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Spiritualité
Les obsèques de François, urbi et orbi, à la ville et au monde
Les obsèques de François, urbi et orbi, à la ville et au monde

| François-Xavier Esponde 2518 mots

Les obsèques de François, urbi et orbi, à la ville et au monde

1 - Le pape François en ce jour de la huitaine pascale

Au cœur de la foule en Jubilé venue pour le cas et pour les funérailles, Rome est demeuré la capitale de la chrétienté rappelée par les circonstances religieuses et civiles exceptionnelles. Selon un rituel allégé par le pape lui même, en un seul cercueil en bois au lieu des trois de chene plomb et cyprès des autres papes précédents le pape a souhaité de la simplicité. comme un pasteur et un homme disciple du christ et non un puissant de ce monde qui s'en va. En novembre 2024 François avait édité les règles des obsèques romaines des pontifes à l'intention des papes et pour lui-même.

Paul VI avait déjà demandé que le cercueil soit posé à même le sol au pied du cierge pascal aura un profil grandiose et simple diront les liturgistes, un rituel déjà appliqué pour Jean-Paul Ier, jean Paul II et Benoît XVI.

Sur une place Saint-Pierre sous les coups de vent, et les détails légendaires de ces petits faits qui amusent et retiennent les attentions. 

Dans l'Antiquité, selon les sources disent les historiens, nombre de papes connaitront les catacombes ou les grottes du Vatican pour leur dernière demeure sur terre. Mais les détails manquent, les supputations ouvrent le champ des hypothèses.

Plus tard au Moyen Age, point de différences pour les papes des autres évêques, dont ils étaient issus devenant cardinaux. En ce temps daté désormais, le pape est un, homme comme les autres. Tandis que les légistes médiévaux rapportent l'idée "du corps mystique du roi", et dit selon l'adage le roi est mort, vive le roi, le pape est mort, vive le pape, ne se rappelle de la sorte. Le pape n'ayant pas deux subsistances comme les souverains mais un corps naturel qui nait et meurt. A la mort du pape les cardinaux se réunissaient autour du Christ et non du souvenir passé du pape disparu, autour de l'Eglise, du Siège Apostolique et pas d'un personnage aussi glorieux qu'il fut !

Comme pour tout, l'humilité peut aussi avoir son revers, ainsi que formulé par Jacques de Vitry 1165-1216, le pape Innocent III 1198-1216 est trouvé abandonné quasi nu, dit le chroniqueur dans la cathédrale de Pérouse, en état de laisser-aller, qui fit dire de la part du futur cardinal, "Brève et vaine la splendeur de ce monde", vu de Rome comme d'ailleurs !

Suit l'histoire de la papauté et des époques dont la Renaissance, plus soucieuse de flatter les sépultures des papes et de les montrer . La tombe de Jules II réalisée par Michel Ange en est un témoignage saisissant à Saint Pierre aux Liens. Tout en conservant la tradition d'exposer le corps aux fidèles comme cela s'est produit avec François. Et cette coutume de l'embaumement orientale abandonnée depuis Jean-Paul II pour disait-on conserver les corps, authentifier le trépassé et pouvoir passer à la suite des rites, une fois acquis la certitude de la mort naturelle du pontife dans l'exercice de sa mission.

Mais les goûts étant dans la nature et chez les pontifes de toutes les hiérarchies, Jules II avait demandé d'être enterré en blanc et dans un vêtement pontifical brodé d'or. Une certaine pression vient à rappeler la sainteté du pontife à partir de saint Pie V. Mais une fois encore, le choix des rites revient à chaque pape. Sixte V demandera un catafalque élevé vers les hauteurs célestes, visibles à distance et au dessus de la moyenne des hauteurs habituelles des fidèles. Catafalque devenu monumental avec le temps, la simplicité perdit de sa force vertueuse pour supporter l'altitude et la souveraineté du moment funéraire.

C'est Paul VI qui demandera "de la simplicité et de la sobriété pour satisfaire la sensibilité religieuse du chrétien de notre temps".

La présence des médias, et désormais des canaux numériques mondiaux, modifie selon les experts en communication le rapport  de telles survivances féodales et princières ou demandent en retour une technicité professionnelle exceptionnelle pour réaliser de la sorte le lien entre l'image et le rituel antique malmené par ces techniques modernes.

Exit le catafalque, et les pompes monarchiques avait demandé Paul VI et qu'on fasse dans l'humilité et la simplicité, selon un texte de 1965. On imagine sans peine ce qu'il aurait pensé aujourd'hui en présence des plans et profils, jeux de scènes et caméras qui balaient la surface du champ de vision et les acteurs.

Le rituel concentré sur une messe aura été sur la Place saint Pierre ce samedi matin le cœur de cet envoi de François en temps jubilaire, laissant place au successeur pour clore l'année en cours et poursuivre sa mission papale

Pour notre curiosité, le pape François est le huitième pape inhumé à Sainte Marie Majeure. La plupart des pontifes ont été inhumés à la basilique Saint Pierre. Sur 266 papes, François est le 117ème à avoir choisi de reposer ailleurs. 23 papes ont choisi la Basilique du Latran. Sept avaient choisi Sainte Marie Majeure, ils sont huit désormais. Le premier est Honorius III en 1227, puis Nicolas IV en 1292, et puis deux papes réformateurs reconnus du XVIème siècle, Saint Pie V en 1572 qui mettra en œuvre le concile de Trente, et Sixte V le refondateur de la Curie en 1590. Viendront ensuite Clément VIII en 1605, Paul V dont on trouve le nom sur la façade de Saint Pierre qu'il avait achevée, en 1621 et Clément IX en 1669.

Chaque pape ayant sa liberté et faisant son choix du dernier voyage !

2 - Les cardinaux qui foulèrent le sol du diocèse de Bayonne Lescar Oloron

Difficile de les repérer dans l'histoire religieuse de ces trois diocèses réunis sous le signe de Bayonne-Lescar-Oloron dont certains évêques diocésains devinrent cardinaux : deux à Oloron et quatre à Lescar, selon les registres de l'époque.

Avant la révolution de 1789, les cardinaux ont dû vraisemblablement passer ou sillonner les cathédrales de ces trois diocèses unis ensemble, mais les identifiants manquent.

Sur une époque du XXème siècle plus récente, on cite le Congrès eucharistique de 1929 et le cardinal de Rennes Charost, et celui de Lyon Maurin parmi les illustres du souvenir. Journal La Tribune de Biarritz

Mgr Roncalli, nonce apostolique, vint lors du dernier congrès eucharistique diocésain après guerre, mais il n'était pas encore cardinal. Les langues frivoles ajoutèrent qu'il gagna chez les Basques et les Béarnais les titres pyrénéens de ce titre pastoral qui le conduisirent à devenir le pape Jean XXIII de Rome.

On eut pu rencontrer le cardinal Marty, émérite et archevêque de Paris chez les OAA Orphelins Apprentis d'Auteuil lors de la béatification de Daniel Brottier, ou encore les cardinaux Lustiger de Paris, Suquia  de Madrid, un Basque de San Sebastian, et Roger Etchegaray en ce temps romain. Tous trois cultivaient les amitiés du côté de la rue Sainte-Catherine au restaurant San Miguel. L'histoire ne dit mot de la nature de leurs conversations.

On vit le cardinal Lustiger en la cathédrale de Bayonne, ou au volant d'une 2 Ch Citroën sur les remparts de la ville mais reconnu par les passants, il préférait la discrétion d'usage aux conversations.

D'autres évêques comme Mgr Zuppi de Bologne firent un passage remarqué à Cambo lors de la trêve de la paix en Euskadi signée à Arnaga. Mais en ce temps, l'émissaire de Sant Egidio n'était pas cardinal mais évêque confirmé cardinal après ces services rendus au Vatican et à la Paix universelle .

On n'oublie pas le cardinal Gouyon de Rennes, ancien évêque de Bayonne Lescar & Oloron, et le souvenir encore du cardinal Pierre Eyt, originaire de Laruns en Béarn, universitaire, théologien devenu évêque de Bordeaux, emporté jeune par la maladie. Une intelligence supérieure : issu de l'Ecole Normale Supérieure et destiné à une carrière universitaire et professionnelle, mais qui changea de destination en devenant prêtre et serviteur de l'évangile. Le cardinal Gouyon qui le reçut jeune et postulant au sacerdoce disait librement : "il préférait être prêtre qu'évêque, évêque que cardinal", comprenez loin des carriéristes qu'il ne pratiquait que peu.

Le cardinal au volant de sa voiture se rendait à Saint-Palais saluer son secrétaire particulier François Gastambide, discret et peu bavard par nature, connaissant la forte présence du cardinal de Rennes et, disait-on, ambitieux pour François, mais ce dernier n'avait que peu de raison pour d'autres fonctions que d'être prêtre !

Le cardinal Mamberti, ancien nonce apostolique, vint assurer à la demande du pape les obsèques du cardinal Roger Etchegaray en 2019. On cite ce cardinal romain à qui doit revenir la charge d'annoncer le nom du futur pape de l'Eglise universelle. à la fin du conclave.

Mais encore le cardinal Parolin, substitut du Pape ou son Premier MInistre, venu saluer le cardinal Roger Etchegaray à Arditeya quelques semaines avant son décès (notre photo de couverture). Roger Etchegaray demandait qu'on l'appelât "l'abbé Etchegaray" et non cardinal, un souvenir laissé à Rome lors de sa retraite, "retirada" disent les hispaniques, à Espelette et Cambo. Difficile de laisser libre cours à la familiarité avec un personnage de cette dimension.

Il y eut encore d'autres cardinaux sillonnant le diocèse ou les terres basco-béarnaises, en route vers Lourdes ou visitant Le Rocher de la Vierge à Biarritz, ou en chemin vers le Somport et le chemin de Saint Jacques, mais point d'archives écrites sur ce sujet. La rubrique orale suffit à retracer le parcours de certains, tenus par le devoir de réserve, comme tout cardinal. Ne demandez plus à Roger Etchegaray combien sont venus le rencontrer à Espelette au Vatican -bis, de la région, lors de ses séjours estivaux, il ne vous aurait répondu que par un sourire de courtoisie !

3 - Le conclave de mai 2025

Les obsèques célébrées en mondovision le samedi 26 avril, les visiteurs de Rome se tournent désormais vers ces 135 cardinaux votants de moins de 80 ans. Les dizaines d'autres sont proches des lieux de la chapelle Sixtine mais n'y sont pas conviés. Un récit illustré de ces conclaves depuis l'antiquité à nos jours est révélateur de l'esprit du temps lors de ces moments majeurs pour la vie de l'Eglise.

Depuis 1878, le conclave se réunit à la chapelle Sixtine au Vatican et non au palais du Quirinal et le dernier conclave en 2013, rappellent les chroniqueurs, porta Jorge Bergoglio, cardinal argentin, au pontificat sous le nom de François. Jésuite et franciscain.

"Mais avant 1059 on connaît mal ou peu le déroulé des conclaves à Rome ou ailleurs, sinon qu'avant le Vème siècle, l'évêque de Rome était désigné par le peuple chrétien directement. Le collège des dignitaires cléricaux viendra plus tard comme le rôle des princes gouvernant les royaumes chrétiens et exerçant leur influence pour choisir leurs candidats et éloigner les autres.

Dès 769, par le Concile de Latran, cette élection est retirée aux laïcs pour la confier aux clercs. Non sans peine, car tous les conclaves ne constituèrent pas "des cours d'eau paisibles". Trois années pour Grégoire X en 1271 lors de cette élection à Viterbe. On décida de mettre ces vénérables au pain sec et à l'eau, pour accélérer la décision, disent les légendes et belles histoires du temps. Dès janvier 1276, ce fut par un conclave désormais acquis par les membres du Sacré Collège que l'on désigna pour la première fois un pape.

On présume que les rapports d'influence, d'argent et de prébendes inspiraient ces nobles clercs en quête de rétribution, ou de pouvoir. Une règle en usage "du droit d'exclusive" ou de pouvoir évincer les postulants zélés en quête de gratifications mettra du temps à disparaitre des conduites de ces dignitaires religieux. Jusqu'en 1904 la pratique demeurait, elle sera supprimée. Au bénéfice d'un échange plus confidentiel à l'abri des "influenceurs" plus contemporains, mais de toute évidence, on l'aura perçu lors des dernières funérailles romaines, la papauté intéresse le monde et la ville, urbi et orbi, semble-t-il bien plus que ne le penseraient certains cénacles en France, ou du monde en indisposition avec l'Eglise !

Le secret et la distance sont devenus les règles de ces conclaves, point de téléphone, d'ordinateur, de tablettes ou de numérique jusqu'à l'isolation phonique de la Sixtine lors des échanges ad intra des cardinaux. C'est aussi avec François que le numérique prendra une telle amplitude. Plus de mille journalistes venus à Rome ont "couvert" l'événement qui se poursuit en mai avec le nouveau conclave.

Un contrôle suivi et le vœu de silence demandé aux secrétaires, administratifs et assistants de ces éminences en travail pendant le conclave. On ne l'imagine que peu dans un monde alentour où tout est public, visuel, exposé à la diffusion. Rome demeure le sanctuaire du silence bien gardé. Certains échanges à la basilique Saint Pierre et dans les Jardins du Vatican en disent davantage que les commentaires n'ont pu en dire !

Un pape compte et l'Eglise par sa spécificité réfère le cours des affaires du monde Mais de quoi parleront ces éminences universelles entre eux ? Quels seront leurs préoccupations communes. Leurs perspectives du futur, leurs appréhensions. Pape François, d'abord jésuite avant de devenir pape, conserva cet esprit religieux de sa communauté originelle. Les questions fusent, elles pressent. On voudrait en savoir davantage mais au Vatican, la vertu du silence est jaugée et rare.

Le pape contemporain Jean Paul II avait apporté sa contribution à la réforme des élections papales en 1996 instituant la possibilité de 30 tours de vote à la majorité si nécessaire et au final 50 % plus une voix pour décider, mais Benoit XVI revient à la disposition instituée au Latran en 1179 des 2/3  des votants pour qualifier l'élection à la majorité. On décida donc de renoncer à la dernière réforme.

Depuis 1922 jusqu'en 2013, lors des précédents conclaves, il avait fallu entre 3 et 14 tours de vote pour départager le corps électoral. Un scrutin relativement bref qui lors de l'élection sera accompagné de la fumée blanche versus modernisée, écologisée, et des cloches de la basilique Saint Pierre depuis 2005 qui sonneront une fois encore urbi et orbi, pour annoncer l'événement !

On rapporte qu'une fois obtenu l'accord en latin du pape nommé, du choix d'un prénom, qui depuis Jean II au VIème siècle change de nom, vient le temps de renoncer au costume de ville ou clergyman ecclésiastique, et à la soutane rouge cardinalice, le pape n'étant plus cardinal mais bien l'unique et souverain pontife du nombre.

Une soutane blanche l'attend dans "la chapelle des larmes" un ensemble tout de blanc ceinture, et chemise, et manteau et tous les attributs de sa fonction. On a déjà prévu trois soutanes de trois tailles différentes pour ne pas être pris de court par le cours des événements en son temps. Le pape n'attend pas, la foule et le monde non plus, Renoncement à ces habitudes qui laissent la liberté à chacun. Le pape ne s'appartient plus, il appartient à l'Eglise comme un Roi souverain sans autre palais que l' éternité du souvenir.

Les autres cardinaux attendent le pape choisi en la Sixtine et le féliciteront disent les rares témoins, lui promettront obéissance, et s'agenouilleront enfin. Il est le Souverain Pontife, le pape serviteur des serviteurs disait François, mais aussi et pour tous le Premier de tous. Unique !

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