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Patrimoine
Sur l’Adour, les amis de la chapelle de l’île de Bérens et le souvenir d’Hervé d’Olce
Sur l’Adour, les amis de la chapelle de l’île de Bérens et le souvenir d’Hervé d’Olce
© ALC

| Alexandre de La Cerda 972 mots

Sur l’Adour, les amis de la chapelle de l’île de Bérens et le souvenir d’Hervé d’Olce

Depuis cette belle réunion l'année dernière sur l'île de Berens (au milieu de l'Adour, entre Urt et Urcuit, accès par bateau depuis la rive landaise) au profit de la restauration de la chapelle, son « orchestrateur » Hervé d'Olce a disparu, victime d'un accident (notre « Lettre » du 21 juin dernier). Le samedi 28 septembre à 11 heures, une messe y sera célébrée à son intention, suivie d’un déjeuner-buffet au cours duquel sera fait un point technique et financier concernant l'avancement des travaux, dans une ambiance conviviale et festive. Information et inscription avant le 18 septembre à l'adresse mail : iledeberens@orange.fr

L’occasion de redécouvrir cette île de Bérens avec la demeure des Marignan dont la vieille cuisine exhale encore les saveurs d’autrefois et la vénérable chapelle néo-gothique fleure délicieusement un romantisme au parfum des chevauchées de Don Carlos…
Car cette île logée parmi « les ondes fugitives de lAdour », entre Urt et Saint-Barthélemy de Gosse, est très liée à l’histoire de notre région, témoin qu’elle fut, sans doute, des fêtes somptueuses données lors du séjour de Charles IX et de sa mère Catherine de Médicis en 1565 (même si le banquet avait été donné sur l’île de Lahonce ou de Roll, plus près de Bayonne), et certainement en 1808, du déjeuner de Napoléon assorti d’une corbeille de cerises de Guiche particulièrement appréciées par l'Empereur ! Mais il y a surtout des épisodes importants de notre histoire basque, lorsque ses propriétaires, les barons de Seissan de Marignan, avaient considérablement aidé, à la tête du comité carliste de Bayonne, le prétendant au trône des Espagnes don Carlos VII en lui fournissant des canons et en l’hébergeant sur leur île après la défaite des Carlistes à Oroquieta en 1872 : « il ny eut jamais autant de pêcheurs en barque autour de l’île », racontait le petit-fils du propriétaire, « les policiers français s’étaient ainsi déguisés »… Et, dans « Le livre de raison dune carliste dacquoise », on lit dans la lettre de condoléances (16 mars 1888) adressée par don Carlos à la baronne de Marignan qui venait de perdre son mari : « Je garde précieusement le souvenir de mon séjour dans l’île de Bérens ; cest là que, après le malheureux essai dOroquieta, je puisais de nouvelles forces pour recommencer la lutte et arriver, après une série de victoires, suivies daffreux revers, à ce succès moral qui est le garant du triomphe de mes droits et de laccomplissement de mon devoir quand lheure marquée par la Providence sera venue ».
La chapelle de lImmaculée Conception
La maison de maître de Bérens avait été reconstruite vers 1825 sur l’île qui lui donne son nom. Ses nombreuses dépendances agricoles témoignent du dynamisme économique de la propriété au début du XIXe siècle.
Protégée des eaux du fleuve par un pourtour de pierre, l’île de Bérens est drainée par un système de canaux d’assainissement. Les bâtiments de la maison de maître, en moellons de calcaire enduits, sont surélevés sur des pilotis. Le corps principal à un étage renferme un escalier intérieur en bois en forme d’équerre.
Outre une grange, un fenil, une étable et une écurie, les dépendances abritent une bergerie, une porcherie, un séchoir à maïs, une orangerie, une faisanderie, un vivier, une forge et un four à pain.
Le pigeonnier construit en pan de bois avec remplissage de briques repose sur quatre piles. Son toit en pavillon est recouvert de tuile en écaille. La propriété possède également une chapelle privée et un verger.
Dépendant de la maison de maître de Bérens et érigée vers 1863 dans la cour, à l’emplacement d’un bâtiment construit en 1699, la chapelle de l’Immaculée Conception est l’œuvre de l’architecte Charles Besoin. Bâtie en moyen appareil de calcaire et recouverte d’un toit à longs pans en ardoise avec pignons découverts, la chapelle possède une croupe de forme polygonale. Sa nef à un vaisseau est surmontée de voûtes d’ogives.
Un ensemble de sept verrières, datées pour deux d’entre elles de 1864 et réalisées par le peintre-verrier bordelais Joseph Villiet, habille ses ouvertures. Elles avaient réalisées vers 1864 à la demande d’Hubert de Seissan de Marignan et de son épouse Anita de Blanche de la Perrière.
L’ensemble se compose de sept verrières en lancette en arc brisé. La rose polylobée représentant la Nativité est copiée sur une verrière du XIIIe siècle de la cathédrale du Mans. L’iconographie des six autres verrières s’inspire des prénoms des membres de la famille des commanditaires. Certaines portent également leurs armoiries. C’est ainsi que sont représentés, dans le chœur, saint Robert, saint Hubert de Liège et sainte Geneviève de Paris, l’Annonciation et l’Éducation à la Vierge. Les quatre verrières de la nef portent des motifs géométriques et végétaux.
Hubert et Anita de Seissan de Marignan installent également dans leur chapelle un maître-autel dont ils confient la réalisation à Léon Géruzet, marbrier à Bagnères-de-Bigorre.
Entièrement en marbre veiné gris, il se compose d’une table d’autel portée par deux colonnes et de deux gradins, dont l’un est orné de rinceaux gravés et dorés. Une croix dans un quadrilobe orne la face de l’autel. Le tabernacle est encastré dans le deuxième gradin à redents. Il comporte une partie supérieure très architecturée avec un toit à deux pentes, un mur-pignon à crochets et des pinacles. Sa porte possède un décor en relief représentant un agneau mystique debout.
Les bonnes volontés qui souhaitent les aider à entretenir la chapelle de Berens peuvent faire un don à l'adresse suivante : Les amis de la chapelle de Berens - BP 16 - 64240 Urt

 

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