0
Tradition
Les Bénédictins de Belloc à Jérusalem.
Les Bénédictins de Belloc à Jérusalem.
© Marc Doucet

| Mikel Erramouspe 706 mots

Les Bénédictins de Belloc à Jérusalem.

Le monde entier avait les yeux tournés en direction du Moyen-Orient quant au comble de l’histoire et de l’incurie des hommes le terrorisme frappait la Syrie et l’Irak, provoquant de grands déplacements de population, particulièrement parmi les chrétiens, premières victimes désignées de la fureur islamiste. Quelques-uns, fatigués, blessés par les traumatismes, mais d’une foi qui donne des témoignages édifiants et vivifie la nôtre, ont trouvé refuge en France. C’est dans cet élan de générosité et d’amour que le diocèse de Bayonne a tout mis en œuvre afin d’accueillir dans les conditions les plus dignes ces minorités qui ont laissé il y a de cela un siècle, une étincelle incandescente dans le cœur des moines de l’abbaye de Belloc. Mikel Erramouspe remonte le fil de l’histoire. ALC

Nous sommes en 1899. Les Bénédictins cherchent à s’implanter à Jérusalem. On leur propose de s’implanter à Abu-Gosh. L’église de cette localité est en fait une ruine mais il se trouve qu’elle est la propriété de la France et que celle-ci cherche, en y installant une communauté religieuse française, à asseoir sa présence dans cet Orient en pleine recomposition.

Ce projet s’inscrivait totalement dans les desseins du pape Léon XIII qui cherchait à renforcer les églises catholiques d’Orient. Il avait déjà confié au cardinal Lavigerie le séminaire Sainte-Anne à Jérusalem pour former le clergé melkite. Par le motu proprio du 14 novembre 1899, il confie donc la responsabilité du séminaire syriaque aux Bénédictins.

« Considérant les avantages considérables que les fils du patriarche saint Benoît peuvent procurer aux chrétiens d’Orient, soit par l’exercice des fonctions sacrées, soit par la création d’un centre d’études (…) autorisons les supérieurs de la congrégation bénédictine de la primitive observance à prendre possession du sanctuaire Abu-Gosh et à établir une communauté pour vaquer au culte divin et promouvoir les études et ainsi procurer les plus grands avantages aux chrétiens d’Orient ».

En 1901, le patriarche Ephrem II Rahmani demanda à Léon XIII l’ouverture d’un séminaire pour le rite syriaque. L’église syriaque est cette église née avant le VIIème siècle avec une liturgie propre : le rite syriaque. Au XVIIIème siècle à Alep, deux patriarches syriaques devinrent catholiques tandis que les autres patriarches de ce rite restèrent orthodoxes. C’est un bénédictin originaire de la maison Xiloinea des Aldudes qui est chargé de sa mise en œuvre. Il a pour mission de restaurer l’ancienne église d’Abu-Gosh et de construire un monastère-séminaire sur le Mont des Oliviers.

Au service du rite syriaque.

En 1904, le séminaire ouvre avec douze séminaristes. Et le travail commence : les pères Anselme Chivas-Lassale, originaire de Baigts de Béarn, et Julien Puyade se mirent à collecter puis à mettre par écrit les chants de la liturgie syriaque, jusque-là transmis par tradition orale. Des trésors musicaux liturgiques seraient désormais conservés.

Se joindront à eux notamment, le père Téophane Ardans, de la maison Menta aux Aldudes, et le père Gabriel Lertxundi de Ciboure. Ce dernier, à son retour de Jérusalem se consacrera au renouveau liturgique en langue basque.

L’œuvre se poursuivra jusqu’en 1952 et c’est dans un grand déchirement que le père Chivas-Lassale et ses confrères rentrent à Belloc.

Le bilan de ces 50 années de labeur est éloquent : 52 prêtres « doctes et pieux » ainsi que des patriarches comme Ignace Ier - créé cardinal en 2000 par Jean Paul II -, le patriarche de l’église syriaque Abd-el-Ahad, ainsi que 10 évêques.

Le drame des chrétiens d’Orient.

Nous voici en 2018. Le drame qui accable la Syrie et l’Irak et en particulier les chrétiens d’Orient font affluer vers l’Europe bon nombre de réfugiés.

Parmi eux, des familles ont été accueillies dans notre diocèse à Bayonne, Biarritz, Guétary…

Mgr Aillet a tenu à les inviter à la journée diocésaine du 6 mai. C’est alors qu’est venue l’idée de les associer à prier avec nous, en syriaque et en araméen, lors des vêpres qui auront lieu à 16h 30 à la cathédrale de Bayonne. Ce sera l’occasion de faire revivre ces liens si riches entre nos églises.

Un grand merci au frère Marc Doucet qui nous a aidé à reconstituer cette histoire et qui nous a ouvert les archives de l’abbaye (« Des hommes travaillés par Dieu » de Marc Doucet aux éditions du Cerf/histoire).

Mikel Erramouspe

Répondre à () :

| | Connexion | Inscription