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Royauté
Fidèles au Pays Basque et au Béarn : Frederik, nouveau roi de Danemark et son père +Henrik
Fidèles au Pays Basque et au Béarn : Frederik, nouveau roi de Danemark et son père +Henrik

| Alexandre de La Cerda 965 mots

Fidèles au Pays Basque et au Béarn : Frederik, nouveau roi de Danemark et son père +Henrik

Ce dimanche 14 janvier, le prince héritier Frederik deviendra le nouveau souverain du Danemark après l'abdication de sa mère, la reine Margrethe, qui avait annoncé son retrait pour raison de santé lors de son discours du Nouvel-An le 31 décembre dernier.
Pour ceux qui s'intéressent aux généalogies royales, signalons que cette succession correspondra à un changement de nom pour la dynastie danoise : la maison de Schleswig-Holstein-Sonderbourg-Glücksbourg sera désormais remplacée par les Laborde de Monpezat, la famille paternelle béarnaise du nouveau souverain.

En effet, le père du futur roi danois était le prince consort Henrik de Danemark - Henri de Laborde de Monpezat - alors jeune diplomate français (secrétaire d’ambassade à Londres) issu d'une famille béarnaise lorsqu'il avait rencontré la princesse héritière de Danemark, Margrethe, avant de l’épouser en 1967. « C’était écrit », avait alors commenté le grand-père maternel de la future souveraine danoise, le roi Gustave VI Adolphe de Suède, en expliquant « qu’à Pau, la rue Monpezat croise la rue Bernadotte, qui porte le nom du fondateur de la dynastie suédoise » !

Or, pour leur part, les Laborde unis aux Monpezat n’avaient-ils pas illustré pendant plusieurs siècles la vie béarnaise et paloise, depuis le mariage au XVIIe de Jean de Laborde avec Catherine d'Arricau, dame de Monpezat, jusqu’à Aristide de Laborde de Monpezat, maire de Pau, qui débuta la création du fameux boulevard des Pyrénées, en passant par un aïeul du prince, inscrit en 1788 sur les rôles de la capitation noble du Pays de Nébouzan…

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Mon entrée à l'Académie des Jeux Floraux dont le Pce Henrik était membre ©
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Auteur de plusieurs recueils de poésie, de livres de cuisine – car bon vivant, amateur de bonne chère et de bons vins - il avait visité le salon Vinexpo à Bordeaux et avait été intronisé dans la Jurade des Vins de Saint-Émilion - ainsi que d’un ouvrage de souvenirs de son enfance en Indochine intitulé « Destin oblige » et publié chez Plon, Henrik de Danemark était entré à l’Académie des Jeux Floraux dont un aïeul, universitaire toulousain, fut Secrétaire Perpétuel. 
C’est là que je connus le Prince qui me fit l’honneur d’assister à ma propre entrée – il y a vingt-quatre ans - dans ce plus ancien cénacle littéraire d’Europe.

Connu pour sa passion pour la navigation, le prince avait participé à plusieurs régates dans le Bassin d'Arcachon, peut-être avait-il visité le phare de Cordouan sur une suggestion de mon ami Jean-Pierre Alaux (son voisin dans le Lot), auteur de plusieurs ouvrages sur ce monument ?

Je l’avais revu en février 2016, lors de son séjour à Biarritz, par un soleil printanier qui illuminait la villégiature impériale et tiédissait le parvis du musée Asiatica où le prince marquait une échappée supplémentaire, la troisième, entre les séances de soins à la thalasso du Miramar.

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Avec le Prince Henrik à Biarritz ©
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Le prince Henrik était un familier du Pays Basque où il avait séjourné bien des fois et où des membres de sa famille avaient des maisons : « En 1990, j’ai rejoint à Bayonne le yacht de la famille royale danoise – un navire-musée qui a 80 ans comme moi – afin de me rendre à une invitation du président portugais, et montrer à mes enfants, sur le chemin du retour, Compostelle, Bilbao…

Quant à mon second fils, le prince Joachim, son épouse a une villa à Saint-Jean-de-Luz », m'avait-il confié lors d'une de nos rencontres.

Soucieux du sort des chrétiens d’Orient – lors de notre dernière entrevue, le prince revenait d’une visite en Egypte où il avait rencontré le Pape des Coptes à Alexandrie -, inquiet de l’important afflux d’immigrés dans son pays à la suite de la fermeture par la Suède de sa frontière, le Prince ne manquait pas, non plus, de donner de la voix « en faveur de l’égalité des sexes : contrairement à la Navarre dont les reines ont toujours fait de leurs époux des rois-consorts, le Danemark a copié l’Angleterre où le règne d’une souveraine ne laisse guère de place ni de statut bien défini à son conjoint ainsi discriminé »

Mais c’est dans le Lot que le couple royal danois se rendait chaque mois d’août : avec la reine Margrethe, le prince Henrik y possédait le château de Cayx où il produisait un vin renommé dans l’appellation Cahors. Si la souveraine pouvait s’y consacrer à sa passion, la peinture, le prince revenait régulièrement pour les vendanges en soignant « la puissance, la concentration et le soyeux » de ses crus et les gratifiant d’un quatrain de sa composition : 
« Cahors de cœur
Des vins seigneurs
Du Lot la fleur
De Cayx l’honneur ».

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Le prince Henrik avec Michel Postel, fondateur du musée Asiatica ©
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Le prince émerveillé au musée Asiatica à Biarritz

Pour en revenir à son dernier séjour biarrot, « Cela fait trois fois que je visite ce musée », m’avait alors confié le prince à propos d'Asiatica, « et je suis littéralement abasourdi devant la quantité des objets et la qualité des cultures révélées ». Et d’ajouter : « Il s’agit certainement d’un des musées les plus intéressants d’Europe dans ce domaine qui m’est particulièrement familier, mais il n’est pas assez connu, un ami me l’avait signalé par hasard »

En effet, né le 11 juin 1934 à Talence, diplômé de chinois et de vietnamien à « langues O » (École nationale des langues orientales), le prince Henrik était féru de culture asiatique pour avoir passé ses cinq premières années en Annam où son grand-père Henri, fils du maire de Pau Aristide de Laborde de Monpezat, s’était établi à la tête d'un domaine de plusieurs dizaines de milliers d’hectares (d'hévéa, de riz, de café et de poivre) tout en dirigeant le journal « La Volonté Indochinoise » qu'il avait créé en 1924 à Hanoï. 

La succession échut à André de Laborde de Monpezat, le père du futur prince, lequel obtiendra son bac en 1952 à Hanoï, avant que le désastre de Dien-Bien-Phu ne livre en 1954 le malheureux Nord Viêt-Nam à ses nouveaux maîtres : le pouvoir communiste expropriera et expulsera la famille qui se repliera dans sa propriété près de Cahors.

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