le scénariste principal du réalisateur Luciano Vincenzoni pour acheter les droits de ses œuvres dont une autour de la Guerre de Sécession. Les producteurs proposent beaucoup d’argent à Sergio Leone assorti d’un budget encore jamais vu en Italie : 1,3 millions $ ! Pas moins de cinq scénaristes dont Sergio Leone et Luciano Vincenzoni se mettent au travail. Durant la Guerre de Sécession (1861/1865) trois canailles, as de la gâchette, sont à la recherche d’un magot de 200.000 €. Dès le générique d’Il buono, il brutto, il cattivo (le Bon, la Brute et le Truand – 178’ – version longue), le récit présente les trois personnages : Le truand (Tuco, Eli Wallach), la brute (Sentenza, Lee Van Cleef) et le bon (Blondin, Clint Eastwood). Soit, un arlequin, un méchant, une fripouille. C’est un récit picaresque autour de la recherche du trésor perdu, caché. Clint Eastwood dont c’était sa troisième participation n’a pas apprécié de partager la vedette avec deux comédiens chevronnés : Lee Van Cleef, mais surtout Eli Wallach dont le rôle est le plus développé. Durant le tournage en extérieur en Espagne dans le désert d’Almeria, il dit peu amène au réalisateur : « Au début j’étais à peu près seul ; Puis on était deux. Et maintenant nous sommes trois. Je vais finir avec un détachement de la cavalerie ».

Le chef opérateur Tonino Delli Colli qui travaille pour la première fois avec Sergio Leone en Techniscope, éclaire magnifiquement les scènes exterieures ou intérieures.

La trame sonore du film, déjà très élaborée dans les deux précédents opus de Sergio Leone, est ici sublimée par le compositeur Ennio Morricone : cris d’animaux, détonations, onomatopées, sifflements (Alessandro Alessandroni) etc. Chaque personnage a un son différent (leitmotiv) lorsqu’il apparait ou disparait de l’écran : flûte soprano pour Blondin, ocarina pour Sentenza et voix humaine pour Tuco. A noter aussi l’apparition de la voix soprano soliste de Edda Dell’Orso (1935) qui colore d’une vision lyrique l’histoire picaresque des trois personnages.

Le film sorti dans tous les pays, grâce au distributeur américain United Artist, connait un triomphe mondial. Clint Eastwood (36 ans) devient une star mondiale. 
Fin de la première partie

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