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Nouvelle acquisition au musée Bonnat-Helleu : La "Nativité" de Domenico Corvi
Nouvelle acquisition au musée Bonnat-Helleu : La "Nativité" de Domenico Corvi
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| Anne de Miller-La Cerda 899 mots

Nouvelle acquisition au musée Bonnat-Helleu : La "Nativité" de Domenico Corvi

Le conservateur du musée Bonnat-Helleu, Benjamin Couilleaux, vient d’acquérir sur le marché de l’art son premier tableau . La «Nativité» du peintre italien du XVIIIème Domenico Corvi (Viterbe 1721-Rome 1803) dont le format se présente (32,5cm x 40,5cm), probablement réalisée durant la jeunesse de l'artiste. Cette acquisition inédite au prix de 12 500 € auprès de la galerie Jacques Leegenhoek » votée en Conseil Municipal du 14 février dernier (délibération n°18 sur le rapport de l'adjointe au patrimoine Madame Castel) vient compléter le fonds du musée consacré à l'art italien du XVIIIe siècle, en partie pourvu par la collection de Jacques Petithory, qui appréciait particulièrement cette époque. Sans oublier le séjour de Bonnat à Rome, financé à l’époque par la ville de Bayonne, et dont le maître témoigna une grande reconnaissance en lui offrant plus tard ses collections...

Le tableau reflète l'influence des grands maîtres de la Renaissance comme Raphaël ou Corrège, sur le peintre, mais adoucie de la sensibilité du Settecento. Corvi a été formé à Rome où il mène une carrière importante auprès de prestigieuses familles romaines (Borghèse, Doria, etc.) dans un style de baroque tardif. Il s'agit de la première œuvre de Corvi à entrer dans une collection publique française. Cette Nativité sera présentée dans le parcours permanent du futur musée.

Arrivé à Rome au cours de la décennie 1730, Domenico Corvi s’y forme auprès de Francesco Mancini. Reçu en 1756 à l’Académie de Saint-Luc, il mène dans le milieu romain une carrière remarquable : grands décors dans les palais des familles Barberini, Borghèse et Doria, compositions allégoriques, portraits, ainsi que des retables pour de nombreuses églises à Rome et dans le nord de l’Italie. Son style est tout à fait représentatif du baroque tardif qui s’oriente clairement au milieu du XVIIIe siècle vers un certain classicisme des formes, développé à la génération suivante par des artistes tels Giuseppe Cades ou Vincenzo Camuccini tous deux passés par l’atelier de Corvi.

« La Nativité » reflète parfaitement cette évolution de l’art italien, qui puise dans l’art des grands maîtres de la Renaissance et du XVIIe siècle. Avec ses gestes élégants, sa lumière douce et ses couleurs raffinées, l’œuvre de Corvi rappelle l’art de Raphaël, Corrège et Annibal Carrache, dans une veine sentimentale typique de la sensibilité du Settecento. Il s’agit sans doute d’une œuvre de jeunesse, comparable à une autre Nativité acquise par l’Académie de Saint-Luc avant 1756, cette fois dans un format en hauteur.

A cet égard, le jeune conservateur du musée Bonnat-Helleu - très inspiré par l'art italien Renaissance et baroque - a eu plus de chance que son collègue du Musée Basque : il y a quelques années, en effet, Olivier Ribeton n'avait hélas pu bénéficier des crédits municipaux nécessaires pour acquérir une toile qui s'inscrivait pourtant pleinement dans l'histoire bayonnaise. Il s'agissait du portrait de Dominique de Lesseps que les commissaires-priseurs parisiens Le Roux et Morel avaient mis en vente le 19 mars 2003 sous le lot n° 25 "Ecole Française du XVIIIe siècle, un portrait de Dominique de Lesseps, fils du notaire bayonnais Pierre de Lesseps et de Catherine Fourcade, huile sur toile de 78 cm sur 63 cm, monogrammée et datée 1757, d'une valeur estimée à 2.300 €, prix semblant très raisonnable et pouvant être "poussé" jusqu'à 3.500€ dans le cadre d’une procédure de préemption par l’Etat au profit de la Ville de Bayonne. La famille de Lesseps ayant joué un grand rôle dans l’histoire de Bayonne et Dominique restant son plus célèbre représentant au XVIIIe siècle (avant la célébrité de son neveu Ferdinand au siècle suivant), il semblait souhaitable que la Ville de Bayonne se porte acquéreur de ce portrait qui aurait pu être installé au Musée Basque et de l’histoire de Bayonne, à côté des deux toiles panoramiques figurant des vues de Bayonne en 1750 provenant de la Maison, habitée par la famille de Lesseps, rue Mayou - rue d’Espagne actuelle - à Bayonne. Mais ce beau projet n’avait pu être mené à terme, faute de crédits…

Pour en revenir au musée Bonnat, le mois de mars a été placé sous le signe du dessin ! Après la soirée consacrée à la découverte de l'origine, de la production des couleurs et de l'étude des feuilles des écoles du Nord, la 28e édition du Salon du dessin qui se tient à Paris du 27 mars au 1er avril fournira l'occasion aux utilisateurs de Facebook de suivre le musée sur sa page du « réseau social » afin d'y découvrir chaque jour un dessin choisi dans les réserves du musée. D'autant plus que l'équipe du musée procède à une étude des feuilles des écoles du Nord se trouvant dans les collections du musée, l'occasion d'une recherche très complète sur les dessins et estampes des artistes ayant travaillé en Allemagne, dans les Flandres et aux Pays-Bas entre le XVe et le XIXe siècle. L'équipe de chercheurs, emmenée par David Mandrella, a souhaité que des clichés soient effectués sur les papiers utilisés par les artistes, de manière à étudier les filigranes. Il s'agit de marques réalisées par les maîtres papetiers dans la trame même du papier -et peu visibles à l'œil nu- afin d'identifier leurs produits. Ainsi, des répertoires de ces marques permettent de savoir auprès de qui se fournissaient les dessinateurs et graveurs et de confirmer éventuellement des époques de création ou des attributions.

Bien que fermé au public pour travaux, le musée Bonnat-Helleu continue  ses activités !

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