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Cinéma
En attendant la fin du confinement : Le Dictateur (1940) de Charlie Chaplin (2ème partie / fin)
En attendant la fin du confinement : Le Dictateur (1940) de Charlie Chaplin (2ème partie / fin)

| Jean-Louis Requena 955 mots

En attendant la fin du confinement : Le Dictateur (1940) de Charlie Chaplin (2ème partie / fin)

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"Le dictateur" de Charlie Chaplin ©
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Le tournage du "Dictateur" ©
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Le Dictateur, scénario et tournage

De 1938 à la veille du tournage, Charlie Chaplin élabore un scénario qui dépasse les normes habituelles hollywoodiennes (300 pages !). Durant la Première Guerre Mondiale dans un pays imaginaire Tomainia (ressemblant à l’Allemagne), un soldat ordinaire (Charlie Chaplin) sauve la vie d’un officier pilote de chasse (Reginald Gardiner). Ils s’enfuient en avion mais l’appareil s’écrase et le petit soldat est blessé. Devenu amnésique, il passe de longues années à l’hôpital. Entre temps La Tomainia est devenue un état dictatorial, fasciste, dirigé par Adenoïd Hynkel (Charlie Chaplin) où les juifs sont persécutés. Vingt ans se sont écoulés. Le soldat redevenu civil revient dans sa boutique : c’est un barbier juif qui ignore sa troublante ressemblance avec le dictateur. Dans son quartier, un ghetto juif, il tombe amoureux d’une voisine Hannah (Paulette Goddard). Ensemble, ils tentent de résister à la répression qui s’abat sur leur quartier tandis que Hynkel continue de vociférer des menaces de plus en plus violentes à la radio …

Hynkel de plus en plus déchainé s’apprête à envahir l’Österlich … Mais l’histoire ne va pas se dérouler comme prévu … L’incroyable ressemblance entre le dictateur et le barbier juif va déjouer tous les plans …

Charlie Chaplin tourne Le Dictateur dans ses propres studios de La Brea comme toujours avec application, minutie, mais en suivant un scénario détaillé ce qui est nouveau pour lui. La technique du parlant (captation du son, coûts de production, lourdeur de l’équipe, etc.) ne permet pas les improvisations, les reprises incessantes de scènes auxquelles Charlie/Charlot s’est habitué tout au long de sa carrière. C’est son premier film parlant : il doit se plier aux multiples contraintes de cette technique. En 6 mois, un record pour lui, Le Dictateur est « dans la boite ».

Postérité du Dictateur

Début octobre 1940, Charlie Chaplin escorté de Paulette Goddard (1910/1990), sa 3 ème épouse dont il divorcera en 1942, montre le film à quelques amis, puis aux responsables de United Artists. L’accueil est mitigé car Le Dictateur est une comédie burlesque, avec force gags visuels (la séquence du globe terrestre !) basés sur la ressemblance entre un barbier juif et un dictateur inspiré visuellement et auditivement du Führer allemand ! Or en octobre 1940, les armées allemandes occupent une grande partie de l’Europe de l’Ouest après l’effondrement de la France (armistice du 22 juin 1940). Seule, isolée soumise à d’incessants bombardements, l’Angleterre de Winston Churchill (1874/1965) résiste … Les premiers spectateurs, triés sur le volet, pronostiquent un échec du film …

La première projection mondiale du Dictateur a lieu à New-York le 15 octobre 1940 : c’est un énorme succès qui ne se dément pas malgré des critiques mitigées. Le Dictateur exploité en Angleterre dès décembre 1940 est un triomphe.

En France Le Dictateur est à l’affiche en avril 1945. C’est un énorme succès : 8,4 millions d’entrées ! Le Dictateur triomphera dans le monde entier. En Europe, il sortira en Allemagne en 1958 et en Espagne en … 1976 !

Le Dictateur est nommé dans cinq catégories à la XIII ème cérémonie des Oscars (1941) mais il n’engrangera aucune statuette.

Charlie Chaplin (1889/1977)

Le Dictateur est le « chant du cygne » pour le réalisateur. Depuis les années 30, il est attaqué de toutes parts et à tous propos. Sa nationalité britannique qu’il a gardée est mise en cause, sa vie privée mouvementée, ses opinions politiques de gauche, sa richesse, son indépendance, etc. Il est la cible privilégiée des tabloïds et des « commères d’Hollywood ». Son opus suivant Monsieur Verdoux (1947) scénario inspiré par l’affaire du tueur en série, Henri Landru (1869/1922), ou Charlie Chaplin apparait en vieil homme cupide, cynique et meurtrier n’arrange pas sa réputation aux États-Unis. D’ailleurs le film est un échec. Les Feux de la Rampe (1952) est sa dernière œuvre réalisée à Hollywood. Le film est retiré des écrans américains peu après sa sortie lorsque Charlie Chaplin apprend, sur le navire qui l’amène avec sa famille en Europe, le « Queen Elizabeth », qu’il est indésirable aux États-Unis (abrogation de son visa de retour).

En janvier 1953, la famille Chaplin (4 enfants) s’installe au Manoir de Ban à Corsier-sur-Vevey (Suisse). Charlie Chaplin et sa femme Oona (1925/1991) qui auront 4 autres enfants vivront désormais à cette adresse. Charlie ne réalisera en Angleterre que deux œuvres mineures : Un roi à New-York (A King in New-York – 1957) satire féroce du mode de vie américain et La comtesse de Hong-Kong (A countess from Hong-Kong – 1967) ancien scénario quelque peu laborieux qu’il destinait à l’origine à Paulette Goddard.

En avril 1972, Charlie Chaplin reçoit à Hollywood, à la 44 ème Cérémonie des Oscars, une statuette spéciale pour son œuvre cinématographique. Les spectateurs (standing ovation) l’applaudissent longuement. Le vieil homme (83 ans) est bouleversé.

Ce génie du cinéma avec sa pugnacité, sa capacité de résilience, s’éteint dans son sommeil le 25 décembre 1977 en sa demeure, le Manoir de Ban. Il avait 88 ans.

P.S : Toute l’œuvre (68 films) est accessible en DVD chez différents éditeurs. Les films ont été restaurés avec soins (images, vitesse de défilement, sons) ainsi est mis en relief l’extraordinaire inventivité de Charlie Chaplin tant sur ses courts métrages (59 muets) que sur ses longs métrages (9 muets et parlants). Longtemps ses œuvres, en particulier celles antérieures à 1930, ont été visionnées dans des conditions épouvantables : images saturées (contretype) et saccadées (vitesse de défilement inadaptée). Aujourd’hui, nous avons accès à tous ses films tels qu’ils ont été réalisés et exploités.

La bibliographie chaplinesque est, à l’aune du personnage, énorme. Trois ouvrages généraux sont à distinguer pour aborder ce cinéaste hors norme :
Histoire de ma vie de Charlie Chaplin – 1964 – Robert Laffont
Charlie Chaplin d’André Bazin – Cahiers du Cinéma – 2000
Charlie Chaplin de Jérôme Larcher – Cahiers du Cinéma - 2007

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Charles Chaplin à la réalisation ©NY-Public-Library-digital-collections ©
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Le tournage du "Dictateur" ©
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