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Tradition
A propos de la parrhésie ?
A propos de la parrhésie ?

| François-Xavier Esponde 556 mots

A propos de la parrhésie ?

Le pape François aime évoquer cette origine de la parrhésie et sa force spirituelle pour la foi chrétienne.
Selon cette origine ce mot grec veut dire “tout dire, dire vrai”, elle est la prérogative du citoyen grec dans la démocratie.
"Il a le droit de prendre la parole dans l’assemblée du peuple à Athènes" ; chez Démosthène, au IVème siècle avant JC le mot signifie franc parler courageux qui peut parfois déplaire.

Chez le philosophe, le pouvoir de la parole confond les puissants. "Ôte toi de mon soleil", lance Diogène à l’empereur Alexandre le Grand ?
Pour les cyniques, la parrhésie est un pouvoir de frugalité, de simplicité assumée, et de doctrine acceptée, du refus de s’attacher aux biens matériels. Par cette liberté, le philosophe trace la voie à suivre. Chez Plutarque et les platoniciens 46-125, cette franchise préside les échanges et s’oppose à la flatterie.
Telles les relations père-fils en son éducation première.

On trouve ce terme à la Septante, ou la version grecque du premier testament dès le III ème siècle avant J.C., mais sans équivalent pour la version hébraïque, disent les historiens.
Dans le Lévitique, on cite au 26,13 "je suis le Seigneur votre dieu qui vous a fait sortir du pays d’Egypte, à laquelle la version grecque ajoute, je vous ai conduits avec parrhésie”.
Dans le livre de la Sagesse, il est dit, la sagesse au dehors lance un appel, sur les places, elle élève sa voix, tandis que le texte grec souligne, dans les places "elle amène à la parrhésie”.
Exception rapportée par Philon d’Alexandrie, philosophe juif et de langue grecque, 20 avant J.C., mort 45 après J.C., le fidèle s’adresse en toute parrhésie avec une conscience pure à son dieu !

Dans le Nouveau Testament, il est mentionné une quarantaine de fois, avec le sens de parler ouvertement ; Paul l’apôtre accentuant la force du témoignage du disciple du Christ, comme un élan de la mission et de la parole partagée.

On ne sera pas étonné de savoir que Chrysostome chez les Pères de l’Eglise grecque se plait à commenter l’attitude de Nathan le prophète faisant reproche au roi de ses conduites déplacées.
Chez Jérôme, dans la version latine de la Bible, plus de parrhésie à la fin du IVème siècle.
On préfère parler de "confiance, d’assurance ou de constance, de la force d’âme" du croyant qui, jusqu’à la Renaissance, est abandonné dans la perspective religieuse pour une liberté de parole qui peut mener jusqu’à la transgression.

Dans un temps plus actuel, le philosophe Michel Foucault au Collège de France parle de la parrhésie comme "du courage de la vérité dans le gouvernement de soi et des autres", en 1984. C’est une attitude politique avant d’être morale et personnelle. Elle consiste à conforter la manière de dire devenue une véritable manière d’être de la vie.

Tel est l’intérêt du pape François qui se plaît à rejoindre cette origine religieuse faite de courage à porter l’évangile en terre païenne pour les missionnaires d'aujourd'hui.
Ce qui suppose dès lors une vie à l’exemple assumé d’une parrhésie, faite de détachement et de simplicité.
Dans un document préparatoire au synode sur la Synodalité, le pape François recommandait courage et parrhésie au nom de la liberté, de la vérité et de la charité qui conduisent vers les élans les plus porteurs de la vie chrétienne.

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