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Tradition
Être grands parents ?
Être grands parents ?

| François-Xavier Esponde 1029 mots

Être grands parents ?

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Ste Anne et St Joachim, grands-parents de Jésus ©
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1 - Chaque génération apprend ce lien particulier avec les générations précédentes.

La nôtre réunit bien communément quatre générations successives au sein de la famille.

Il y a quelques décennies à peine, trois seulement pouvaient se targuer d’entretenir le fil d’une longévité qui a changé ces vingt dernières années, avec les bénéfices d’une médecine efficiente. Elle a su prolonger le temps de la retraite dans le temps de la vieillesse.

Les grands parents de la guerre ne sont plus. Se comptent désormais et font exception.

Ceux de l’après sont légion, et deux générations de retraités se suivent au sein des familles ou dans des maisons de retraite qui relaient pour le plus grand âge celui de la prime retraite des grands parents.

Par ce temps de pandémie, le rapport avec ces aînés a changé.

Tout d’abord un confinement sociétal injuste, mal estimé, peu reconnu,  sous couvert de la protection sanitaire. On dut se résoudre à des méthodes d’isolement, faute de mieux, qui ressemblaient à des contraintes affectives et une privation de liberté effective, abandonnée depuis.

Maintenir le lien renouvelant le rapport familial, devint un enjeu vital pour les générations suivantes, se privant de fait des relations naturelles qui assurent la continuité et la légitimité de l’humain.

Les générations de grands-parents parfois sollicités par leurs parents âgés d’un côté, et leurs enfants matures de l'autre, sont confrontées - et le seront encore - à la gestion courante du lien nécessaire permettant à chaque génération de continuer à vivre en harmonie et en concordance dans le sens du bien vivre et du bien-être familial.

Le grand-parent a son histoire, son passé parfois transcendé ou idéalisé pour des petits enfants, curieux d’en savoir davantage sur ce temps d’autrefois qui serait oublié faute de le raconter, de pouvoir l’imaginer ou le transmettre.

La généalogie familiale a ses adeptes. Il est habituel de demander à ces ainés de nommer les anciens, disparus du sein des familles qui furent les transmetteurs de la vie, les vigies d’un autre temps, les paravents de la mémoire.

Le cinéma et les séries historiques ont bonne presse. On savoure ces histoires racontées par des auteurs qualifiés ou des conteurs du passé dont le profil glorieux éveille la curiosité, la nostalgie et même le regret.

Hier ce devait être mieux, ou pire ?

Aujourd’hui ce devrait être autrement ?

Sans doute !

Ces retrouvailles familiales des vacances, des anniversaires et des réunions de grande portée comme lors des jubilés célébrés jadis dans des rencontres quasi-tribales, où le nombre faisant foi, les descendants des générations successives témoignaient de leur histoire en une délicieuse rétrospective vers le passé, sans laquelle le temps et le présent ne seraient qu’un laps du temps qui file et se disperse sans référence possible.

Et si les grands-parents disposent encore de photos d’époque, les plus jeunes générations célèbrent “les selfies”, comprenez ce culte idolâtré et personnel de sa propre personne, ou des amitiés qui passent et ne durent que le moment présent.

Les anciens gardiens de la mémoire se réjouiront d’en garantir l’origine, et d’en conserver des souvenirs, dont les plus rares et les plus précieux sont ces objets d’époque qui gagnent de l’intérêt en raison de leur histoire familiale passée.

Les échanges entre générations deviennent savoureux lorsque petit-fils et aitatxi (grand-père, en euskara), petite-fille et amatxi (grand-mère) s’échangent des recettes des rencontres fortuites de leur âge. Leurs complicités distancées de celle de leurs parents sont bienfaisantes.

Le vocabulaire utilisé, les images employées - elle est “cash” diront les adolescents pour leur grand mère -, "choisis skype, mamie !" diront les petits-enfants au grand-père pour communiquer par l’écran et le portable avec leurs aînés, de quoi amuser le langage de nos anciens habitués selon quelque convention familiale aux propos souvent châtiés et moins spontanés, s’agissant de livrer leurs sentiments au su de l’éducation de leur époque, d’un autre monde !

Les grands-parents prennent le temps d’écouter, le temps qui leur reste est compté, et le délice des échanges avec leurs petits enfants devient un enjeu de vie irremplaçable et sans autre prix que celui de la  vérité.

La recette de cuisine de grand-maman, les légumes de grand-papa, les bricolages d’atelier au garage au fond du jardin du patriarche qui bricole encore son vélo ou répare le scooter des petits-enfants font l’objet prisé de ces rencontres savoureuses pour chaque génération.

2 - A l’écoute de la vie, l’apprentissage des rôles dévolus de chacun s’exercera dans le temps continu de l’âge.

Car si l’on apprend à être adolescent, adulte par la suite, on apprend sans doute à devenir grand-parent au milieu d’une génération nouvelle, bien souvent privée une longue partie de l’année de quelque proximité partagée.

De ces moments privilégiés ou rares, sans pression ni enjeu, au cours desquels chacun peut parler librement, sans contrainte de ce que l’on fait, vit et croit, demeurent inestimables, irremplaçables pour développer au profit de chaque génération le sens de l’autre et de toute famille.

Dans un monde surdimensionné de la communication, des réseaux sociaux et de l’information sans limite et sans frontière, les grands-parents demeurent comme ces garanties possibles et disponibles des équilibres nécessaires pour évaluer le possible, le probable et l’utile dans le fatras du surnombre et de l’accessoire, faute de choisir l’essentiel ou le nécessaire au reste des disponibilités du moment.

Aitatxi - amatxi des deux générations des aînés cherchent sans le dire, à transmettre des valeurs, une histoire familiale de la part des hommes, des activités et de la disponibilité du temps chez les mères, selon une enquête de l’UNAF en 2020.

La solidarité générationnelle contribue à maintenir ce lien familial quelque peu éprouvé par l’épidémie actuelle.

L’expérience de chacun s’enrichira du témoignage du passé et du désir de vivre et d’exister par soi-même, suivant le chemin de vie propre à chaque génération !

Le quatrième dimanche de juillet sur le calendrier liturgique mondial, le pape François invite l’Eglise universelle à fêter les grands-parents de Jésus, Anne et Joachim, le 26 juillet, car “les personnes âgées nous rappellent que la vieillesse est un don, et les grands-parents sont le lien qui unit les différentes générations pour transmettre aux jeunes l’expérience de la vie et de la foi”, selon les termes utilisés par le pape.

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