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Livre
Stéphane Barsacq primé aux « Trois Couronnes »
Stéphane Barsacq primé aux « Trois Couronnes »
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| « Mystica » de Stéphane Barsacq 845 mots

Stéphane Barsacq primé aux « Trois Couronnes »

Ex-aequo avec le livre d’entretiens de Guillaume d’Alançon, le Prix des Trois Couronnes avait voulu récompenser un autre essai, davantage d’essence philosophique, celui-là, bien que la spiritualité y soit bien présente : il s’agit de l’ouvrage dénommé « Mystica » de Stéphane Barsacq, publié aux éditions de Corlevour.

La famillle de l’auteur est d’origine landaise, ce qui a permis au jury, avec l’essai historique de Michel d’Arcangues consacré aux trinquets, le roman sur Ilbarritz de Jean-Pierre Alaux et la biographie de Joseph Peyré, de « boucler » le cercle géographique d’origine du Prix des Trois Couronnes : Pays Basque – Béarn – Landes.

« Mystica » est un ensemble de pensées, d'aphorismes et de réflexions diverses, assemblées selon un plan maîtrisé, évoluant de cercle en cercle, pour essayer d'approcher au plus près certains états d'âme.
Dans un style poétique et fragmentaire, Stéphane Barsacq cherche Dieu à travers la littérature. Elle seule, d'après lui, peut répondre à l'angoisse du néant : c'est le pari que propose Mystica.
« La philosophie interroge ; la poésie répond », assure l’auteur dont les interrogations sont sans appel en regard du monde dans lequel nous vivons et qui se trouve, selon lui « au seuil de l’Apocalypse (…) le monde veut le tribalisme, le communautarisme, la guerre – aucun pardon, et soi à l’exclusion de l’autre, et le néant - tout  ce qui interdit la transcendance, qu’elle soit sacrée, artistique ou philosophique. Tous ces points sont autant de guerres menées contre le christianisme, pour retourner à un temps anté-christique ou post-christique
« La philosophie interroge ; la poésie répond », assure l’auteur, avec cette remarque si juste concernant l’art : « Nous sommes passés d’une conception de l’art au service du sacré à la sacralisation de l’art, donc de l’art de l’art, ce qui aboutit à la fin de l’art, puis, tout aussi fatalement, à une désacralisation du divin ».
Un livre très « intense » avec beaucoup de pensées remarquablement adaptées au temps présent et « mûries » au fil de l'érudition de l'auteur, dans une belle langue qui, hélas, se raréfie de nos jours !
Stéphane Barsacq est issu d’une famille d’artistes d’origine landaise liés à la Russie : son arrière grand-père, ingénieur agronome d'une lignée terrienne landaise était parti en Crimée, au bord de la Mer Noire, afin d’y introduire de nouvelles techniques de traitement des vignobles, sans doute auprès du pionnier de la viticulture russe, le prince Lev Galitzine, et son grand-père, André Barsacq, après l’École des arts décoratifs de Paris, section architecture, se passionna pour le théâtre, la section russe du Théâtre de l'Exposition Internationale de 925 ainsi que pour les dernières saisons chorégraphiques et lyriques de la Compagnie de Serge Diaghilev ; grâce à ses alliances familiales, il fréquenta l'entourage du peintre Léon Bakst.
Quant à Stéphane Barsacq, après une enfance passée à Moscou où sa mère était diplomate en poste à l'Ambassade de France, il fit ses études à Paris au lycée Condorcet, puis à l'Université de Paris IV.  De 1996 à 2004, il œuvra au sein du groupe Figaro (« Figaro », « Madame Figaro », « Figaro Étudiant  puis, à dater de 1999, comme grand reporter pour « Le Figaro Magazine »). En 2001, il devint directeur de collection pour les Éditions Tallandier, puis en 2002, directeur littéraire pour les Éditions Robert Laffont où il participera également au comité éditorial de la collection « Bouquins » avant de rejoindre en 2009 les éditions Albin Michel. Entre temps, il a lui-même publié de nombreux ouvrages, en particulier des biographies consacrées à Brahms, Rimbaud, Cioran, Simone Weil et, en 2016, son premier roman « Le piano dans l'éducation des jeunes filles », lauréat du Prix Roland-de-Jouvenel décerné par l'Académie française.
Jeune père d’une petite fille née il y a quelques mois, Stéphane Barsacq n’avait pu malheureusement - pour des raisons familiales - assister au palmarès des Trois Couronnes au château d’Arcangues. Son prix lui sera transmis prochainement.

Rappelons que le Prix littéraire des Trois Couronnes avait été créé au Pays Basque français en 1958 par les préfets et hommes de lettres Pierre Daguerre (1891-1971) et Gabriel Delaunay (1907-1998). En 1958, le premier comité avait pour présidents d'honneur Léon Bérard et Pierre Benoît, tous deux membres de l'Académie française. Joseph Peyré étant président, faisaient partie du comité : Pierre d'Arcangues, François-Régis Bastide, Gabriel Delaunay, Madame Francis Jammes, Jacques Lemoîne (qui avait fondé le quotidien Sud Ouest en 1944) et Willy de Spens d'Estignols, qui seront rejoints par Maurice et Jean Rostand ainsi que le Professeur Jean Delay (maire de Bayonne et père de l'académicienne Florence Delay). La soirée au château d’Arcangues s’était prolongée d’un récital – ponctué par de chaleureux applaudissements -de la soprano Sophie Galitzine accompagnée au piano par Etienne Rousseau-Plotto suivi d’un verre amical (de château Miller La Cerda) accompagnant un exquis buffet de Pierre Oteiza. L’année prochaine, le Prix des Trois Couronnes rendra hommage, à l’occasion du 20ème anniversaire de sa disparition, au poète Pierre Espil, dernier « pilier » de l’institution, qui avait transmis le flambeau à Alexandre de La Cerda.
« Mystica » de Stéphane Barsacq, 160 pp. 15 €, éditions de Corlevour.

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