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Tradition
Bayonne, contrastes et regards sur la ville
Bayonne, contrastes et regards sur la ville

| François-Xavier Esponde 880 mots

Bayonne, contrastes et regards sur la ville

Bayonne n’échappe au regard commenté porté sur la ville, en constante restauration, réhabilitation ou réparation architecturale.
Les immeubles fissurés des années 80 ont disparu. Remplacés ou remis en état selon des règles strictes de la protection patrimoniale originelle.
Du quartier Saint André, à Saint Esprit et au Bayonne centre ancien de Nive et d’Adour, la terminologie employée varie entre quartiers protégés, sauvegardés ou classés.
Comprenons que les propriétaires sont soumis aux tracasseries administratives de leur condition particulière dans des espaces publics exigus, anciens et soumis aux règles du classement patrimonial des habitations.

Le pavement du sol des ruelles et des venelles est acté depuis quelques années.
Se sont ajoutées les façades des bâtiments anciens, sans aucune ressemblance entre eux. Car le singulier de l’ensemble est bien leur propre différente authenticité.

Comme en un jeu de cubes ajoutés, rajoutés dans l’enceinte murée des fortifications anciennes, la rue même est l’espace de vie partagée, faute de jardinets et de cours spacieuses et de rencontres de voisinage.

Les restaurations en chaque quartier se sont réalisées au cours des décennies passées, elles se poursuivent encore car le propre de l’ancien dans une ville médiévale d’origine est de rajouter sans cesse des surfaces primitives aux découvertes successives faites par les architectes dans le suivi de leur travail.

Les cours intérieures des vieux immeubles ou de maisons de maîtres sont une merveille pour la curiosité personnelle. Calculées pour un usage contraint, sans fioriture ni gaspillage pour le confort des habitants.

De ces escaliers en bois, en pierre, qui existaient avant tout ascenseur interdit par les gardiens de la mémoire, aux balcons ajoutés pour aspirer la lumière du jour sur les façades les mieux exposées, quelques heures de la journée, l’ingéniosité des architectes d’intérieur fait des prouesses et rendent ces habitations agréables aux résidents et aux visiteurs.

Mais ces espaces ont souffert de la canicule de cet été.
La pierre matière vivante n’aime guère l’excès de chaleur, les fissures peuvent menacer comme en divers ilots anciens.
Il en serait aussi de ces habits sur pilotis qui font le charme et la fragilité de certains quartiers, des abords de la Nive et de l’Adour.

Dans une société contemporaine où le numérique des uns et son flot d’images virtuelles côtoie le réel des autres et la masse compacte des bâtisses séculaires imposant leurs contraintes, les restaurateurs allient les bénéfices de deux supports de l’architecture, pour concevoir des projets uniques, parfois exceptionnels et de véritables prouesses de l’imagination.

L’espace du carré ancien n’étant extensible par nature, son utilisation calculée et métrique laisse peu de place aux improvisations des métiers du bâti qui étudient par comparaison supposée le meilleur bénéfice de cette disponibilité, pour respecter des règles de leur inventeurs premiers et les adapter aux nécessités actuelles.

Alors pas de plaques écologiques solaires sur les terrasses des bâtiments, ni des producteurs d’énergie éolienne pour le cas.
Le contraste des observances de l’architecture primitive ne permettent ces improvisations factices qui pourraient défigurer les espaces anciens de la provenance moderne, de structures ajoutées sur les toits ou les façades..

On oublierait cependant que la première plaque photovoltaïque fut apposée sur le toit de l’évêché par Mgr Vincent, évêque ingénieur des mines de sa profession, et à l’époque, le Sous préfet de Bayonne, Jean Biacabe, qui accepta le principe expérimental de cette production d’énergie propre dans le Bayonne ancien.
Mais l’expérience, de courte durée, ne fut guère répétée...

L’ingéniosité des pionniers n’ayant dit son dernier mot, qu’en sera-t-il à l’avenir ?
Personne ne peut dire jamais, car la finesse et la subtilité des ingénieurs en la matière permet des artifices dont ils sont les garants et les acteurs.
Les arbres, rois de la forêt d’antan ont déserté les espaces publics de la cité ou reviennent à nouveau. Pour les cas en cours de réhabilitation actuelle dans les places et les allées marchandes de la ville.

Les fontaines publiques peu nombreuses ont été remplacées par les adductions de l’eau domestique dans les habitations.
Mais le charme désuet et primesautier des débits de l’eau en continu semble contenu par des raisons d’économie de la dépense.
Il est vrai que le débit de l’Adour et de la Nive ne privent les habitants d’eau courante, commune et continue, sauf par sécheresse ou par excès des inondations en hiver !
Elles ne sont jamais bienvenues comme en hiver lorsque ces crues débordent dans les quartiers riverains.
Nostalgie, nostalgie passée, le bayonnais du cru aime les eaux pluviales pour son confort, mais sans excès courant...

Habitant sur la rue, vivant d’une convivialité permanente, il aime croiser le regard du voisin et du passant dans cet horizon partagé des bancs publics aménagés pour son bienfait, comme en Espagne proche, où dans le jour qui passe, l’heure du paseo voit les habitants emprunter les rues pour retrouver la fraicheur et les amitiés.

Bayonne des contrastes et des regards croisés, première ville d’Espagne pour les uns, dernière de France pour d’autres, ne rechigne à jouer du charme, de ses humeurs et des différences factuelles qui la rendent authentique, particulière, et faut-il le dire aussi facétieuse !

Rien ne semble gagné, sa population plurielle et diversifiée de ces dernières décennies s’est enrichie de ces différences, et le cours de renouvellement de ses résidents actuels en mutation permanente réserve encore des évolutions à venir !

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