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Poésie de la semaine
Prix des Trois Couronnes : Alan Abeberry et Aurélien Ressot se partagent le Prix de poésie
Prix des Trois Couronnes : Alan Abeberry et Aurélien Ressot se partagent le Prix de poésie

| Alexandre de La Cerda 994 mots

Prix des Trois Couronnes : Alan Abeberry et Aurélien Ressot se partagent le Prix de poésie

Alan Abeberry

C’est un véritable poète étoilé – ou plutôt tourné vers les étoiles – car passionné d’astronomie que nous distinguons aujourd’hui, mais dont la trajectoire suit les méandres compliqués et parfois tragiques de l’histoire du Pays Basque. 
Car votre père, Maître Maurice Abeberry, avocat réputé, assura (entre autres) la défense de réfugiés basques.
Pilotari - il jouait à pala avec l’artiste Zigor dont il fut le défenseur, et vous incita à pratiquer notre sport national - Maurice Abeberry fut également le président efficace de la Fédération internationale de Pelote Basque.
Passionné de nature, votre père emmenait toute sa famille à la montagne, au ski…
Et c’est hélas lors d’une excursion sur La Rhune qu’il mourut... 

Comment ne pas citer encore celui que j’ai si bien connu, également avocat des tenants de la cause basque, Koko Abeberry, qui vous enseigna l’euskara.
Et Jakes Abeberry, élu adjoint de Didier Borotra, qui restaura à Biarritz une véritable politique culturelle dont certains aspects bénéfiques sont encore heureusement d’actualité : c’est à lui que nous sommes en particulier redevables de la création du Ballet Malandain Biarritz... 
Quant à un autre de vos oncles – ils étaient cinq frères élevés à Biarritz, rue Barthou -, Pierre Abeberry, avocat devenu prêtre après la guerre, il joua une influence signifiante dans votre chemin spirituel, l’autre facette de votre riche personnalité. 

En fait, avec vos touches particulières, vous êtes le digne héritier de cette extraordinaire fratrie Abeberry : l’amour de la nature, de notre pays et de sa langue, l’euskara, l’élévation spirituelle, toutes qualités que vous traduisez dans vos écrits poétiques, colorés encore d’une touche d’orientalisme puisqu’après la Sorbonne, l’Essec et Sciences-Po, votre trajectoire est passée par l’Inde, la Chine et le Tibet avec leur spiritualité bouddhiste, en complément à vos inspirateurs originels, Montaigne, Pascal et Ignace de Loyola... 

Aurélien Ressot

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Aurélien Ressot ©
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C’était il y a deux ans, à l’été 22 : une belle rencontre lors du merveilleux récital de la pianiste Lutxi Nesprias organisé pour les Amis d'Arnaga dans ce grand salon de la demeure d'Edmond Rostand : le jeune poète, résident biarrot – il venait alors d’être reçu bachelier - Aurélien Ressot m’avait dit quelques-unes de ses compositions devant la vitrine consacrée à Cyrano !

Regrettant beaucoup de ne pouvoir être à temps parmi nous à cause de ses obligations universitaires, Aurélien nous a envoyé ce message de présentation :
"Je suis un étudiant en lettres passionné de littérature et de poésie. J’apprécie explorer les classiques de lettres françaises ainsi que rechercher de nouvelles inspirations pour nourrir mes écrits. 
Ma passion pour la littérature et la poésie m'anime et me guide dans ma quête de compréhension du monde, de compréhension de l’être humain ainsi que son but. 
En tant qu'étudiant en lettres, j'ai toujours été fasciné par la manière dont les mots peuvent être agencés pour créer des mondes totalement distincts du nôtre.  @Que ce soit à travers la poésie ou les romans, chaque phrase et chaque mot construisent des univers que nous pouvons explorer à loisir.  @Depuis mon enfance, je suis plongé dans cet univers littéraire, même si cela m'a souvent valorisé des difficultés avec les réalités de notre monde concret.  @Ma quête de nouveaux mots, de nouvelles formes et de nouvelles histoires à raconter semble être sans fin.  
L'écriture est pour moi une forme de thérapie, dans un monde qui semble être malade, pris entre le récit et la réalité".

- Ses poèmes composés pour notre remise des prix aujourd'hui et lus par Bastien Brestat, lauréat Prix de poésie de l'année dernière :

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Poésies d'Aurélien Russot lues par Bastien Brestat ©
zz Poésies d'Aurélien Russot lues par Bastien Brestat.jpg

Pour Rosemonde

« Elle qui s’érige comme la sainte des saintes,  
En transfigurant l’ombre, en terrassant l’abîme,  
Purifiant les mondes de par sa complainte  
Et donnant aux fleurs ce teint si sublime,  

Peut-elle entendre le cri de ces enfants ?  
Ouïr les fragments de sons de sa descendance ?  
Parvient-elle à écouter ces soldats rugissants  
Vainquant par l’épée, la rose et la vengeance ?  

Ses cheveux viennent du sud des régions 
Où le zénith fait pousser l’humanité.
Ils se souviendront de ses mots et de son nom
Et la glorifieront jusqu’au terme de l’éternité. »

« Biarritz »

« L’ombre des innombrables palmiers 
Tente de cacher le doux laiton,
Qui, vers midi, frappe le gravier instable,
Fondant les bâtiments faits de béton. 

L’eau s’illumine dans les fontaines, 
Reflétant les couleurs de l’horizon,
Faussement proches mais fort lointaines, 
Donnant un air de trahison. 

Les ancestrales photos de plage saturées 
Rappellent que le temps nous brûle. 
La pluie aspire à tout apaiser, 
Mais le goudron, sempiternellement, hurle. 

Le soleil tapis son courroux dans l’océan, 
Et stoppe net son règne sur la terre.
Il retourne s’engouffrer dans le néant, 
Laissant place à la litanie de la mer. »

Quelques autres poèmes d'Aurélien Russot

« Univers »

Il n’y a pas de limites dans ce décor infini 
Qui se complaît dans son manteau noir
Et l’on peut tenter d’observer tous les soirs
Ce long pays qui reste malgré tout indéfini.

Des touches blanchâtres animent la toile
Et la lune t’attire en son puissant rayon,
Il trace, éternellement, ce superbe crayon
Remplissant tes yeux et tes rêves d’étoiles.

Pensais-tu à l’Olympe en voyant les cieux ?
Naviguons dans cet Interminable Océan,
Ce désir fou, devient peu à peu obsédant
Puis anime en moi l’envie de visiter le lieu.

« Les cailloux »

Les cailloux, ces vastes locataires des plages,
Qui se laissent guider par la force de l’eau,
Circulent dans l’écume déserte tels des mages,
Leur stabilité réelle et longue, sonne faux.

Ils déforment les pieds, les gens éprouvent une rapide douleur,
Mais celle-ci est aussi passagère que ces touristes marins
Ballottés par les courants vers toutes les mers, à toute heure,
Ils n’utilisent ni l’avion ni la voiture, encore moins le train.

Un jour, les illustres roches brisées finissent par couler vers le néant,
Semblant délaisser progressivement la lueur pour l’obscurité,
Ces fragments pourtant irréductibles sont pourtant vaincus par le temps,
Ils se laissent guider petit à petit vers une (très profonde) éternité.

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