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Histoire
Matthieu un apôtre singulier
Matthieu un apôtre singulier
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| François Xavier Esponde 693 mots

Matthieu un apôtre singulier

1 – Origine de Lévi Matthieu
Le 21 septembre il est d’usage liturgique de célébrer Matthieu l’évangéliste. Son nom viendrait de l’hébreu Mattay et porterait donc deux noms Matthieu et Lévi comme rapporté dans les évangiles synoptiques et d’usage dans ce temps.

Il était publicain en rapport distant avec les plus orthodoxes des juifs de par son métier de collecteur d’impôts à la solde des Romains occupant le territoire.

Un homme différent de par ses origines et sa profession.

Il est cité parmi les douze apôtres de Jésus bien que des avis partagés jugent Matthieu auteur de l’évangile portant son nom mais n’ayant aucun doute sur l’existence de l’apôtre Matthieu lui-même.

Situé autour des années 89-90 après JC, les exégètes rappellent les emprunts nombreux de Matthieu à Marc l’évangéliste et ajoutant les paroles de Jésus “les logia”, dans son texte pour donner force et témoignage à son propos.

On reconnaitra bien Matthieu dans les évangiles et dans les Actes des Apôtres.

Le récit historique devient plus compliqué quand les auteurs postérieurs de l’église empruntent les quelques éléments biographiques le concernant et lui prêtent une destinée missionnaire hors de la Palestine des plus savoureuses.

Légendes pour les historiens, mais non sans attestation scripturaire de la part des Pères de l’Eglise qui ne s’embarrassent de la vérité des sources sinon de leur interprétation.

2 – Pères de l’Eglise

Eusèbe de Césarée au IVème siècle le désigne parlant aux Hébreux, ses frères d’origine - mais trés divisés sur son compte. Eusèbe reprend la lettre de Papias de 120 après JC. Pantène situe le terrain de sa mission dans les Indes, et toujours s’adressant en hébreu à la communauté juive disséminée hors de la terre sainte ancienne.

Le message de Matthieu y aurait été introduit par Barthélémy par la tradition et gardé comme une relique de grande valeur, sans doute un papyrus venu de Jérusalem ou retranscrit pour les besoins de la cause ...

Pour Hyppolyte de Rome on trouverait trace de Matthieu dans l’Iran d’ aujourd’hui. Quant à Isidore de Séville, Matthieu se serait rendu en Macédoine, et pour ne pas être en reste avec la légende dorée du XIIIème siècle des saints diffusée avec un culte particulier, Matthieu se serait rendu en Ethiopie.

S’étant lié d’amitié avec l’eunuque collecteur de biens du roi d’Ethiopie, il fut présenté par son conseiller au roi et à la reine comme guérisseur thaumaturge pour soulager et guérir le fils du roi malade Euphramor.

Le roi et la reine se convertirent au dieu de l’apôtre, et ceci serait à l’origine divine de la présence chrétienne si ancienne de l’évangile dans ce pays..

Bien de ces récits étant invérifiables par les historiens, Matthieu bénéficia d’une réputation prospère et riche mais connaitra le sort du martyre en 61 en Ethiopie pour avoir désobéi au roi pour une décision inappropriée... Son culte semble s’être enraciné auprès de la première communauté chrétienne qui le vénère comme saint et apôtre de Jésus.

Mais l’histoire n’étant pas close, la Bretagne vénère par ses reliques Matthieu l’apôtre et évangéliste. On connaitra la dévotion d’Anne de Bretagne représentée par la peinture..

Matthieu ou Mathias, les confusions viendraient-elles de l’origine des noms eux-mêmes ? Approximations et légendes, peu importe sans doute car en chacune de ces parties du monde de l’Orient proche et lointain Matthieu a sans doute par ses disciples imprimé la mémoire d’un passage et de quelques écrits inspirés de la vie de son maître.

Les peintres le représentent comme un auteur ailé, ayant ouvert son évangile à la Parole de l’ange, d’autres se rappelleront de son métier de collecteur de fonds et des balances pesant l’or de ses collectes,  de l’épée de son martyre qui rappelle sa mort cruelle comme bien celle de nombre des disciples de Jésus.

Le cinéma le représentera en noir et blanc par le génie de Pasolini, Rembrant le peintre associant l’ange de la parole divine à Matthieu sur sa toile célèbre du Louvre.

Légendes et vérités de l’Ecriture auront inspiré le récit, l’art, l’imaginaire des générations successives séduites par la personnalité originale de Lévi le juif devenu Matthieu le chrétien, sans renoncement à ses origines.

 

François-Xavier Esponde

 

 

 

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Jacques.Camredon.2 | 15/09/2017 20:15

Vous situez, suivant une exégèse qui n'est pas partagée par tous les auteurs, même récents, l'Évangile de St Matthieu "autour des années 89-90 après JC". Je sais que c'est devenu une mode exégétique et même un dogme intouchable, de situer les Évangiles après 70. Je n'ai jamais pu me rallier à cette école d'une exégèse tardive des quatre Évangiles. J'y vois une impossibilité insurmontable dans le fait que, postérieurs à 70, année de la destruction de Jérusalem et de son Temple, comment les Évangiles ne font-ils JAMAIS allusion à cet événement ÉNORME, qui dut bouleverser profondément les juifs et surtout détruisait leur nation et leur culte (pas de Temple, pas de sacrifice, pas de culte !). Or pas un mot n'évoque cet épisode apocalyptique, ni dans les Évangiles, ni dans les Actes, ni dans les Épîtres. Peut-être, et encore n'est-ce pas sûr, y a-t-il sous son langage symbolique l'évocation dans l'Apocalypse ? Je ne puis me résoudre à penser que la destruction de Jérusalem et du Temple qui venait accomplir, vérifier, attester et CONFIRMER la prophétie prodigieuse de Jésus (qui lui fut reprochée par le Sanhédrin, d'ailleurs appuyée sur un faux témoin) n'ait pas été exploitée, utilisée, par UN SEUL Évangéliste qui eut pu en tirer un parti apologétique irréfutable. Or SILENCE TOTAL dans les Évangiles. Pour ma part je ne m'explique cette "discrétion", ce mutisme inexplicable, que par l'évidence que les évangiles étaient déjà écrits et répandus avant 70! Il y a d'autres raisons objectives d'être convaincus de cette conclusion; un seul exemple parmi bien d'autres: On sait avec certitude que St Paul écrivit ses Épîtres avant 70 puisqu'il fut martyrisé avec St Pierre sous Néron(suicidé en 68). Or St Paul écrit dans 1 Timothée 5:18 : "Car l'Ecriture dit: Tu n'emmuselleras point le bœuf quand il foule le grain. Et l'ouvrier mérite son salaire." " L'ouvrier mérite son salaire" que St Paul attribue donc à "l'Écriture" ne figure dans l'ensemble de la Bible QUE dans St LUC, rigoureusement et scrupuleusement cité: Luc 10:7. Or on conviendra que, écrite par St Paul, la 1ère Épître à Timothée est donc antérieure à 66/67 date probable de la mort de St Paul (avant celle de Néron forcément); puisque St Paul cite l'Évangile de St Luc qui a DÉJÀ acquis le rang d'"Écriture" sainte et que l'évangile de St Luc est POSTÉRIEUR, suivant tous les Pères antiques de l'Église à celui de St Matthieu, on conviendra que l'Évangile de St Matthieu est ANTÉRIEUR à l'année 70. C'est d'ailleurs la leçon de nombreux exégètes. Et le fait est confirmé par Thiede, un exégète luthérien allemand qui découvrit dans la bibliothèque du prestigieux Magdalen Collège d'Oxford des fragments de manuscrits (Catalogue Gr 17) de l'Évangile de St Matthieu datés d'avant 70. Or la forme codex de ces fragments présupposant une écriture préalable sur des rouleaux du même Évangile, St Matthieu devrait alors remonter vers les années 40 ! ("Jésus selon Matthieu" Carsten Peter Thiede / éditions François-Xavier de Guibert 1996).

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