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Drame de Saint-Jean-de-Luz : lettre de Mgr Aillet aux fidèles du diocèse de Bayonne
Drame de Saint-Jean-de-Luz : lettre de Mgr Aillet aux fidèles du diocèse de Bayonne

| Mgr Aillet 951 mots

Drame de Saint-Jean-de-Luz : lettre de Mgr Aillet aux fidèles du diocèse de Bayonne

Chers frères et sœurs,

Nous nous sommes réveillés ce matin comme d’un cauchemar, après la journée d’intense émotion que nous avons vécue hier, mercredi 22 février : l’assassinat d’Agnès Lassale, professeur d’espagnol au lycée St Thomas d’Aquin de Saint-Jean de Luz, en plein exercice de sa belle mission d’enseignante, a mis toute une communauté éducative en état de choc et suscité un grand émoi national. Le ministre de l’Education nationale, accompagné du ministre de la fonction publique, s’est rendu dans l’Etablissement, pour faire part du soutien du gouvernement et de la solidarité de la nation tout entière. M. Philippe Delorme, Secrétaire général de l’Enseignement catholique avait fait le déplacement et j’étais moi-même sur les lieux hier après-midi, avec M. Vincent Destais, Directeur diocésain de l’Enseignement Catholique, pour manifester la compassion et la prière de l’Eglise catholique.

Notre pensée va d’abord vers cette enseignante appréciée de tous, très engagée dans sa mission, très investie auprès de ses élèves qui saluent son dynamisme et sa proximité. Nous pensons à son conjoint et à sa famille, si brutalement plongés dans la douleur de la séparation. Nous pensons au chef d’établissement et aux enseignants qui pleurent une collègue présente dans ce lycée depuis 1997 et dont c’était comme la seconde famille : ils ont été remarquables de sang-froid et de réactivité, en particulier dans le soin apporté à leurs élèves ; c’est l’ADN de l’enseignement catholique que de privilégier un accompagnement de proximité et de constituer, au nom du Christ et de l’Evangile, une vraie communauté, soudée pour le meilleur et pour le pire. De même, M. Vincent Destais, Directeur diocésain, et ses adjoints, apportent sur place le soutien de leur présence et de leur accompagnement. Notre pensée va aussi vers les élèves, ceux qui ont été directement témoins de cette scène horrible, comme ceux qui ont été indirectement impactés par ce drame : je salue le professionnalisme des équipes spécialisées qui assurent un accompagnement médico-psychologique attentif pour prévenir ou atténuer le traumatisme.

C’est toute la communauté catholique de notre diocèse, et bien au-delà, qui est profondément affectée par ce drame incompréhensible et que rien ne semblait présager dans un établissement si paisible de notre côte basque. J’ai reçu personnellement de nombreux témoignages de mes confrères évêques qui manifestent leur soutien et leur prière pour la victime, sa famille et toute la communauté éducative de Saint Thomas d’Aquin.

Ma pensée va encore vers ce jeune adolescent dont la vie a basculé, en commettant un acte irréparable, et vers sa famille aujourd’hui particulièrement dévastée. Comment est-ce possible ? L’enquête déterminera les motifs d’un tel passage à l’acte. Pour l’heure, nous ne pouvons que le confier à la miséricorde de Dieu.

Il n’est pas indifférent que ce drame absolu se soit déroulé le mercredi des Cendres, alors que les catholiques entrent dans le temps du Carême, ce temps d’épreuve et de combat spirituel contre l’esprit du mal. Comme nous le disons dans l’invitatoire de la liturgie des heures, en ces jours : « Les yeux fixés sur Jésus-Christ, entrons dans le combat de Dieu ». C’est dans le mystère pascal de la mort et de la Résurrection de Jésus, que nous célébrerons au terme de la sainte quarantaine, que nous pouvons puiser la force et le courage de l’Espérance. Lui seul, en assumant notre mort, dans les conditions si tragiques de la croix, peut remplir nos épreuves, aussi déroutantes soient-elles, de sa présence. En lui seul, nous pourrons discerner le sens de ce qui nous arrache bien légitimement des pourquoi déchirants !

Par sa mort, le Christ a vaincu la mort et vaincu le péché qui conduit à la mort ! C’est en lui que nous pouvons trouver la consolation. Nous sommes aussi mis au défi du pardon, un pardon qui ne saurait être arraché de force, qui nécessitera un long processus et qui ne peut être qu’un don de grâce. Mais nous savons, nous chrétiens, que c’est dans le pardon que nous trouverons apaisement et guérison de nos cœurs meurtris.

Ne négligeons pas les instructions du Seigneur en ce début du Carême : « Revenez à moi de tout votre cœur, dans le jeûne, les larmes et le deuil ! Déchirez vos cœurs et non pas vos vêtements, et revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour » (Jl, 2, 12). C’est le sens de notre Carême que de revenir à Dieu que nous pourrions être tentés d’oublier ou de négliger dans nos vies. Nous ne pouvons pas nier que l’oubli de Dieu dans notre société – entendez : « pas n’importe quel Dieu, mais le Dieu qui a parlé sur le Mont Sinaï, le Dieu dont nous reconnaissons le visage dans l’amour jusqu’au bout du Christ crucifié et ressuscité » –, puisse avoir des conséquences jusque dans les drames et les injustices qui blessent notre humanité en manque cruel d’orientation.

Je vous invite donc, non seulement à manifester votre compassion et votre solidarité concrète, mais encore à prier le Seigneur de toute consolation pour la victime et pour tous ceux qui sont impactés par ce drame. 

Enfin, je propose aux curés et aux prêtres du diocèse de prier et de faire prier les fidèles lors de nos assemblées dominicales de dimanche prochain, 1er dimanche de Carême, en particulier dans la prière universelle. 

« Si un membre souffre, tous les membres souffrent avec lui » (1 Co 12, 26). Par notre prière commune, nous manifesterons ainsi la communion de notre Eglise particulière de Bayonne, Lescar et Oloron.

Avec mes sentiments dévoués et fraternels et ma communion dans la prière et l’Espérance

+ Marc Aillet, Evêque de Bayonne, Lescar et Oloron

Bayonne, le 23 février 2023

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