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Musique
Une œuvre culte : le « Requiem » de Mozart par le Quatuor Arnaga
Une œuvre culte : le « Requiem » de Mozart par le Quatuor Arnaga
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| La Rédaction 911 mots

Une œuvre culte : le « Requiem » de Mozart par le Quatuor Arnaga

Les mélomanes qui n’ont pu l’entendre à Ciboure au début du mois auront l’occasion d’apprécier nouvellement cette belle version pour Quatuor à cordes du Requiem de Mozart que le Quatuor Arnaga donnera en ce dimanche des Rameaux - 25 mars - à 15h30 à l'abbaye de Belloc (entre Urt et La Bastide Clairence).

Mozart est universellement connu ; il est peut-être même le compositeur le plus aimé de la musique classique. Son Requiem est une « œuvre-culte », mais pas seulement pour les amateurs de musique ; le « grand public » lui aussi, aime cette œuvre grandiose, tantôt intime tantôt éclatante, toujours à la pointe du génie.

Épuisé par la maladie et la pauvreté, Mozart sait, quand il commence le Requiem, qu’il ne pourra pas le terminer. Mais la commande sera bien payée et il faut bien nourrir Constance et leurs deux garçons. En effet, il mourra sans avoir pu l’achever, en décembre 1791.

La commande lui avait été remise, peu de mois auparavant, par de mystérieux intermédiaires envoyés par le comte Franz de Walsegg, riche aristocrate autrichien. Musicien amateur, le comte rêvait d’être reconnu comme compositeur ; aussi, il n’hésitait pas à commander des œuvres aux musiciens les plus en vue pour, ensuite, les faire passer pour siennes dans ses concerts privés. L’argent permet bien des choses… Mais il en exige aussi : comment se faire régler une œuvre inachevée ? Constance confia la poursuite du travail à deux élèves de Mozart, parfaits connaisseurs de ses œuvres et de ses pratiques musicales ; ils s’appuyèrent sur les nombreuses esquisses laissées par leur maître et écrivirent selon ce style qu’ils maîtrisaient si bien. Cette noble tâche permit à Constance de toucher la somme promise. C’est sous cette forme que le Requiem entra dans sa postérité, une longue histoire placée sous une étrange constellation qui réunit le génie, le mystère, la filiation, la transformation, la mort.

La mort, doublement : le Requiem est la messe des morts du culte catholique. La tradition lui confère une grandeur sombre et tragique que les compositeurs de tous les temps ont illustrée par leur musique. Mozart est mort à 36 ans, alors qu’il travaillait à son Requiem.

Une transcription « audacieuse »

Comment le Quatuor Arnaga (deux violons, un alto et un violoncelle) peut-il jouer le Requiem de Mozart ? Ce serait impossible sans la transcription, audacieuse initiative, que réalisa un jour un grand admirateur de Mozart, Peter Lichtenthal qui vivait à Vienne où il avait fait des études de musique et de médecine. Certes, l’idée de transcrire pour quatuor à cordes une œuvre pour orchestre, chœurs et solistes, peut paraître étrange.

Plus encore qu’étrange, cette initiative peut paraître transgressive : le Requiem de Mozart n’est-il pas intouchable, fixé pour l’éternité dans la noblesse incomparable que lui a donnée Mozart à la fin de sa vie ? Cette question n’a pas effleuré l’esprit de Lichtenthal : passionné de Mozart et ami de son fils Carl-Thomas, il se pose d’emblée en militant et choisit la transcription comme outil privilégié de divulgation. N’est-il pas lui-même compositeur de ballets, organisateur de concerts, critique musical, musicologue et homme de lettres reconnu ? N’a t- il pas écrit, tant il croit dans le pouvoir de la musique, un ouvrage pionnier en musicothérapie, le « Traité de l’influence de la musique sur le corps et de son usage dans certaines maladies » ? Au cœur de cette production bariolée et d’inégale valeur, la transcription du Requiem apparaît comme son œuvre majeure, celle en tout cas à laquelle il doit aujourd’hui ce qui reste de son ancienne notoriété.

Nous ne savons pas si cette version pour quatuor à cordes fut jouée en son temps, où et par qui. De nos jours, elle est assez recherchée par les interprètes qui, s’appuyant sur une récent édition, peuvent y apporter des aménagements de détail. Ceux voulus par le Quatuor Arnaga s’inspirent de la partie originale du Requiem pour solistes, chœur et orchestre. Il ne reste évidemment aucune trace vocale, car les mélodies des voix sont intégrées dans la version pour cordes.

Il existe d’autres transcriptions du Requiem de Mozart : hommage, exercice d’imitation ou défi à soi-même, comme celle de Liszt, partielle, pour piano et celle de Czerny réalisée pour piano à 4 mains accompagnant les voix). Aujourd’hui encore, des compositeurs entreprennent de compléter les sources manuscrites, d’effectuer d’autres transcriptions et récritures. Le Requiem de Mozart pour quatuor à cordes s’inscrit dans le destin exceptionnel de cette œuvre esquissée, terminée, contestée, tombée dans la légende puis arrangée encore et encore, transcrite enfin, marquée dès sa conception par une multiple singularité, mais dont le prestige universel n’a cessé de se renforcer au cours des siècles et reste intact au début du XXIe.

Rappelons par ailleurs que le Quatuor Arnaga vient d’enregistrer un nouveau CD : « Les Sept Dernières Paroles du Christ en Croix » de Joseph Haydn. Les textes sont écrits et dits par Mgr André Dupleix. La lectrice est Nicole Watbled. Les illustrations de la pochette de Van Dyck et Rembrandt proviennent du Musée Bonnat-Helleu de Bayonne. Ce nouveau CD du Quatuor Arnaga est en vente à la Librairie de la Rue en pente, rue Poissonnerie à Bayonne, au prix de 15 € (envoi en France métropolitaine : 2 €). On peut également le recevoir en contactant à l’adresse mail : seube.olivier@wanadoo.fr - ou en appelant Olivier Seube au tél. 06 80 43 67 06.

« Requiem de Mozart » (version pour Quatuor à cordes) par le Quatuor Arnaga, dimanche des Rameaux - 25 mars - à 15h30 à l'abbaye de Belloc (entre Urt et La Bastide Clairence). Libre participation.

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