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Tradition
Sainte Cécile, patronne des musiciens et des brodeuses
Sainte Cécile, patronne des musiciens et des brodeuses
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| François-Xavier Esponde 1104 mots

Sainte Cécile, patronne des musiciens et des brodeuses

Le 22 novembre, on fête sainte Cécile dont il semble utile de rappeler la vie : issue des Cécilli, influente famille patricienne de par ses origines, originaire de Sicile, île de l’Empire romain.

Patronne des musiciens et des brodeuses selon la tradition des confréries médiévales, toujours portée en grâce et en beauté par les artistes et musiciens en fonction de la création esthétique suivant les canons de chaque époque. Cécile a défrayé la curiosité de tous les siècles passés.

Sa vie est une légende racontée par Jacques de Voragine dans ses vies de saints qui se lisaient jadis comme un conte de fée dans les familles nobles d’Europe, avec une attention exquise et entretenue.

Promise en mariage à Valérien elle fut mariée selon les règles du droit romain. Or, la femme, épouse ou concubine n’ayant que peu de droits reconnus à l’époque, elle n’avait d’autre liberté que d’obéir à ces accords entre les familles que l’on considérait comme une pratique normale et conforme aux usages.

Le prosateur expose les raisons de Cécile qui avait entendu dans un songe une voix musicale la pressant de rester pure après cette union avec Valérien, tendre mari et attentionné envers sa bien-aimée.

Cécile décidera son époux à préserver sa virginité après le mariage, sur un serment qui liera les mariés pour observer une distance que d’aucuns appelleront « l’observance de la virginité ». Car Cécile était consacrée dans son cœur à un amour invisible, indicible, secret, et qui pour Valérien était bien mystérieux. C’est dans ces conditions que les époux se promettent fidélité. Ce récit, situé entre 170-80, sous le règne de l’empereur Marc Aurèle, constitue un chef-d’œuvre littéraire.

Au demeurant, on représente Cécile couronnée de laurier, un lys à la main, ou une épée de combat spirituel, et armée d’un instrument de musique, la lyre bien souvent.

La dévotion populaire lui attribue de nombreux miracles, elle est citée dans le canon de la prière dès 496 comme martyre de la foi des chrétiens.

Au moyen-âge, on trouve ses reliques en maints endroits : Albi placera sa cathédrale sous le patronage de la sainte, la seule cathédrale de ce nom. Et la présence des reliques en ce lieu fait l’objet d’un culte imprescriptible !

Si son corps - après sa décapitation - fut transféré au cimetière Saint-Calixte de Rome, on se pressa d’y bâtir la basilique du même nom, en 821, et la curiosité qu’inspirait cette vie inédite attira la curiosité des fouilles archéologiques dès 1599 pour rechercher le corps de Cécile en cette sépulture, et vouer à la sainte le culte qu’on ne cessait de lui accorder dès ses origines.

Les artistes, peintres, sculpteurs, musiciens, instrumentalistes, auteurs, écrivains raconteront sans cesse la vie de la sainte. Chaque époque la reconnaît et l’admire à sa façon. Elle aura une influence certaine sur Valérien et son autre frère qui embrasseront eux aussi la foi des chrétiens.

Mais le cœur de ce drame - digne des meilleurs feuillets du tragique selon Racine - est dans cet amour contrarié par les autorités romaines qui ne comprennent guère les raisons de la jeune femme pour renoncer à adorer le culte en usage dans l’Empire, celui de Jupiter, des empereurs, et des divinités prolifiques du panthéon.

Lors de son procès par le préfet Almachius, elle résiste à tous ses arguments les plus dissuasifs et lui tient tête. Pour un homme de loi de l’époque, l’attitude de cette femme paraît incroyable. Le pater familias ayant droit de vie et de mort sur ses épouses, les enfants et les filles en particulier, le pathétique de la rencontre atteint son paroxysme dans les réponses de l’accusée qui confond son accusateur de ses réparties sans appel. « Vous n’êtes que de pauvres hommes et non des princes, pourquoi perdre le temps dans vos discours oiseux », lui dira-t-elle…

- « Offrez vos libations à nos dieux sinon vous en subiriez nos sanctions ! », répond le procureur. « Condamnée comme parjure, infidèle, vous connaitrez la sanction que mérite votre refus ».

Condamnée à la garde de Maxime, la suite de la composition littéraire est sublime. « Ô noble et brillante fleur de la jeunesse romaine, Ô vous, frères unis par un amour si tendre, comment courez-vous à la mort comme à un festin » ?

« D’où te vient ta présomption », demande le préfet à Cécile, « de tant de conscience pure, et d’une telle conviction sincère ? Tu parles avec orgueil et répond avec fermeté, ignores- tu mon pouvoir ? Ta puissance est remplie comme une outre de vent qu’une aiguille peut vider, laisse ton audace et sacrifie aux dieux » !

Mais l’attitude de Cécile ne concède rien à la menace. Elle est condamnée à la capitation. Par deux fois, le garde porte l’épée sur la jeune fille, la troisième fois est interdite par le droit romain.

La malheureuse tombe, elle est prise par son mari, portée jusqu’au lieu de sépulture, selon la conformité de la loi romaine. Le golgotha se répète ainsi pour la jeune femme.

Les Romains habités de superstitions à l’heure de ces mains portées sur leurs suppliciés ne veulent contrarier leurs dieux, car la punition de punition de leur part peut leur être défavorable.

L’histoire est ainsi accomplie. Cécile rejoint ce monde de l’invisible dans cet univers qui faut-il le redire, ne pouvait comprendre le culte à l’Eternel, ce dieu caché de la part des premiers chrétiens, loin des pratiques idolâtres de l’Empire qui fondait ses bases sur la scrupuleuse obéissance aux dieux et aux maîtres de l’Empire.

 

François-Xavier Esponde

 

Quelques concerts en l’honneur de sainte Cécile :

- Concert de la Sainte-Cécile en l’église d’Hendaye le 25 novembre à 19h.

- Le dimanche 26 novembre à 17h, à Bayonne, Maison des associations (Chemin de Glain) : l'Harmonie Bayonnaise organise son concert de la Sainte-Cécile et cette année, elle invite l'Euskal Brass-Band : créé en décembre 2012 par Pello Etcheverry et Guillermo Ruiz, Euskal Brass Band est un groupe de trente musiciens nés, habitant, étudiant ou travaillant au Pays Basque. Dans ce groupe se côtoient des musiciens professionnels (professeurs de conservatoire, professeurs de musique dans les lycées et collèges), des étudiants en musique et des amateurs, de 13 à 65 ans. Ce groupe est un Brass Band, calqué sur le modèle britannique, dont une des plus belles illustrations est le film "Les Virtuoses" de Marc Herman.

- Peyrehorade, concert événement de Sainte-Cécile sous une formule inédite et novatrice : baptisé "À l'unisson", il s'agira d'un véritable spectacle musical proposé par notre ensemble orchestral sous la baguette et ce, pour la première fois, de Julien Labarthe, tout en son et lumières dans la Belle Salle de La Lutz (réservez au tél. 06 19 55 86 31, places limitées).

 

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