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Tradition
La lune, hil-argia et ses influences dans la mythologie basque
La lune, hil-argia et ses influences dans la mythologie basque
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| François-Xavier Esponde 1054 mots

La lune, hil-argia et ses influences dans la mythologie basque

Depuis le seigneur Pantagruel qui, le premier selon Rabelais, visita la lune «pour savoir si, à la vérité, elle était entière, alors que les femmes en avaient trois quartiers dans la tête », et le voyage imaginaire du « vrai » Cyrano de Bergerac dans son « Histoire comique des États et Empires de la Lune », en passant par les Frères Jacques qui chantaient « la lune mise en bouteille » et jusqu'à ce cinquantième anniversaire d’Apollo XI qui s'y posa, l'astre nocturne n'a pas fini de nous passionner… Il inspira même un conte fantastique au célèbre écrivain russe Nicolas Gogol qui imagina, à la veillée nocturne de Noël, le diable essayer de s'emparer de la lune pour mystifier les bons chrétiens se rendant à l'office religieux du « Sotchelnik », mais obligé de renvoyer l'astre trop chaud d'une main à l'autre ! François-Xavier Esponde remonte dans le temps pour retrouver les origines de ces croyances les plus anciennes. ALC

1 – La lune dans les temps premiers, avant les hébreux.

« Hil argia », la lune en langue basque (littéralement, la « lumière des morts ») a toujours eu, comme dans d’autres cultures, une influence sur les hommes, les animaux et les plantes.
Son profil céleste en demi-teinte, dans la noirceur du cosmos, a nourri des cultes particuliers chez les hommes, crainte et adoration selon les époques et les saisons de l’année. Car la lune et le soleil mènent la danse du cosmos, dans cette dualité si particulière que l’humain observe dans ses éclipses, sans pouvoir les expliquer sinon constater leur influence directe sur le corps humain, la psychologie et le rapport sur la terre.
Les anciens Basques exprimaient une certaine crainte devant ce noir éclairé en demi-teinte, de demi-jour et de demi-nuit, et confinant au mystère par ses effets directs sur la nature.
Les Grecs anciens lui donnaient des parents, Hypenion et Théa ; chez les Egyptiens, la lune avait deux sexes et faisait l’objet d’adoration comme tous les astres du ciel désignés par des noms et réputés exercer leur influences sur les humains.
Les noms ne manqueront dans l’agora de ces divinités, Céleste pour les Phéniciens, Astarté chez les Egyptiens, Isis chez les Perses, Mylissa pour les Arabes d’avant l’islam, Alilat pour les Romains, Diane et Sélène chez les Grecs. Mais encore Artémis, Aphrodite, Athéna, Hécate ou Bellone selon les auteurs.
Une divinité céleste comme le soleil, mais propre à la nuit et dont les apparitions régulières ponctuèrent le calendrier dit lunaire ainsi que les influences nocturnes qui gardaient un cachet occulte et secret.
On connaît l’influence de la lune sur le commentaire des horoscopes, et leur caractère divinatoire.
Les Romains disposaient à Rome de deux temples dédiés à la lune, sur les mont sAventin et Palatin, désignés à « la noctiluca ».
En d’autres civilisations antiques, comme chez les Incas d’Amérique, la lune était considérée comme la mère de l’empereur régnant, et mère universelle des indiens des tribus.
Lors de ses apparitions ponctuelles, les Arabes observaient eux aussi des cultes particuliers à la divinité.
2 – Traditions bibliques.
Et pour notre gouverne, dans la Bible hébraïque, le soleil et la lune sont mentionnés au quatrième jour de la Genèse du monde comme des divinités égales (chapitre 1,15-15 Genèse). Dans cette mythologie première, le soleil est le roi du cosmos, la lune la reine... Mais la Bible n’attribue pas de nom particulier à la lune.
Moïse, à la tête de son peuple nomade, observe la lune comme un corps lumineux et le compare au soleil, le soleil guidant le jour, la lune la nuit de l’univers. Tous deux ayant dans le cours du temps influencé les calendriers solaires et lunaires des hommes en Orient (Genèse 1,14), lesquels fixaient les révolutions astrales qu’ils observaient et vénéraient par des fêtes célébrées à leur honneur. Les hommes déguisés en femmes, les femmes habillées en hommes dans des cultes sacrés d’avant l’époque des Hébreux dont le calendrier solaire fut adopté en premier, avant de fixer dans le calendrier lunaire le cours du temps lors de leur retour de captivité à Babylone.
Les Babyloniens eurent-ils quelque influence sur eux ? On peut le supposer, sans toutefois apporter des preuves tangibles, faute de témoignages inscrits dans le Livre Saint biblique. Depuis cette époque antique, les douze mois de l’année seront décomptés, sans toutefois en comprendre l’origine et observer le déroulé mystérieux et répétitif.
Les prophètes bibliques parlent de la lune et de ces phénomènes célestes qu’ils associent à la fin des empires, comme celui de Babylone (Isaie 13,10), objet d’une révolution lunaire. Ezéchiel empruntera à son tour à Isaïe la même raison concernant la fin de Babylone, la rivale et l’ennemie de l’ancien Israël. Idée reprise encore par le prophète Joël.
A cette époque, comme pour tous les orientaux, chacun croyait que le soleil tournait autour de la terre et non la terre autour du soleil. La lune était vénérée et chaque éclipse faisait l’objet de cultes et de sacrifices apportés à la divinité. Les prophètes évoquent des sacrifices humains célébrés dans leurs temples.
Objet de culte au masculin, car en ces temps passés, la lune était portée par des prêtres hommes et représentée comme un guerrier écrasant le coq à ses pieds, coiffé d’un bonnet phrygien, et non dans des vêtures féminines.
La nuit lunaire, on croyait que la divinité empruntait les carrefours des chemins. On y déposait des offrandes agréables de fruits à son intention, et dans les maisonnées on entreposait des provisions pour accompagner son voyage sur la terre.
Strabon mentionne l’usage des victimes humaines choisies parmi les esclaves transférés à Rome après les combats guerriers, comme des trophées de victoires et disponibles aux travaux de somme des vainqueurs. Les Anciens croyaient à l’influence de la lune sur les fruits domestiques, la croissance des figues, des concombres ou du raisin. La croissance des céréales, du blé, de l’orge, était objet de vénération.
En terre basque, les rogations lors des semailles, la bénédiction des récoltes de la fin de l’été ne plongeraient-elles pas quelques racines dans ces cultes agraires anciens ? On peut en douter !
Les phénomènes météorologiques actuels, le cycle imprévisible des cyclones, des tempêtes et des tsunamis dans le monde réveillent sans cesse de telles croyances chez les humains. Car, face à de telles calamités naturelles, le moissonneur est livré à l’imprévu. Et le religieux à ses invocations célestes pour demander la clémence et l’harmonie des saisons.

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ADLMDDM | 26/07/2019 12:12

Eh ! Bien dites donc... "On ne saurait pas expliquer les éclipses" ? Ah ! Bon ? "Les Anciens croyaient à l'influence de la lune sur les fruits, légumes..." ! On sait de nos jours que le Tournesol aurait dû plutôt être nommé "tournelune" car la torsion sur sa tige vient essentiellement de la nuit et de la lumière blafarde de la Lune qui a fait croire au supposé fait qu'il suivrait la course apparente du Soleil alors qu'il s'agit de réactions biochimiques dues au contraire à l'absence du Soleil... Bien sûr que les légumes et bien des plantes doivent être plantées à tels moments du cycle lunaire ! Tous les jardiniers le savent. Quant aux calamités naturelles comme les cyclones, les sécheresses ou les crues, les RAZ-DE-MAREE etc... Il existe de nos jours tous les moyens non seulement de les comprendre mais de les ausculter et de les prévoir ! A la lecture de cet article je pense à un conte mythologique réécrit pour faire la synthèse de tous les CONTES & LÉGENDES de l’Égypte ancienne, de la Grèce antique, de la Rome républicaine et Impériale, mais qui ignore les Sumériens, les Étrusques, aussi bien que les contes et légendes locales des Landes et du pays basque comme du Béarn où pourtant il en existe de bien intéressants ! Dommage. J'ajouterai encore que la Bible interdit aux hommes de se vêtirent en femmes et inversement, ce qu'un prêtre, à mon sens, n'aurait pas dû omettre en ces temps sataniques d'inversions en tous... genres.

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