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Musique
Yaron Herman et le Geneva Camerata
Yaron Herman et le Geneva Camerata
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| Michel d'Arcangues 448 mots

Yaron Herman et le Geneva Camerata

C’est un voyage dans le temps et dans l’espace que nous ont présenté David Greisalmer, Yaron Herman et le Geneva Camerata, au cours d’un concert passionnant et innovant au Théâtre Quintaou d’Anglet, le samedi 10 février, avec un programme surprenant intitulé « Sounds of Transformation » et dont la substance a fait l’objet d’un récent enregistrement sous le prestigieux label « Sony Classical ». Un voyage musical qui mêle musique baroque du XVIIème et XVIIIème siècle, le Concerto en fa de Maurice Ravel, « The unanswered question », la pièce énigmatique du compositeur américain Charles Ives (1874-1954), et des séries d’improvisations jazz en trio dirigées par le brillant pianiste franco-israélien Yaron Herman, accompagné par le batteur Ziv Ravitz et un contrebassiste, et qui viennent s’intercaler entre les pièces du répertoire classique. Ainsi que l’explique le chef d’orchestre et pianiste David Greisalmer, directeur du Geneva Camerata : « Présentant toujours une forme qui peut être parcourue du début à la fin ou de la fin au début, le palindrome (phrase qui se lit dans les deux sens), qui allait nous offrir la possibilité de placer les pièces classiques et leurs jumeaux métamorphosés à différents endroits dans le programme ». Vont donc se succéder des « tubes » connues du grand public de Jean-Baptiste Lully (« Marche Turque » et bourrée du « Mariage Forcé »), Jean-Philippe Rameau (l’orage de l’opéra « Platée »), William Purcell (Hornpipe de « Fairy Queen »), Marin Marais pour la viole de gambe (« Le badinage »), entrecoupés d’improvisations du trio jazz dont les thèmes se réfèrent ou citent les pièces qui viennent d’être jouées par l’orchestre, dans une transition naturelle, intime, délicate et sans heurts. Une navigation à travers les âges et les styles qui, vers le milieu du récital, nous conduit au merveilleux « Concerto en fa » de Maurice Ravel, chef d’œuvre qui mêle habilement les structures classiques du concerto avec l’esprit novateur des rythmes de jazz et la mélancolie du Blues. Et puis, comme en filigrane, surgit ponctuellement la mystérieuse et saisissante et spectrale interrogation métaphysique, « The unanswered question », la « Question sans réponse », de Charles Ives, où la trompette dialogue avec l’orchestre et interroge la création sur la question de l’existence de Dieu et de l’origine de l’humanité. Un monde musical en constante transformation, en perpétuelle évolution, où les sons, les styles et les genres les plus divers se mêlent, se répondent, se côtoient et se rejoignent dans un dialogue intemporel, magnifié par de jeunes instrumentistes audacieux, éclectiques et imaginatifs, qui nous ont donné une prestation d’une qualité musicale décalée, audacieuse et pleine de surprises, avec une grande rigueur d’écriture et de structure.

Michel d’Arcangues

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