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Cinéma
Une cinéaste basque en Corse pour la jeunesse de Napoléon
Une cinéaste basque en Corse pour la jeunesse de Napoléon
© DR

| Alexandre de la Cerda 1244 mots

Une cinéaste basque en Corse pour la jeunesse de Napoléon

S’il y a quelque analogie entre le Pays Basque et la Corse, c’est bien la revendication d’une forte identité qu’illustre un chant puissant et ancestral porté par des échanges de chorales entre les deux régions. Au-delà même des luttes parfois communes et de jumelages, tel celui de Sare avec Santa Maria Poghju, il y aura désormais un court-métrage sur la jeunesse de Napoléon en Corse tourné par Isabelle d'Olce, de la famille du célèbre évêque basque qui maria Louis XIV à Saint-Jean-de-Luz et construisit son beau château à Iholdy, en Basse-Navarre !

Isabelle d'Olce se lance ainsi dans une aventure exceptionnelle, passionnante, ambitieuse, avec le soutien de la collectivité territoriale de Corse, de France3 Corse, de la ville d'Ajaccio et de nombreux professionnels qui ont apprécié son travail par le passé, lui font confiance et l'aident pour son projet. « Le cinéma est, pour moi, un formidable vecteur culturel, historique et de transmission du savoir. Il permet de découvrir d’autres mœurs, d’autres vies, d’autres manières de voir et penser notre monde. Voilà pourquoi », explique Isabelle d'Olce, « j’ai voulu faire ce court métrage qui raconte un moment de l’histoire Corse à la fin du XVIIIème siècle. Faire découvrir un univers et une période méconnue et pourtant charnière de cette île et de la France ».

Et de préciser : « C’est par curiosité que je me suis intéressée à l’histoire de ce jeune garçon devenu empereur. Sans prétendre reconstituer la bataille d’Austerlitz à la Abel Gance, j’ai voulu imaginer ce que pouvait être la genèse de l’histoire de Napoléon. Période assez peu connue de sa vie mais également de la Corse. J’ai eu envie d’écrire une histoire qui aurait pu exister dans un contexte historique le plus authentique et juste possible. Les différents spécialistes de Napoléon ou de l’histoire Corse que j’ai pu rencontrer à Ajaccio ont accueilli mon idée avec beaucoup d’encouragements. J’ai également rencontré le conseiller cinéma de la commission Corse, pour être certaine de ne pas partir sur un projet irréalisable ou mal venu. Tous ces échanges m’ont poussée à continuer et aidée à construire mon histoire dans l’Histoire ».

Or, la volonté d’ancrer le récit dans le contexte de l’époque doit se traduire, tout d’abord, à travers les décors et costumes reconstitués le plus précisément possible afin de plonger le spectateur dans la réalité de cette famille corse du XVIIIème siècle : « Ainsi, la luxuriance du bureau à la française de Marbeuf est en opposition à la modeste, mais bourgeoise, maison Ajaccienne des Bonaparte. Cela dit, on peut constater que les parents de cette famille possèdent une toilette soignée pour faire bonne figure, ou en tout cas se donner un certain statut aux yeux des autres. Parce que c’était le cas à l’époque ; je souhaite que le poids de cette contrainte transparaisse à l’image. D’autre part, j’aimerais qu’en terme visuel, on ressente le côté clanique de cette société, notamment lors des séquences dans les caves éclairées à la bougie. Tout se fait en petit comité, la nuit, discrètement, il se passe des choses importantes mais seule la flamme d’une bougie est témoin de ce qui se dit et arrive dans ces lieux. Le traitement de l’image par l’utilisation du clair-obscur des scènes à la bougie permet de souligner le confinement de cette famille. Un isolement et une mise au secret qui renforcent l’idée d’appartenance à une tribu. Et c’est finalement ce qui est important pour Nabulio, ce qu’il va apprendre à respecter le plus : le clan ».

Napoléon ou Nabulio ?

Le spectateur sera plongé de plus belle dans l’univers de l’époque à travers la langue corse. En effet, précise encore Isabelle d'Olce, « des Bonaparte, seul Charles parlait français. Il est donc normal qu’il s’adresse en français à Marbeuf et cela montre l’effort qu’il fait pour s’intégrer. Par contre, au sein de la famille, seule la langue corse est utilisée. Dans sa dernière réplique, Charles s’adresse à son fils dans la langue que ce dernier va devoir apprendre, c’est ainsi qu’on se rend compte que Napoléon est la traduction française de Nabulio.

Il est important que la musique du début soit « Dio vi salvi Regina », hymne choisi par les Corses en 1735 lors de la proclamation de leur indépendance face aux Génois. D’un chant religieux, les Corse en ont fait un chant guerrier. Même si le spectateur ne connaît pas l’histoire de cet hymne, l’ambiance, immiscée par ces voix d’hommes, reflète cette notion d’unité et de combativité. Elle donne le ton dès le début du film.

De nombreuses séquences sont en intérieur. L’image restreinte doit décrire un statut entre les personnages, plans moyens et serrés seront privilégiés. Ainsi, dans le même cadre, Marbeuf apparaît systématiquement plus imposant, au premier plan, face à Charles en fond (dans un reflet, à travers un verre). Les scènes à la bougie imposeront nécessairement un travail similaire sur la composition du cadre.

À l’inverse, Nabulio est l’un des seuls personnages qu’on voit à l’extérieur. Il paraît évoluer dans un monde plus vaste que celui des autres personnages, vivre et voir les choses différemment, plus largement. Les plans de début et fin doivent évoquer l’étendu du monde vers lequel il se dirige. Napoléon chevauche pour étendre son empire, Nabulio court dans les rues ensoleillées vers son avenir. Il a compris qu’il devait mettre ses idéaux de côté et se plier aux exigences de son père. La voix de la raison ne lui a-t-elle pas été favorable ce jour-là » ?

Dernière ligne droite avant le bouclage du budget du court-métrage.

Si le tournage en langue corse et en français de ce court-métrage d’Isabelle d'Olce intitulé « Au commencement » se déroulera du 23 au 28 octobre 2017 à Ajaccio, la production a décidé de faire un appel à contribution pour pouvoir le réaliser dans des conditions à la hauteur de ses ambitions. 

C'est pourquoi Isabelle d'Olce sollicite aujourd'hui toutes les bonnes volontés en espérant arriver au bout du projet qu’elle porte : la société des « Films Portalis » qui y travaille depuis un an et demi percevra la totalité des fonds récoltés. La productrice Scarlett Garson a déjà produit trois courts métrages et adore relevé des défis ambitieux tels que « Au commencement » : montrer à l'écran un moment clé de l'enfance d'un homme au destin exceptionnel qui a scellé l'histoire de France. Quant à Isabelle d'Olce, après une maîtrise d’études théâtrales à Paris III, elle a travaillé pour différents projets audiovisuels et spectacles vivants. Son parcours dans le théâtre lui a permis de pratiquer la scène pendant de nombreuses années puis d’animer des ateliers théâtre auprès d’adolescents, dans le but de créer des représentations, tant en production ou mise en scène de court métrage, en régisseuse de festival ou animatrice de cours de théâtre. Chargée de production pour l’émission culturelle « Le Grand Tour » de Patrick de Carolis et Jean Luc Orabona, elle a participé à de nombreux tournages en France et à l’étranger en se passionnant pour l’Histoire et les cultures, tout en réalisant quelques courts métrages dans le cadre de festivals avant de poursuivre sa démarche dans un contexte plus professionnel.

Les contributions vont de 30, 50, 100 € jusqu’à 500 € et plus, destinés à la location des lieux de décors (dans un style XVIIIème), du mobilier d'époque et des costumes, du cheval et du cadreur équestre, ainsi qu’à l’apport d’un technicien effets spéciaux pour effacer les éléments contemporains pendant le tournage donneront droit à des premières du film à Paris ou en Corse avec réceptions et visites de musées et d’endroits emblématiques sur place.

Pour participer avec vos contributions :

https://www.kisskissbankbank.com/au-commencement--2

Alexandre de La Cerda

 

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