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Histoire
A Biarritz, l’histoire s’écrit avec des chevaux
A Biarritz, l’histoire s’écrit avec des chevaux
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| Alexandre de La Cerda 882 mots

A Biarritz, l’histoire s’écrit avec des chevaux

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La nouvelle saison des courses de trot qui débutent à l’hippodrome de Biarritz mercredi 4 juillet avec le Prix du château Miller La Cerda (voyez en rubrique actualité) nous donne l’occasion de revenir sur l’origine de cette tradition équestre sur la côte basque.

Seraient-ce les apports de sang russe Orlov, ce trotteur obtenu par le comte Alexis Orloff (l’ancêtre de celui qui vint à Biarritz au temps de Napoléon III et dont l’épouse, en passe de se noyer sur la plage du Miramar, dut sa vie au gardien du phare et guide-baigneur Pierre Lafleur) par croisement d'étalons arabes avec des juments danoises et hollandaises Hardraves ?

Toujours est-il que le noble trotteur russe au pied sûr, réputé endurant, énergique et audacieux – toutes aptitudes naturelles lui procurant au trot cette allure rapide et équilibrée -, a régné sur les champs de courses, en particulier à Biarritz, pendant tout le XIXe siècle et bien plus tard.

Y pensait-il, le grand-duc Alexandre Mikhaïlovitch qui résidait une bonne partie de l’année à Biarritz ? Un cliché d’époque le montre dans sa « loge équestre » en compagnie de ses enfants suivre les courses de Biarritz pendant que son cousin, l’empereur Alexandre III de Russie (à l'origine de l'Alliance franco-russe) était représenté par le peintre Nicolas Swertschkoff promenant Guillaume II d'Allemagne en attelage de trotteurs Orlov.

Son ami Edouard VII - qu’on avait surnommé « roi de Biarritz et de Grande-Bretagne » pour son amour de la villégiature basque – était tout aussi assidu aux compétitions équines biarrotes, à l’image des nombreuses têtes couronnées qui y séjournaient alors…

Pour en revenir à ces croisements qui avaient amélioré la morphologie, la vitesse et la vélocité des trotteurs français, ils ont produit deux types de chevaux : un grand et charpenté, adapté au trot monté, discipline dominante dans les années 1900, et l'autre plus léger pour le trot attelé, qui devint peu à peu la discipline prédominante au lendemain de la première guerre mondiale. En fait, on estime qu’au début du XXe siècle, 95% des trotteurs français étaient issus de ces croisements.

Le trot attelé nait sous Napoléon III

Alors que les premières courses officielles au trot monté créées en 1836 à l'initiative d'un officier des Haras Nationaux avaient engendré une « Société Générale des Courses de Normandie » qui avait promu le trot dans toute la France, il fallut attendre 1861 pour voir apparaître le trot attelé.

Fondée trois ans plus tard, la Société d'Encouragement du Cheval Français (SECF) va régir l'ensemble des courses au trot en France qui ne cesseront de se développer après la guerre de 39-45 et la possibilité de courir en nocturne à partir de 1952.

Si le premier Concours hippique international organisé à Biarritz eut lieu le 13 septembre 1885 au plateau du Phare, transféré en 1892 sur l’esplanade de la Grande-Plage (en présence des grands-ducs russes), la manifestation gagna à partir de 1896 les terrains nouvellement aménagés du country-club d’Aguiléra.

Mais, c’est en 1910 et 1911 que Biarritz fut la ville de départ du raid Côte-Basque/Paris en plusieurs étapes, manifestation hippique ouverte aux chevaux de l'élevage français, avec entre autres, les chevaux demi-sang attelés (sulky). En 1922, un raid hippique organisé par le quotidien « La Petite Gironde » et démarré à Bordeaux aboutit à Biarritz avec deux catégories, les chevaux montés et les chevaux attelés. Mais c'est à Pâques 1936 que les courses débuteront véritablement avec le premier Grand Prix de Biarritz pour trotteurs sur route en deux étapes de 25 km, traversant également Arcangues et Bayonne pour arriver sur le boulevard de la Grande-Plage. Devant le succès de la manifestation, le maire de Biarritz Ferdinand Hirigoyen en sollicita le renouvellement et l’année suivante, le Grand Prix de la Ville de Biarritz devint une épreuve officielle inscrite dans le cycle des grandes compétitions classiques de trotteurs sur route : il s’agissait alors d’effectuer cinq fois un parcours tracé autour de l'avenue Edouard VII et de la place Clemenceau.

Au lendemain de la guerre, sous l’impulsion du nouveau et entreprenant maire Guy Petit qui « ressuscitait » la villégiature biarrote, le Syndicat d'Initiative organisa en juillet 1949 la première course d'après-guerre, avec neuf partants. Dans la foulée fut créée la Société des Courses de Biarritz sous la présidence du Marquis d'Arcangues, qui continua d'organiser les courses à travers la ville, faute d'hippodrome. Un accident – en 1951, un cheval emballé avait traversé la foule place Clémenceau en remontant le parcours à contre sens et en blessant des spectatrices dont une succomba – entraîna l’arrêt des courses en ville pour les transférer sur le terrain de la Cité des Fleurs, utilisé jusque-là pour le polo, où l’on inaugura le nouvel hippodrome. Les premières courses y eurent lieu en juillet 1954 sur une piste en herbe de 900 mètres et trois ans plus tard, la Ville de Biarritz créa une piste en demi dur, avec des virages relevés grâce aux matériaux provenant des travaux de la place Clemenceau. le périmètre de la piste s'apparentant désormais aux pistes spéciales italiennes. En 1964, l'hippodrome fut doté d'un éclairage pour l'organisation de réunions nocturnes et en 2004, à l’occasion de son cinquantenaire, l'épreuve du Grand Prix de la Ville de Biarritz obtint le statut de course PMU national pour laquelle les paris sont possibles dans toute la France.

 

Le Grd Duc Alexandre dans sa loge équestre aux courses de Biarritz
Le Grd Duc Alexandre dans sa loge équestre aux courses de Biarritz © DR
Le Grd Duc Alexandre dans sa loge équestre aux courses de Biarritz
Edouard VII aux courses
Edouard VII aux courses © DR
Edouard VII aux courses

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