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Tradition
Les martyrs de Lyon fêtés le 2 juin
Les martyrs de Lyon fêtés le 2 juin
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| François-Xavier Esponde 831 mots

Les martyrs de Lyon fêtés le 2 juin

1 – Lugdunum / Lyon et le Primat des Gaules

Il est une tradition religieuse en France, en vieille terre de Gaule, de célébrer les 47 martyrs de Lyon, avec le culte légitime rendu à « ces athlètes de la foi, ces lutteurs » comme cités dans les textes anciens, passés par les armes ou jetés aux bêtes pour avoir professé la foi chrétienne.

La date de 177 après JC est celle rapportée par Eusèbe de Césarée dans son Histoire Ecclésiastique en 260, après que ces évènements aient eu lieu et selon des sources datées, difficilement vérifiables par les historiens qui hésitent entre 175 et 177 selon les différentes hypothèses.

Selon une opinion courante à l’époque, les chrétiens appartenaient à « une cellule juive dissidente » que l’on ne distinguait pas encore de « la secte chrétienne » pour d’autres raisons, mais dont la personnalité et l’existence sont avérées par les témoignages de l’époque.

Ils sont des citoyens atypiques de l’Empire, s’adonnent à des cultes secrets, partagent le Corps du Christ « comme des anthropophages » et refusent d’adjurer leur religion au bénéfice de celle de l’Empereur et de Rome. Leur croyance en une fin du monde imminente, leur exercices austères et le refus des pratiques coutumières de leurs compatriotes dans la vie sociale les rendaient différents... Ce sont encore des citoyens qui refusent le service des armes, et se distinguent par une conduite peu conforme aux cultes sacrés des Empereurs, des divinités multiples de l’Empire, et de celles de Cybèle et de Dionysios dont la tradition et les usages étaient partagés par toutes les strates de la vie.

2 – Menaces sur la ville.

Lugdunum –Lyon connaissait en ces années-là des invasions récurrentes de populations barbares venues du nord de la Gaule et avait reçu de Rome des consignes diffusées aux populations pour armer les légions de soldats et défendre la ville menacée et sous haute tension militaire...

L’attitude des chrétiens, peu disposés à la guerre, irritait les chefs des compagnies de soldats, et les rendirent suspect d’incivilité. Ce qui en droit romain conduisait aux pires punitions envers « les désobéissants ».

Lyon - capitale des Trois Gaules - était le siège d’une légion romaine influente. Elle disposait du Sanctuaire Fédéral des Trois Gaules, un sanctuaire romain important auxquels les prêtres assujettis attachaient leurs services et leurs fonctions.

Dans son Histoire Ecclésiastique, Eusèbe de Césarée relate la Lettre des Eglises de Lyon et de Vienne adressée aux Eglises de Phrygie et d’Asie où les historiens trouvent les sources les plus documentées des débuts du christianisme en Gaule.

L’origine de cette confession venue chez nous depuis l’Orient - Irénée de Lyon cité lors des procès portés contre les chrétiens à Lugdunum - rappelle la provenance orientale de ces premiers témoins de la Foi dans la Gaule.

3 – Le Sanctuaire Fédéral des Trois Gaules.

Les prêtres du Sanctuaire Fédéral des Trois Gaules avaient coutume d’engager des combats de gladiateurs pour les jeux du cirque et de l’amphithéâtre, et par défaut, d’engager des esclaves ou des prisonniers de droit commun pour ce temps de réjouissances populaires, dont le bon plaisir réclamait ces combats sanguinaires.

Viendra ainsi le temps des chrétiens, proie idoine pour cette fonction, venus d’Asie - les premiers envoyés par Polycarpe en la personne du vieil évêque « Pothin et de ses compagnons pour » selon le discours du temps « évangéliser cette population gauloise plus prompte aux cultes païens qu’à ceux des chrétiens » -.

 

Dans la liste des premiers chrétiens inquiétés par les autorités de la ville, on trouve documentés le diacre Sanctus de Vienne, Mathurin, Attale et Blandin. Plotin mourra en prison, d’autres seront égorgés ou jetés aux bêtes, Alexandre et Ponticus étant du nombre. Appartenant à toutes les origines de la société, ils constituent le visage d’une église en pleine croissance en cette terre de Gaule. Soit 22 martyrs dont onze femmes, six jetés à l’amphithéâtre, dix-huit morts de tortures en prison pour n’avoir jamais adjuré leur foi et leur baptême.

Il est intéressant de rappeler que dans le Droit romain, il n’y a pas de peine commuée en prison à vie : les accusés sont soit relâchés, ou envoyés aux travaux forcés dans les mines. L’histoire rappelle les morts dans la cité, peu ou prou les autres sans doute déportés aux travaux forcés de l’Empire. Ils étaient celtes, romains, grecs, tous baptisés et fervents adeptes de leur croyance. Elle leur sera fatale et les conduira à la mort. Certains noms grecs pouvaient avoir été donnés à des esclaves affranchis, qui les conservaient une fois leur statut légal acquis.

Les martyrs de la Foi de Lyon furent nos pères premiers du christianisme en terre de Gaule. Les Lyonnais gardent cette mémoire dans leur amphithéâtre des trois Gaules, les églises Saint-Irénée, Saint Polycarpe, Sainte Blandine, Saint Pothin, dans les stèles posées en la Basilique d’Ainay, et dans les mosaïques inspirées de cette histoire à Ainay ; sur celle de Fourvière, composée au XIXème siècle, rapporte figurent les visages des 47 martyrs, de noble mémoire pour la ville et l’Eglise des Gaules.

 

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