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Exposition
Ramiro Arrue, un artiste qui jongle entre avant-garde et tradition !
Ramiro Arrue, un artiste qui jongle entre avant-garde et tradition !
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| atolstoi 862 mots

Ramiro Arrue, un artiste qui jongle entre avant-garde et tradition !

Peintre, illustrateur et acteur, Ramiro Arrue (1892-1971) ne cesse d’étonner par les multiples facettes de sa personnalité. A  l’occasion de deux expositions consécutives, le conservateur en chef du Musée Basque Olivier Ribeton fera rayonner l’œuvre de ce maître de la peinture basque.

En avant-première, lundi 3 juillet, le conservateur Olivier Ribeton présentera au musée Basque de Bayonne une vingtaine de dessins originaux réalisés en 1938 par Ramiro Arrue pour le ballet basque« Shorlekua ». Et, samedi 8 juillet, Olivier Ribeton poursuivra au Bellevue à Biarritz une grande rétrospective « Ramiro Arrue : entre avant-garde et tradition (1892-1971) », exposition organisée par la Ville de Biarritz et dont il sera le commissaire.

Présentées aux deux manifestations, les œuvres (huiles, gouaches, dessins, émaux, croquis provenant des dons de la famille Bonnal ou des achats pour le fonds d’atelier Arrue en 1990 ainsi qu’un prêt (et des dons) de Marie-Thérèse d’Arcangues) mais aussi de la Fondation Telesforo de Monzon de Bergara , de la villa "Les Camélias" au Cap d'Ail consacrée en grande partie à Ramiro Arrue et autres, feront ainsi revivre cette riche période. Soit un pan de l’histoire de l’art du Pays Basque au travers de Ramiro Arrue que l’éminent spécialiste Olivier Ribeton  a  retracé dans une étude approfondie publiée en 1991.

Une époque où le marquis Pierre d’Arcangues - maire de son village (1929-1969) - a joué un rôle de pivot culturel au Pays Basque. Egalement poète-écrivain, ce dernier avait composé le ballet basque « Shorlekua »  (1938) qui signifie en basque « Terre où je suis né » et dont le personnage principal, un vieux sandalier prénommé Piarrech, rêve à sa jeunesse enfuie, à ses noces avec la belle Maïté et aux Lamiñak (lutins de la mythologie basque vivant dans des grottes) qui s’opposaient à leur idylle. Le ballet fut lui-même tiré du livret « Sorguiña » (la sorcière) écrit également par Pierre d’Arcangues.

Pour les costumes et les décors de « Shorlekua », il fallait donc choisir un artiste déjà expérimenté qui savait traduire l’âme basque. Le marquis fit appel à Ramiro Arrue qui avait dessiné les décors et costumes de l’Opéra « Perkain » en 1933 au Palais Garnier à Paris.

Pour  la musique, Pierre d’Arcangues sélectionna le compositeur, organiste de l’église Saint-André et directeur de l’école de musique de Bayonne Ermend Bonnal, un musicien au rayonnement incontournable et qu’il admirait beaucoup.

A Paris, le thème de « Shorlekua » séduisit Serge Lifar qui accepta de réaliser la chorégraphie du ballet. Bien que refusé au début, le ballet retravaillé fut finalisé en 1938 et accueilli avec succès par le directeur musical de l’Opéra de Paris, Philippe Gaubert, favorable à son exécution. Mais ce dernier mourut en juillet 1941. Puis arriva la guerre qui empêcha la représentation de « Shorlekua » qui ne sera jamais joué, les esquisses de Ramiro Arrue restant au placard !

Parallèlement à son travail sur « Shorlekua », Ramrio Arrue dessina les costumes et le décor de la mascarade souletine « Eresoinka »  préparée à Sare par les réfugiés basques de la guerre civile d’Espagne en 1937. Côtoyant  les avant-gardes lors de sa formation parisienne dans les années 1910 – 1920, Ramiro Arrue était en osmose avec son temps. L’ancien bilbaino étudia à l’atelier de la Grande Chaumière à Paris, fut influencé par le cubisme et revint au pays pour  s’établir à Ciboure en intégrant le « groupe des neuf» (*) .

Attiré depuis sa jeunesse par le cinéma, il avait été engagé dans les années vingt pour interpréter le rôle principal dans le film « Veronica ». Sa carrière d’acteur de Ramiro s’acheva en 1937 avec le film « Le Mariage de Ramuntcho » où il avait figuré. Un film célèbre en son temps qui fut tourné en partie dans la propriété « Goyetchea » de ses amis Caron à Urrugne. 

Puis l’artiste-peintre s’installa à Saint-Jean-de-Luz où il travailla dans l’atelier du maître Zuloaga. Peintre du port et des pêcheurs, des pilotaris, des danseurs, les couleurs de sa palette chatoyante irradie ses sujets. En 1929, il épousa Suzanne Blanché. Un tableau la montre coiffée d’une coupe au carré. Gracieuse et féminine, son épouse illumine la toile par son allure « balenciaga ».

Aujourd’hui Ramiro Arrue est devenu un symbole incontournable de l’imagerie basque. Alors pourquoi ne pas faire revivre le ballet « Shorlekua » avec ses décors et ses costumes? Une création qui pourrait être réadaptée par une troupe basque… ou par le ballet Malandain ?

- Jusqu'au 10 septembre, exposition de dessins « Shorlekua, Ballet Basque de Ramiro Arrue » au Musée Basque, 37 quai des Corsaires à Bayonne - tous les jours de 10h à 18h30 - nocturne jusqu'à 20h30 le jeudi - salle Xokoa (entrée libre).
Soirées du Jeudi : Jeudis 3, 10 et 17 août, 18h30 à 20h30

l’entrée du musée est gratuite pour tous. Visite de l’exposition par Olivier Ribeton, conservateur en chef du musée.
Sur inscription, places limitées : 05 59 59 08

 

- Jusqu'au 17 septembre, exposition « Ramiro Arrue : Entre avant-garde et Tradition (1892-1971) » au Bellevue – Place Bellevue à Biarritz - Ouvert tous les jours  de 11h à 20h- Fermé le mard. 

Anne de La Cerda

(*) Le « groupe des neuf » : créé vers 1923, ce mouvement rassemblait Gustave Colin, Ramiro Arrue, René Choquet, Charles Colin, Jean-Gabriel Domergue, Henri Godbarge, Pierre  Labrouche, Georges Masson, Périco Ribera, Raymond Virac.

Fandango
Fandango © DR
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Décor pour le ballet "Sholekua" par  Ramiro Arrue
Décor pour le ballet "Sholekua" par Ramiro Arrue © DR
Décor pour le ballet "Sholekua" par  Ramiro Arrue

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