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Tradition
Les saintes femmes au tombeau en ce temps pascal
Les saintes femmes au tombeau en ce temps pascal

| François-Xavier Esponde 818 mots

Les saintes femmes au tombeau en ce temps pascal

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Les Saintes Femmes au Tombeau du Christ (Jubé église St-Laurent, Lac du Bourget ©
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Les Saintes Femmes au Tombeau du Christ (détail) ©
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1 – Iconographie tardive

Les artistes issus du christianisme attendront le XIIème siècle avant de représenter la Résurrection du Christ dans la pierre, les sculptures et l’iconographie.
Seuls les textes sacrés dicteront la transmission de la foi tout le long du premier millénaire.
Au XIIIème siècle près du lac du Bourget en Savoie les moines issus de Cluny rebâtissent l’église romane qu’ils occupent désormais.

Un artiste inconnu exécuta un évangile de pierre, entre deux frises décorées de feuillage, de vigne et de raisin.
Une prouesse novatrice de l’époque.
Il taille le calcaire en plusieurs scènes de la vie du Christ, de l’Annonciation à la Pentecôte. D’une hauteur d’un mètre, ces panneaux ornèrent un jubé aujourd’hui démonté de ces œuvres qui sont fixées contre les murs du choeur, où l’on ne cesse d’admirer la progression polychrome de cette merveille.

La Résurrection y est connue en creux, par la disparition du corps du Christ, aucun témoin n’y ayant assisté.

La visite des saintes femmes au tombeau est le premier signe de l’évènement sacré.
Le tombeau est bien vide, et le couvercle posé en diagonale déborde sur la frise supérieure.
Il y fait dépasser des linges blancs qui n’enserrent plus le corps.

Une scène paisible. Trois personnages debout à gauche, un autre assis à droite ; entre ces deux groupes l’horizontalité du tombeau soulignée par les gardes recroquevillés.

Sous le couvercle ouvert de ce tombeau médiéval, on devine le drame, les témoins animent l’épisode et le dialogue entre l’une des deux femmes penchées en avant engage la scène, au visage anxieux, la main ouverte pour manifester l’étonnement, illustrant le récit de l’Ange du Seigneur, Mt 28,1, “Soyez sans crainte, je sais que vous cherchez Jésus le crucifié. Venez voir l’endroit où il reposait” v 5-6.

2 – Le message adressé aux femmes, les premières.

Telle est la première annonce de la résurrection qui donne sens à la mort du Christ et ouvre à l’humanité les portes du salut.

Le Messager est assis comme rapporté par l’évangéliste...
On pressent qu’il attendait les femmes, impatient de leur faire connaitre la Bonne Nouvelle.
Elles sont accompagnées par deux petits anges qui tendent l’oreille pour écouter et proclamer la Nouvelle sur les phylactères qu’ils déroulent.

Les gardes sommeillent, la tête penchée et appuyée sur les mains.

Matthieu dira que la crainte de l’apparition brusque de l’ange dans un grand tremblement de terre terrassant les gardes postés, empêchera que les disciples de Jésus ne viennent chercher son corps. “Ils sont comme morts, incapables de bouger devant l’événement” pour l’artiste qui scénographie le texte évangélique.

Les femmes emplies de courage se prêtent donc à affronter les gardes et faire rouler la pierre.
Elles viennent comme le veut la tradition funéraire du temps, pour accomplir leur mission d’honorer le corps défunt de Jésus.
La tradition leur donnera un nom à chacune : Marie Jacobé, Marie Salomé, mère de Jacques et de Jean, et Marie Madeleine.
Elles ne renoncent nullement à faire ce que dicte leur mission. A savoir dans l’obscurité du moment, éveiller la miséricorde et le sens de l’amour qui les habitent.

Toutes les trois sont représentées quasi identiques, dans leur posture, leurs habits, leur taille, avec les onguents et les parfums utilisés pour embaumer le corps.
Ce sont de jeunes et modestes femmes, portant couronne de cheveux dépassant sous le voile, d’une polychromie légère, aux robes de plis amples, chacune faisant montre d’un geste individualisé, donnant à la scène une belle présence d’humanité.

Ce sont des femmes humbles à qui est révélée la résurrection, et c’est par elles que sera transmis le message du Christ sorti du tombeau par la postérité.
- Chez Marc l’évangéliste, elles seront silencieuses, car elles sont bouleversées en entendant la parole de l’ange qui leur demande “d’aller vers les onze apôtres pour leur annoncer que jésus est ressuscité et qu’il les attend en Galilée, mais elles sont effrayées. Mc 16,8.
- Chez Matthieu, à l’inverse, elles courent vers les disciples pour raconter ce qu’elles ont vu et entendu, Mt, 28,8.

La réception du récit est ainsi livrée au choix individuel de chacun. La crainte et l’effroi des uns ? L’adhésion et la transmission pressante des autres ?

Le tombeau ne dit mot du reste. L’histoire comblera ce silence.
Ce vide ouvre les yeux des témoins que nous sommes, comme ceux des saintes femmes vers un ailleurs, un au-delà, le questionnement d’un monde invisible, caché à notre regard, mais en quête de notre propre réponse.

Le Pape Benoît XVI, lors d’un pèlerinage à Jérusalem, avait commenté le tombeau vide en ces termes. “Dans ce tombeau l’église est appelée à ensevelir toutes ses inquiétudes et ses craintes, afin de ressusciter chaque jour et de poursuivre le pèlerinage de la foi à travers les rues de Jérusalem, les routes de Galilée et dans le monde entier, en proclamant le triomphe du pardon du Christ et la promesse de la vie éternelle pour chacun”.

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Les Saintes Femmes au Tombeau du Christ (état ancien) ©
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Eglise St-Laurent, galerie est du cloître du prieuré ©
zTradition1 Galerie est du cloître du prieuré église St Laurent Lac du Bourget.jpg

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