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Tradition
La Fête des Pères, le 19 juin
La Fête des Pères, le 19 juin

| François-Xavier Esponde 1430 mots

La Fête des Pères, le 19 juin

1 – Jour de la fête changé sur le calendrier civil.

La version de la Fête des Pères en 2022 a pu changer dans le cours de l’histoire de cet anniversaire annuel et familial maintenu.
Loin sans doute pour certains du Pater familias romain où de la figure jupitérienne du chef de famille assimilant celle du père à une divinité incarnée du cosmos au milieu de rites, pratiques et conventions civiles proches de la tradition romaine du culte rendu au chef de lignée.

Les chrétiens préférèrent la fête de Joseph, père de l’enfant dieu le 19 mars pour une célébration interne à l’église. Elle perdura jusqu’à ce jour au milieu d’un entrecroisement de cet anniversaire avec celui du calendrier civil.
Elle se répandit dans la vie civile et par tous les continents en associant le père à cette célébration familiale et sociale hors les usages religieux, mais proche des dispositions spirituelles de chacun pour la figure paternelle.

Depuis les années 50 – 70 la figure du pater familias a somme toute été ébranlée par des contestations nourries et continues modifiant les législations familiales successives en cet état.

La liberté sexuelle, le contrôle des naissances généralisé, l’émancipation des femmes, épouses et mères, compagnes, la pratique légale du divorce, le droit à la liberté personnelle pour décider de son destin, ont quelque peu ébranlé les pratiques habituées d’une législation inspirée à l’origine du Droit romain, reprise par le droit Napoléonien, et battue en brèche au cours des cinquante dernières années.

L’égalisation des sexes, l’affiliation affective, la désinstitutionalisation familiale, le rapport aux principes de la démocratie jusqu’au sein de la vie familiale en interne ont servi d’un modèle admis ou possible par la loi qui a changé ces usages familiaux.
Il en est sorti un rapport au statut de l’enfant, sus celui de ses parents, la généralisation de familles recomposées en tous milieux sociaux, qui ont traversé le déroulé sociétal de la vie familiale avec ses bénéfices ou ses avatars selon les circonstances.

Le pater familias dans sa version antique autoritaire fut banni. Le droit de vie et de mort de ce chef de lignée fut disqualifié, au bénéfice d’une équi-parentalité encore et toujours inaccessible dans ses pratiques.

La résistance des Associations familiales particulièrement catholiques afin de défendre et de protéger l’enfant non comme un droit mais un être à part entière, “l’enfant est un droit des uns, il a des droits pour d’autres”, fait l’objet de débats et d’hostilités légendaires poursuivies par le rejet du mariage pour tous, celui de la PMA, de la défiance à l’horizon de la GPA inévitablement inscrite dans ce corpus législatif pour assurer la parentalité des familles indépendamment de leur sexe ou de leur psychologie personnelle.

Napoléon crut bénéfique de préserver le profil romain de la famille ancrée dans une culture latine communément partagée par les européens, pour le cas des pays ayant partagé ce destin impérial.
Le père demeurait le mari de la mère, pas le compagnon de cette vie, avant les bouleversements successifs qui suivront sur ce statut parental révisé au fil des rapports conjugaux et de l’histoire du droit de la famille.

Le rapport au lien biologique s’élargissant au lien éducatif nouveau dans les familles recomposées, du nouveau père, dit beau père, d’une mère nouvelle ou belle mère. Le descriptif de la famille correspondait désormais à un paysage sociétal inédit et complexe.

2 – Une pratique législative en mutation continue.

Le XIXème siècle introduisait es changements en vue et durables dont on ne peut encore à ce jour déterminer l’issue ni les modifications toujours en mouvement.
Dans la tradition chrétienne, inspirée par la bible et les évangiles, la distinction faite entre le père biologique et le père spirituel entraîna une préférence admise en faveur du père spirituel sur le père biologique, et l’ambivalence de deux états et de deux conduites individuelles au sujet de l’enfant, qui ajoutent la juxtaposition de deux systèmes et leurs contrastes, s’agissant de définir le rôle et biologique et éducatif du père dans une famille.

Les sociologues prétendent que si le modèle ancien du pater familias fut évincé pour certains du champ sociétal, celui du père éducatif demeure encore en reconstitution inachevée.
Sachant que dans le modèle latin d’autres que le père assumaient la fonction éducative comme on pourrait le penser pour ce modèle contemporain soumis à des interférences multiples ajoutées à la cellule familiale proprement dite.

Sans vouloir supprimer le premier, le supplanter par le second, et trouver sans cesse les accommodements légitimes au bénéfice de l’enfant, sans soustraire celui des “parents’, s’agissant de reconsidérer que désormais la bi parentalité active et réelle existe au sein de nombre de familles d’aujourd’hui.

Le père de famille aujourd’hui dans tous les cas de figure intervient en amont dans le temps de la grossesse de sa femme, dans les présences accordées de cette maternité.
Mais non sans difficulté.
La future mère disposant aux yeux des praticiens de la maternité le privilège légitime d’être la mère à venir, pour un père par procuration ou par adoption parfois. Le terme sociologique de père primaire étant employé, de peu de délicatesse somme toute, pour rappeler que pour le couple en l’état, la future mère est habilitée par le droit à prendre avec ou sans l’accord de son partenaire des décisions la concernant à l’heure d’une grossesse désirée ou non, et de la reconnaissance de l’enfant pour laquelle il est laissé à chacun des parents, le droit de s’en réclamer ou de le confier à son partenaire.

Le père de famille appartient dès lors selon les sociologues de la partie observable aux absents pour les uns, aux omniprésents pour d’autres.
Singulière attitude que cette évolution des présences auprès de “la mater familias”, qui sans avoir acquis droit de cité de pater familias d’antan, a engrangé nombre de ces droits bannis d’un autre temps, à son avantage.

Si des modèles nouveaux voient le jour peu identifiables selon le modèle conventionnel classique, les statut du futur père avant toute naissance puis après, ont radicalement modifié ces relations familiales.

Le père joue la proximité à l’enfant, à la mère, à la famille sur des sujets que jadis on déléguait aux femmes, aux mères, au genre féminin.
Un terme honni désormais du vocabulaire.

La tendresse et le jeu partagé avec l’enfant par un père aimant et constant devenant un modèle inattendu selon les traditions familiales plus anciennes où l’homme, viril, jupitérien, masculin ne devait se livrer à ces échanges familiers et familiaux.
On ne saurait passer sous silence cependant les non dits de toute psychologie humaine toujours en l’état et de tels sujets intimes.

Le désir d’enfant est plus souvent exprimé par la future mère que par le père, qui sur la question conserve une pudeur conventionnelle;
Sujet tabou, sujet privé !

Le père ajoutant à son profil un plus être dans le couple, intérieur et personnel. Et dans les échanges il n’est pas rare chez les plus jeunes générations d’entendre évoquer que “papa est porteur à sa manière de la grossesse de son épouse, comme un partage des rôles et des missions.”

Les psychologues aujourd’hui soulignent l’importance de l’éducation du jeune fils à apprendre à devenir père, loin des images naturalistes de la fécondation de la mère, selon ou parfois en contraste avec des images perçues chez leur propre père dans ce rapport à la paternité.
Non par défaut de ne pouvoir s’identifier à la figure de la mère mais par désir d’adopter celle du futur père de l’enfant à naître sans autre modèle que celui qu’il cherche à emprunter et adopter de sa vie.

Les lecteurs de la mythologie antique savent par les Erinyes combien ce rapport ambivalent homme/femme, masculin/ féminin inscrit dans la nature de chacun est soumis aux pulsions tempétueuses de la nature, quel que soit son sexe ou son genre, ne disparait de son subconscient individuel et demeure l’apprentissage d’une vie où l’on ne cesse d’apprendre à être père, mère sans autre modèle que le sien !

Une société médicalisante de quelque rapport inter personnel particulièrement des rapports des couples eux-mêmes, partagés par ces préférences quelque peu rendues professionnelles pour atteindre le nec plus ultra de la perfection parfaite d’une vie conjugale, ne permettent guère à atteindre en tous les cas le résultat escompté.
Chaque couple se fonde et se bâtit dans sa famille et ses pratiques.

On dira selon les termes empruntés aux praticiens aguerris qu’il n’existe de père parfait, de mère parfaite, de couple et de famille incorrecte, mais des êtres qui partagent communément une relation naturelle, psychologique où chacun apprend à devenir un acteur de la paternité, de la maternité avec ses propres moyens.

Notre photo de couverture : la Sainte Famille par Esteban Murillo

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