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Jérusalem aux treize églises chrétiennes
Jérusalem aux treize églises chrétiennes

| François-Xavier Esponde 943 mots

Jérusalem aux treize églises chrétiennes

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Le Saint-Sépulcre ©
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On dit sur le sujet que la sensibilité de cette présence in situ est telle qu’il faut parfois un brin d’accès de voix pour enrayer le cours des choses entre chrétiens eux mêmes sur leurs propres prérogatives religieuses.
Treize églises chrétiennes de toutes obédiences, orientales, latines, occidentales, qui ce 7 octobre auront subi à leur tour par dérivation de la violence les conséquences d’un pogrom à Gaza aux effets douloureux sur leur propre destinée.
Car la majorité des chrétiens vivant sur cette terre disputée sont arabes palestiniens et ces églises sont situées sur ces terres en souffrance politique et religieuse de facto.
Position diplomatique difficile pour le pape et ses services romains, dans le cours du passé où la papauté fut longtemps hostile au sionisme et à l’instauration d’un Etat juif en Palestine ancienne.
Il faut se souvenir que l’expression malheureuse du pape Pie XII à propos d’Israël, “qualifié de nouveau nazisme” suite à “la Nakba”, expression arabe de la catastrophe ou du retour de la guerre en 1948 lors de l’instauration de l’Etat juif, avait laissé des traces dans les esprits.

Il faudra attendre les années 60 et le concile Vatican II pour changer le regard porté sur le judaïsme par l’église catholique resté longtemps antisémite dans ses cadres religieux et théologiques.

La position diplomatique de l’église latine fut "la neutralité politique" à propos de l’Etat d’Israël.
En 1964 Paul VI pape régnant se rendit dans le pays et en Cisjordanie actuelle.
La reconnaissance d’Israël comme Etat est négociée en 1993 avec les Accords d’Oslo pour lancer le processus de paix espéré en vue de deux Etats distincts.
On sait le suivi de la chose.

De ce temps, les papes visitent Israël juif et palestinien, comme Jean Paul II en 2000, Benoît XVI en 2009 et François en 2014.
Sujet on ne peut sensible, en effet la majorité des chrétiens vivant en Israël et en Palestine sont des arabes et occupent treize églises à Jérusalem, la plus importante étant le patriarcat grec orthodoxe devant le patriarcat latin catholique et chacun vaque à ses affaires non sans quelque acrimonie parfois sur les prérogatives de chacun sur la Terre Sainte de leur origine chrétienne.

Hôpitaux, dispensaires, écoles, œuvres sociales font l’objet suivi de leur mission humaniste dans le pays.
Leur nombre infime : 1,8% des habitants en Israël seraient chrétiens, et 1 % en Palestine.

Leur protection mérite-t-elle encore leur survie aujourd’hui ?
Les avis divergent, et la communauté internationale chrétienne et non chrétienne vient à leur aide en raison de leur engagement humanitaire constant que la guerre actuelle rendra encore plus pressante désormais.
Leur présence assurant la protection de ces lieux saints, leur mission est légitime.

Paradoxe de l’Orient, les écoles chrétiennes sont prisées par les arabes du Hamas musulmans eux-mêmes, les jeunes filles éduquées par des congrégations religieuses chrétiennes, et le débat interne à la communauté palestinienne porte le nom du dirigeant grec orthodoxe Georges Habache, fondateur du Front populaire de libération de la Palestine FPLP d’inspiration marxiste et alliée du Hamas.
N’y cherchez pas quelque paradoxe ou contradiction, telle est l’histoire des hommes et des idées, et le rapport politico-religieux sur place plus complexe que celui de nos récits historiques.
Le déroulement plus contemporain de l’islamisme international et ses retombées en Palestine en terre arabo chrétienne plus ancienne ont provoqué l’émigration chrétienne de Palestine vers d’autres contrées limitrophes, tandis que dans l’Etat d’Israël “le nombre des chrétiens va croissant avec la venue d’Africains, d’Asiatiques, de Philippins et de Russes” !

Les esprits ont changé, le Vatican a pondéré sa vive résistance initiale sur la création de l’Etat d’Israël, et tout en soutenant l’existence de deux Etats juif et palestinien, ce dernier qu’il a soutenu en 2015 persévère dans ce projet au long cours !
Le contexte politique de ces dernières années ayant pris force dans des postures rudes au sein du parlement de Tel Aviv à propos des Palestiniens, à Gaza et en Cisjordanie, le contexte semblait si électrique qu’il aura pris l’apparence du brasier actuel pour s’embraser en créant une situation chaotique dangereuse pour le pays et les voisins, comme vécu depuis ce 7 octobre.

Gaza demeure l’enclave d’une présence chrétienne latine, grec orthodoxe et baptiste d’un millier de sujets dont on connaît peu d’informations à la suite des bombardements du site depuis un mois.
Ces chrétiens minoritaires attachés à leurs communautés, églises, écoles, hôpitaux ayant refusé de partir, on s’attend au pire ou au miracle ?

Les treize églises chrétiennes exerçant encore au milieu de la guerre leur force de partage et solidarité avec leurs populations ont demandé depuis le siège du patriarcat grec orthodoxe de Jérusalem l’entrée de biens humanitaires à Gaza pour restaurer un bien à minima de survie.
Ces chrétiens de la bande de Gaza auront-ils quelque influence auprès des autorités palestiniennes du Hamas, de celles d’Israël en guerre, à l’heure des urgences du moment ?

La survie palestinienne des uns rejoignant la survie chrétienne des autres en cette Terra Sancta des lieux saints des chrétiens du monde, on pressent l’imbroglio politico-religieux du moment tandis que la libération des otages prend forme, des pourparlers de paix se poursuivent “à l’orientale“ sans pouvoir en connaître la teneur, sinon les enjeux, les intérêts de chacune des parties ; sinon la question de la survie d’Israël pour les uns, d’une Palestine convalescente pour les autres, d’une société arabo-musulmane effervescente et d’une église chrétienne plus affectée dans son volet orthodoxe oriental.

A Jérusalem, treize clochers chrétiens sonnent leurs heures de culte à divers moments de la journée, leur pensée porte sur la guerre en Israël. 
Le glas des uns, les heures saintes des autres, au fil d'une guerre éprouvante pour tous !

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