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Antiquités & Brocantes
Belles enchères à Biarritz !
Belles enchères à Biarritz !
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| Olivier Ribeton et AnneLC 1898 mots

Belles enchères à Biarritz !

Dimanche 19 Février prochain à Biarritz à14h30, Maître Carayol, la Maestro de Biarritz , organise une grande exposition-vente. Parmi les toiles les plus intéressantes, une œuvre représentant le Pont Noblia à Bidarray au-dessus de la Nive par Pierre-Albert Bégaud (1901-1956) retient l’attention  par la justesse de son trait architecturé et sa lumière. (Estimé 5000€-8000€)
Pierre-Albert Bégaud  fut l'un des éminents professeurs de l'Ecole des Beaux-Arts ainsi que de l'Ecole régionale d'architecture. Egalement  fresquiste , il  participa aux décors bordelais commandés par les édiles. L'un de ces grands décors se trouve encore en place dans le bâtiment de la Bourse du travail construit par l'architecte D'Wells (1937). Au Pays Basque il réalisa de nombreux paysages .

Texte d’Olivier Ribeton Conservateur du Musée basque et d’histoire de Bayonne sur ce peintre Pierre-Albert Bégaud  au Pays Basque

« Pierre-Albert Bégaud arrive à Bidarray dans les années où la mode régionaliste est au plus haut. Plutôt que d’habiter sur la Côte basque, il choisit un logement rustique dans le premier village de Basse-Navarre accessible par chemin de fer depuis Bayonne. À l’aube du xxe siècle, nombreux sont les peintres installés à Bordeaux, ou natifs de Gironde, qui cherchent leur inspiration dans le motif basque à l’occasion de séjours balnéaires sur une Côte plus en vogue que jamais. Le Pays basque devient un point de passage obligé comme source d’inspiration et lieu de rencontre de commanditaires fortunés. Est-ce Cami qui décide Bégaud à se lancer, l’été 1930, à la découverte du Pays basque ? Les deux compères logent à l’auberge Barberaenea de Bidarray. Plus tard, Bégaud louera la maison Ilharrabichkarria («bruyère sur la hauteur»). Au départ du village, les sentiers de montagne offrent à l’artiste de multiples points de vue pour peindre avec liberté et fougue des paysages de montagne et de vallée, clairsemés de fermes blanches robustes où vaquent quelques animaux et des silhouettes humaines raréfiées. Un fil rouge artistique relie les trois villages voisins de Basse-Navarre: Iholdy à Bidarray, en passant par Irissarry, grâce à l’hôte le plus distingué de ce dernier bourg, Philippe Veyrin.

Les Paysages

Au contact de la montagne basque, le classique Bégaud laisse courir son pinceau avec spontanéité en utilisant davantage de matière. Une joie et une sensualité nouvelles s’expriment par une pâte plus épaisse, une touche plus vive, des contours mieux marqués. La palette est forte, les couleurs sont franches. La gaieté des premiers bourgeons et de l’arbre en fleur éclate dans sa vue des prémices du printemps au village de Baigorry. L’odeur chaude de l’été est sentie dans les masses compactes et jaunes des meules de foin qui jouxtent les hauts murs des fermes. Le ciel changeant modifie la teinte des champs, le découpage des cimes, la brutalité des rochers. Les prairies basques sont vertes, bien sûr, mais d’un vert composé de nombreuses nuances mâtinées d’arc-en-ciel. Les champs et les terres labourées tournent à l’ocre par grosse chaleur, au rose et au mauve crépusculaire en fin de journée, au bleu, au noir et au gris par temps d’orage et de pluie. Des arbres et quelques vignes ponctuent le paysage avec discrétion : les peupliers et les platanes dans la vallée, le long des rivières et des routes, les chênes décharnés et les châtaigniers au bord des champs sur la hauteur et à l’approche des fermes. Les Portraits

Moins distanciés que les effigies mondaines de Bordeaux, les portraits basques de Bégaud vibrent de la sympathie du peintre pour ses modèles populaires, même lorsque le trait est cruel. Le dessin préparatoire au Portrait du curé Duhau explose en traits d’encre rageurs. Le dessin incisif s’atténue avec l’huile: la peinture de Gabriel Duhau, dans la pose inattendue du curé secrétaire de mairie, perd en virtuosité ce qu’il gagne en réalisme assez féroce, où la gouaille paysanne le dispute à l’esprit buté de l’ecclésiastique se mêlant d’affaires publiques. Le joueur de pelote basque Jean Argain est figuré en archétype du pelotari. Coiffé d’un béret, il tient de la main droite la balle symbolique. La musculature des bras et la puissance des mains (le menton est appuyé sur la gauche) disent la force et l’agilité de ce sport. L’inscription en euskara : « JEAN ARGAIN PILOTARIA BIDARRAY – 1942 URTHEA  P. ALBERT BEGAUD’K EGINA » traduit l’intérêt du peintre pour la langue basque qu’il apprend alors. Disposé comme une épigraphie lapidaire, ce texte peint magnifie le champion de pelote.

Ce même village de Bidarray, souvent peint en vue panoramique, est parfois décliné en allégorie festive. La toile du Musée Basque, peinte vers 1934, mêle un paysage de montagne exact et une disposition aléatoire des deux principaux symboles du village : l’église et le fronton. Ici, le fronton est à sa place par rapport aux montagnes, mais l’église a déménagé et changé de sens ! Renvoyée au Nord-Ouest, vers l’Artzamendi, elle offre son chevet roman à la vue des spectateurs de la partie de pelote basque, ce qui est impensable dans la réalité ! Le sujet du tableau est la passion des Basques pour le jeu de pelote. Le bouvier regarde la partie du haut de sa charrette, un vieux paysan portant béret, veste traditionnelle (xamara) et foulard autour du cou, s’appuie sur son bâton, les hommes commentent les points, regroupés autour du muret. Une femme montée en amazone sur son âne parait étrangère au spectacle. Les teintes roses et mauves de la montagne et des ombres donnent un ton de fin d’après-midi. Lorsque Bégaud loue la maison Ilharrabichkarria, c’est le coin de cheminée qui est son lieu de repos favori. La peinture qu’il en fait en 1950 montre une cuisine de ferme basque typique : toile à rayures accrochée au manteau de cheminée afin de canaliser la fumée, Vierge en porcelaine de Paris, pichet au milieu des pommes, gourde en peau ou xahakoa pendue au mur, chapelets d’oignons et d’ail accrochés aux solives. Le cadrage sur le haut de la cheminée d’angle est original et dynamique. L’effet de matière grossière traversée de salissures est obtenu par un jeu d’ombre et de lumière sur le vieux mur chaulé et le plafond sulfaté. D’autres peintures détaillent le feu de l’âtre, ou les nourritures de la table. Des dessins intimistes saisissent le soin de la table dressée près du banc des maîtres (zuzulu) et de la cheminée, la délicatesse du travail d’aiguille de Françoise à la fenêtre...

Conservé précieusement à l’auberge Barberaenea, la Nature morte au chistera, au béret, au foulard et au verre de vin, clôture le monde symbolique du Pays basque de Pierre-Albert Bégaud. Détente après l’effort, le gant d’osier est jeté négligemment sur le foulard froissé. Le tour de tête du béret posé à l’envers  transpire la sueur. Le vin rouge d’un verre à moitié vide a été bu déjà plusieurs fois. Ainsi Bégaud rend hommage à ses hôtes qui ont su le désaltérer au retour de ses découvertes renouvelées d’un pays devenu sien.

Olivier Ribeton  Conservateur du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne

sont vertes, bien sûr, mais d’un vert composé de nombreuses nuances mâtinées d’arc-en-ciel. Les champs et les terres labourées tournent à l’ocre par grosse chaleur, au rose et au mauve crépusculaire en fin de journée, au bleu, au noir et au gris par temps d’orage et de pluie. Des arbres et quelques vignes ponctuent le paysage avec discrétion : les peupliers et les platanes dans la vallée, le long des rivières et des routes, les chênes décharnés et les châtaigniers au bord des champs sur la hauteur et à l’approche des fermes.

 

Les Portraits

Moins distanciés que les effigies mondaines de Bordeaux, les portraits basques de Bégaud vibrent de la sympathie du peintre pour ses modèles populaires, même lorsque le trait est cruel. Le dessin préparatoire au Portrait du curé Duhau explose en traits d’encre rageurs. Le dessin incisif s’atténue avec l’huile: la peinture de Gabriel Duhau, dans la pose inattendue du curé secrétaire de mairie, perd en virtuosité ce qu’il gagne en réalisme assez féroce, où la gouaille paysanne le dispute à l’esprit buté de l’ecclésiastique se mêlant d’affaires publiques. Le joueur de pelote basque Jean Argain est figuré en archétype du pelotari. Coiffé d’un béret, il tient de la main droite la balle symbolique. La musculature des bras et la puissance des mains (le menton est appuyé sur la gauche) disent la force et l’agilité de ce sport. L’inscription en euskara : « JEAN ARGAIN PILOTARIA BIDARRAY – 1942 URTHEA  P. ALBERT BEGAUD’K EGINA » traduit l’intérêt du peintre pour la langue basque qu’il apprend alors. Disposé comme une épigraphie lapidaire, ce texte peint magnifie le champion de pelote.

Ce même village de Bidarray, souvent peint en vue panoramique, est parfois décliné en allégorie festive. La toile du Musée Basque, peinte vers 1934, mêle un paysage de montagne exact et une disposition aléatoire des deux principaux symboles du village : l’église et le fronton. Ici, le fronton est à sa place par rapport aux montagnes, mais l’église a déménagé et changé de sens ! Renvoyée au Nord-Ouest, vers l’Artzamendi, elle offre son chevet roman à la vue des spectateurs de la partie de pelote basque, ce qui est impensable dans la réalité ! Le sujet du tableau est la passion des Basques pour le jeu de pelote. Le bouvier regarde la partie du haut de sa charrette, un vieux paysan portant béret, veste traditionnelle (xamara) et foulard autour du cou, s’appuie sur son bâton, les hommes commentent les points, regroupés autour du muret. Une femme montée en amazone sur son âne parait étrangère au spectacle. Les teintes roses et mauves de la montagne et des ombres donnent un ton de fin d’après-midi. Lorsque Bégaud loue la maison Ilharrabichkarria, c’est le coin de cheminée qui est son lieu de repos favori. La peinture qu’il en fait en 1950 montre une cuisine de ferme basque typique : toile à rayures accrochée au manteau de cheminée afin de canaliser la fumée, Vierge en porcelaine de Paris, pichet au milieu des pommes, gourde en peau ou xahakoa pendue au mur, chapelets d’oignons et d’ail accrochés aux solives. Le cadrage sur le haut de la cheminée d’angle est original et dynamique. L’effet de matière grossière traversée de salissures est obtenu par un jeu d’ombre et de lumière sur le vieux mur chaulé et le plafond sulfaté. D’autres peintures détaillent le feu de l’âtre, ou les nourritures de la table. Des dessins intimistes saisissent le soin de la table dressée près du banc des maîtres (zuzulu) et de la cheminée, la délicatesse du travail d’aiguille de Françoise à la fenêtre...

Conservé précieusement à l’auberge Barberaenea, la Nature morte au chistera, au béret, au foulard et au verre de vin, clôture le monde symbolique du Pays basque de Pierre-Albert Bégaud. Détente après l’effort, le gant d’osier est jeté négligemment sur le foulard froissé. Le tour de tête du béret posé à l’envers  transpire la sueur. Le vin rouge d’un verre à moitié vide a été bu déjà plusieurs fois. Ainsi Bégaud rend hommage à ses hôtes qui ont su le désaltérer au retour de ses découvertes renouvelées d’un pays devenu sien.

Olivier Ribeton directeur du Musée Basque et de l’histoire de Bayonne

 

Maître CARAYOL

6, rue du Centre à Biarritz

Expositions

Samedi 18 février de 9h30 à 12h

Samedi 18 février de 14h30 à 18h

Dimanche 19 février de 9h30 à 11h

Vente

Dimanche 19 février à 14h30

 

 

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